Vos yeux au volant, ou : « Comment voulez-vous que je l’écrase, puisque je ne le vois pas ? »
Il n’y a pas actuellement en France de contrôle de la capacité visuelle après le permis de conduire. Celle-ci est fonction de l’acuité visuelle et du champ visuel.
L’acuité visuelle est mesurée chez l’ophtalmologiste et dépend des défauts visuels ou erreurs de réfraction, comme la myopie, l’hypermétropie et l’astigmatisme. Il est impératif de porter ses lunettes au volant pour bénéficier de la meilleure vision de loin possible.
La « portion de monde » saisie par l’œil d’une personne ayant une vue normale s’appelle le champ visuel. Chez les adultes, il est de 19o°. Bien que les éléments situés à l’extérieur droit et gauche ne soient pas perçus avec une totale netteté, ils sont très importants sur la route. C’est cette vision périphérique qui permet au conducteur d’identifier à temps un mouvement sur ses côtés. Les enfants et les seniors ont un champ visuel plus limité. Outre l’âge, le glaucome peut altérer la vision périphérique – et ce, même chez des personnes jeunes. Le nerf optique est progressivement touché, de sorte qu’il se produit un rétrécissement définitif du champ visuel, lequel augmente le risque d’accident de la circulation routière.
Pour bien distinguer rapidement, il faut avoir un champ visuel de 120° à l’horizontale et de 6o° à la verticale.
Avec la vitesse, le champ visuel se rétrécit, et on perçoit moins bien les mouvements latéraux.
La vision nocturne est considérablement amoindrie, car le manque de lumière rend myope d’environ 1,5 dioptrie.
La législation française exige une acuité visuelle de 5/10 sur un œil minimum pour pouvoir conduire et un champ visuel de 120° latéraux et 60° verticaux.
Chaque conducteur doit juger lui-même si son état de santé général et oculaire lui permet ou non de prendre le volant.
Le médecin doit informer le patient de son état, mais lui seul. Il est tenu au secret médical et n’a pas le droit de « dénoncer » qui que ce soit.
Voici les « 10 commandements » de l’ophtalmo au conducteur responsable :
1. Faites effectuer un bilan de vos yeux une fois par an chez un ophtalmologiste.
2. Gardez une paire de lunettes de dépannage dans la voiture si vous portez des lunettes ou des lentilles de contact.
3. Gardez une paire de lunettes de soleil adaptée à votre vue dans la voiture, pour éviter l’éblouissement. Les verres polarisants augmentent le confort visuel, et il ne faut pas choisir des verres trop sombres.
4. Les verres jaune orangé accentuent la perception des contrastes et du relief en cas de brouillard.
5. Ne portez pas de verres teintés pour la conduite de nuit.
6. Si vous avez besoin d’une correction pour voir de loin : portez-la !
7. Au volant, la vue c’est la vie. Chacun doit bien connaître ses aptitudes visuelles et adapter sa conduite à ses capacités.
8. En cas de strabisme ou d’amblyopie, on est privé de vision binoculaire, l’une de sens du relief. On se trompe dans l’appréciation des distances. faire attention en doublant : la voiture en face est peut-être beaucoup plus proche que vous ne le pensez !
9. En cas de migraines ophtalmiques fréquentes, empruntez des routes où il soit loisible de s’arrêter facilement.
10. En cas d’œil sec, apportez vos collyres, car les yeux sèchent encore plus en voiture (avec la ventilation et la climatisation).
Environ 30 % des conducteurs ont un défaut de vision qu’ils ne font pas corriger, ou même qu’ils ignorent. Chez les motards, des tests ont révélé que les conducteurs ayant une bonne vue étaient aussi nombreux que ceux dont la vision est insuffisante, sans en être conscients pour autant !
Avec l’age, l’acuité visuelle baisse, le champ visuel se rétrécit, la sensibilité aux contrastes diminue et l’éblouissement augmente : quatre bonnes raisons d’accorder sa conduite au nombre de ses années. cela me rappelle ce patient de 87 ans qui arrive en consultation et me déclare tout de go : « Docteur, je ne peux plus ni lire ni regarder la télé, heureusement que je peux encore conduire ! » Après examen, je constate qu’il voit 1/10 ; un peu juste pour tenir un volant ! Je lui en fais la réflexion et il me répond: « Mais si, docteur, je vois. » Je lui fais alors remarquer ( intelligente à souhait) : « Vous ne voyez pas ce que vous ne voyez pas. » lit lui de conclure, après une hésitation : « Je n’ai pas d’accident. De toute façon, si je ne peux plus conduire, je me supprime ! »
Certains médicaments faussent l’appréciation des distances et la notion du danger. Lisez attentivement les posologies qui signalent un danger pour la conduite automobile.
L’alcool modifie considérablement la capacité visuelle — il rétrécit le champ visuel et la sensibilité aux contrastes, et modifie également la vision des couleurs — et il est vivement conseillé de choisir : « boire ou conduire ».