Peut-on se fier à sa mémoire
Pas vraiment! La mémoire est très puissante mais elle ne fonctionne pas comme un magnétophone ou un magnétoscope en enregistrant fidèlement la réalité. Elle interprète la réalité. Un bon exemple nous en est fourni par le témoignage oculaire. Dans une expérience, on a présenté une série de diapositives reconstituant un accident de la circulation. Une voiture verte fait tomber un cycliste en doublant un camion. Si l’expérimentateur pose des questions incluant des fausses informations comme « pourquoi la voiture bleue a-t-elle renversé le cycliste ? », non seulement la mémoire enregistre cette nouvelle information, mais encore la mémoire verbale déforme l’image et lorsqu’on demande la couleur de la voiture, le spectateur va dire « bleue », c’est-à-dire la couleur introduite verbalement dans la question et non la couleur verte réellement vue. Donc, notre mémoire est largement interprétative, grâce à la mémoire sémantique, et, inversement, elle n’est pas très fidèle. Une ancienne expérience avait encore montré que d’un texte présentant des arguments pro ou anticommunistes, des étudiants sélectionnés par des questionnaires selon leur attitude pro ou anticommuniste, se rappelaient surtout des arguments favorables à leur opinion de départ. De même dans l’étude des souvenirs anciens, le mari et la femme n’ont pas le même souvenir d’épisodes vécus en couple. D’une manière générale, il faut se rappeler que la mémoire n’est pas unique et qu’elle repose sur plusieurs modules. Les modules sensoriels, visuel ou auditif, sont éphémères, la mémoire lexicale est intermédiaire, et ainsi nous sommes incapables de nous rappeler des dialogues réels d’un film ; la mémoire imagée est virtuelle et nous reconstituons des belles images mais un peu fausses alors qu’en revanche la mémoire sémantique est très puissante et se conserve sur des mois voire des années.
Vidéo : Peut-on se fier à sa mémoire
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