Du sommeil aux rêves : Freud et les rêves
écrit le: 10 juillet 2013 par admin
En même temps, Freud estime que les événements de la journée précédant le sommeil influent sur le contenu des rêves. L’oubli du rêve s’expliquerait par l’action de la conscience, qui exercerait une sorte de censure, refusant d’admettre ce qui lui a été arraché dans un moment de faiblesse, pendant le sommeil. Mais étant donné qu’on fait de nombreux rêves pendant une nuit, souvent fort différents, sur lequel va s’appuyer le psychanalyste pour faire son analyse ? La thèse, avancée par Freud, que les rêves seraient comme « comprimés » au réveil est contredite par les observations modernes. On peut établir de façon certaine qu’il n’y a aucun support expérimental en faveur de la théorie de Freud de la genèse du sommeil « paradoxal », dit Michel Jouvet. Freud voit aussi dans le rêve ce qu’il appelle le « gardien du sommeil ». Il écrit que le rêve « liquide le désir refoulé ou réprimé, en le posant comme réalisé. Mais il satisfait, en même temps, l’autre instance, en permettant la poursuite du sommeil. Il accorde créance aux images, comme s’il voulait dire : « Oui, tu as raison, mais laisse moi dormir… » « Le rêve est un veilleur de nuit consciencieux. »
Les psychologues et les neurologues modernes ont fait récemment de grands progrès dans la compréhension du sommeil et du rêve, qui n’étaient pas envisageables du temps de Freud. Le rêve, pour Michel Jouvet, n’est ni du sommeil, ni de l’éveil, mais un troisième état du cerveau, aussi différent du sommeil que ce dernier l’est de l’éveil. On aurait découvert un «centre du rêve », situé dans une région bien précise, au centre du cerveau. « Cela ruine la théorie freudienne du rêve, dit Pierre Cheymol. Le rêve n’est pas un produit caché – refoulé – de l’instinct, dont le sommeil serait le gardien. C’est, au contraire, le produit d’une activité spontanée du cerveau. On peut le concevoir comme une énergie aveugle et littéralement insensée – d’où sa bizarrerie – qui fore son chemin, telle une taupe, à travers l’esprit endormi. C’est l’éveil qui le lui révélera soudain. »