Trouble anxieux post-traumatique
Arthur s’est fait agresser.
Arthur, 12 ans, est un enfant sérieux, un élève moyen, un bon camarade. Scolarisé en 5′, tous les ¡ours il se rend seul à son collège en métro. Pour s’occuper pendant les trajets, il transporte sa petite console de ¡eux qu’il prend soin de cacher dans son cartable à l’école mais qu’il sort quand il a une place assise dans le métro. Un soir, il est repéré par deux grands adolescents qui descendent à la même station, le suivent dans la rue, puis dans le hall de son immeuble. Ils le coincent contre un mur à l’abri des regards et le dépouillent de la console, et de son (maigre) argent de poche. Arthur n’a pas vu leurs visages cachés par des capuches, il a eu très peur, il n’a pas pu appeler à l’aide. Depuis, Arthur dort mal, il a peur ; dès qu’il sort, il a ¡’impression de revivre l’agression. ¡1 devient incapable de sortir, de reprendre le métro et donc de retourner à l’école.
Après une agression par des camarades, dans la rue ou sur le chemin de l’école, après un épisode de racket ou de vol avec confrontation avec l’agresseur, ou même après une humiliation par un professeur en public, l’enfant a été exposé à un événement traumatique. L’événement est considéré comme grave : le sujet a vécu, a été témoin ou a été confronté à un ou des événements durant lesquels des individus ont pu mourir ou être gravement blessés, ou ont été menacés de mort ou de grave blessure, ou bien durant lesquels son intégrité physique ou celle d’autrui a pu être menacée.
La réaction du sujet à l’événement s’est traduite par une peur intense ou un sentiment d’impuissance ou d’horreur.
L’événement traumatique est constamment revécu, c’est le syndrome de répétition ou de remémoration ou de reviviscence. Chez l’enfant, c’est l’élément central de la Symptomatologie.
Un comportement d’évitement des stimuli associés au traumatisme apparaît avec émoussement de la réactivité générale. Sa traduction se fait sous la forme d’efforts pour éviter les pensées, les sentiments ou les conversations associés au traumatisme, des efforts pour éviter les activités, les endroits ou les gens qui éveillent des souvenirs du traumatisme. Parfois, une amnesie partielle survient avec incapacité de se rappeler d’un aspect important du traumatisme.
On observe une réduction nette de l’intérêt pour les activités habituelles ou une réduction de la participation à ces mêmes activités, voire leur arrêt total.
L’enfant éprouve un sentiment de détachement par rapport à autrui, ou bien il a la sensation de devenir étranger par rapport aux autres ; il a du mal à éprouver des sentiments, il peut même avoir la sensation d’être sans avenir.
Que le tableau symptomatique soit complet ou partiel, il explique la grande difficulté et souvent l’impossibilité de retourner en classe, de peur que l’agression se reproduise.
L’état de stress post-traumatique survient habituellement immédiatement ou peu de temps après le traumatisme. Pourtant, il peut arriver qu’il survienne de façon différée après une période de latence de quelques mois, durant laquelle la Symptomatologie est moins spécifique : irritabilité, retrait social, difficultés de sommeil.
Si l’enfant n’a pas osé parler de l’agression et du stress subis, il peut s’écouler un temps prolongé avant que le diagnostic soit fait. Le diagnostic serait porté plus souvent chez les filles que chez les garçons, et la durée du trouble serait plus longue. L’âge de survenue ne semble pas influencer la durée. Dans la moitié des cas, l’état de stress post-traumatique disparaît complètement dans les trois mois, spontanément après une diminution progressive de l’intensité.