Les facteurs de risque de ces troubles du comportement
Comme pour les troubles émotionnels, nous parlons de facteurs de risque et non de causes. En effet, le développement de ces troubles est multifactoriel avec intrication de facteurs personnels, familiaux et environnementaux.
Tout enfant à l’age de 2-3 ans s’oppose ; c’est l’âge du non « moi pas dodo », « non veux pas ». L’enfant construit sa personnalité, mais l’é^cation lui apprend normalement les règles.De même jusqu’à 4 ans, les comportements d’agressivité sont globalement normaux, puis ces comportements s’atténuent au fil de l’apprentissage des comportements prosociaux. Ces comportements agressifs vont disparaître, sauf chez un sous-groupe d’enfants (3 à 11 %) qui maintient un niveau élevé d’agressivité jusqu’à l’adolescence.
Les sujets ayant un trouble des conduites à début précoce ont un niveau élevé d’agressivité pendant toute l’enfance et ils évoluent souvent vers un trouble de la personnalité antisociale à l’age adulte.
LES FACTEURS INDIVIDUELS DE TEMPERAMENT ET PERSONNALITE MIS EN CAUSE SONT :
• l’indocilité,
• le faible contrôle émotionnel,
• l’agressivité,
• l’impulsivité.
Une forte « recherche de nouveauté » caractérise aussi ces jeunes qui expérimentent de nouvelles expériences pour sortir du quotidien morne et répétitif, pour se détacher du train train de l’enfance et connaître des sensations interdites.
Le tempérament « résistant » (difficultés attentionnelles, tendances oppositionnelles, faibles capacités d’inhibition) favorise aussi le trouble des conduites lorsque le style éducatif des parents est « permissif », alors que ce lien disparaît lorsque le contrôle parental est suffisant. D’autre part, selon certaines études, les interactions mère-enfant se caractérisant par une colère mutuelle, un mauvais ajustement émotionnel (rire/colère) ou au contraire une insensibilité émotionnelle seraient prédictives du trouble des conduites chez les garçons.
Les facteurs familiaux
Ce sont les troubles du comportement chez les parents, père ou mère, un couple parental dysfonctionnel et a fortiori un climat de violence conjugale, la dépression maternelle, alcoolo dépendance et les autres toxicomanies.
Une incompatibilité trop importante entre le tempérament de l’enfant et les exigences éducatives de son environnement
(trop coercitif ou trop permissif selon les cas) peut favoriser le trouble des conduites.
Le manque de supervision est une caractéristique fréquente des parents d’enfants avec trouble des conduites. L’enfant manque l’école, mais les parents ne savent pas ou il est. Les heures de retour à la maison ne sont pas contrôlées, les amis et fréquentations ne sont pas connus. Un facteur de gravité supplémentaire est l’absence de sanctions quand il y a infraction aux règles.
Les facteurs de risque sociaux
Leur rôle est difficile à interpréter de façon isolée car les enfants des quartiers défavorisés ont globalement une plus grande prévalence de facteurs de risque et une moindre prévalence de facteurs de résilience. La pauvreté, par exemple, ne joue pas le même rôle selon les ethnies, l’environnement familial… En revanche, la fréquentation de pairs délinquants multiplie par deux le risque de persistance de troubles des conduites à l’adolescence, de même que l’échec et l’absentéisme scolaire.
La recherche de reconnaissance par les pairs
Pour être admis dans un groupe de copains, il faut en passer par certains rites, il ne faut pas « se dégonfler », ne pas perdre la face. Cette nécessité d’être reconnu par les autres, d’être admis dans le groupe conduit à accepter de faire comme eux, soit mettre sa vie en jeu, soit s’associer aux plus forts pour martyriser le plus faible. Certes, s’acharner sur un bouc émissaire, se liguer contre le plus vulnérable, obéir au plus fort ne sont pas des phénomènes nouveaux, mais l’acharnement d un groupe sur un seul élève jusqu’à ce que dernier soit incapable de se relever, sanguinolent et défiguré ne paraît pas anodin.
Le rôle des médias
De très nombreux travaux de recherche ont démontré un en significatif entre l’exposition à la violence véhiculée par es médias et les comportements d’agression des jeunes, les études récentes confirment que l’exposition à la violence télévisuelle à l’age de 8 ans est hautement prédictive de comportements agressifs à long terme. Non seulement les spectacles de violence stimulent la violence, mais ils entraînent aussi un phénomène de (Sensibilisation, avec banalisation, habituation, et installation d’une passivité et d’une apathie face à des testes violents.
Pour certains enfants, le fait de jouer à des jeux violents accroît l’excitation physiologique, augmente les attitudes agressives et diminue les comportements prosociaux. En abreuvant de stimuli violents des jeunes déjà vulnérables en raison notamment de leur environnement familial ou social, ou présentant déjà des signes précurseurs d’un trouble des conduites, les spectacles violents en libre accès et sans limite, Versés par la télévision et les jeux vidéo, majorent l’attrait pour la violence, d’autant que les comportements violents y au mieux, banalisés et déculpabilisés et, au pire, vantés et encouragés. Il est cependant important de retenir que ce les enfants qui ont déjà des problèmes de violence qui risquent d’être le plus affectés par la violence dans tés médias.
Certains jeunes sont également plus vulnérables du fait d’une certaine distorsion cognitive pour qui la notion de souffrance de l’autre est absente ; le risque de le briser ou de le tuer n’est pas perçu. Le jeune utilise l’autre comme un objet, un objet utile à son plaisir, comme dans un « jeu quelconque », et ce d’autant que dans les jeux vidéo, on peut « gagner des vies «élémentaires » ; et si on est « game over », on peut recommencer une nouvelle partie, avec une nouvelle fille ou un nouveau garçon.