Diffèrents troubles anxieux peuvent étre en cause : Anxiété de séparation
Lucien, anxiété normale.
Lucien se rend à l’école maternelle. Sa maman est là, les larmes aux bord des yeux car c’est la première rentrée scolaire de son petit Lulu. Lucien tient la main de sa maman, il a du mal à la lâcher quand la maîtresse appelle les
nouveaux élèves.
La grande majorité des enfants pleurnichent, ils n’ont pas envie de s’éloigner de leurs parents, et ils ont « le cœur gros » quand la maîtresse dit aux parents de quitter l’école. Lulu pleure un peu, il fait comme les autres. Le lendemain et parfois encore pendant quelques jours, Lucien dit qu’il veut rester à la maison, mais sa maman sait que dès qu’il est avec la maîtresse et les camarades de classe, il participe normalement à la vie scolaire et ne montre pas de signe
d’anxiété.
Lucien présente des signes « normaux » lors cette première
séparation d’avec sa maman.
L’angoisse de séparation est normale dans le dèveloppement de l’enfant. Le bébé manifeste une réaction de détresse si on !’éloigné de sa mère (ou de celle qui en tient lieu) à partir de l’âge de 6 mois. Cette angoisse est particulièrement manifeste entre 8 et 11 mois (angoisse du 8e mois), et elle est observable entre 12 et 24 mois. Cette angoisse de séparation développementale est une donnée universelle, retrouvée dans toutes les cultures, et même dans certaines espèces animales comme les mammifères. Elle témoigne chez l’enfant d’un besoin : l’attachement. En progressant en âge, l’enfant va tolérer des séparations de plus en plus longues, et ses réactions à la séparation seront de plus en plus discrètes. Cette évolution vers l’autonomie se poursuit jusqu’à la fin de l’adolescence.
C’est grâce aux expériences vêtes, aux interactions entre l’enfant, sa mère et l’environnement que cette maturation se fait.Mais il n’est pas étonnant que des symptômes poctuels d anxiété de séparation puissent être présents durant l’enfance et l’adolescence : l’enfant a peur qu’un parent tombe malade, soit victime d’accident ou même qu’il meure.
Violette, trouble anxiété de séparation.
Violette a 8 ans et demi. Vivant dans un petit village, elle n’a été scolarisée qu’à 5 ans et demi dans une classe à plusieurs niveaux où elle s’intègre parfaitement bien.
Mais pour aborder le Cours Elémentaire 2e année, elle doit changer d’enseignante ; elle est anxieuse, mais elle ne proteste pas et se présente le jour de la rentrée devant cette nouvelle institutrice à la forte réputation de sévérité. Elle ?« à l’école les trois premiers jours, mais le quatrième, elle a des nausées, des vomissements et le médecin prescrit un repos de deux semaines. Au bout des deux semaines, toutes les tentatives de rescolarisation restent vaines, même en changeant d’école, et donc même sans la présence de l’institutrice redoutable.
La caractéristique essentielle du trouble anxiété de séparation est une anxiété excessive et inappropriée à l’âge concernant séparation d’avec la maison ou tés personnes auxquelles l’enfant est principalement attaché. La principale T8?ure d’attachement est généralement la mère, mais il peut ? agir d? père lorsque celui-ci occupe une fonction maternante dans le couple.
Le mode d’installation est variable, souvent brutal .
• Trois séries de symptômes le caractérisent :
– Au moment de la séparation, expression d’une détresse; Chez ?e jeune enfant, les symptômes se manifestent quand la séparation est effective.
Chez l’enfant plus grand, les symptômes apparaissent lorsque la séparation est imminente, et même souvent en anticipation de la situation. Ainsi, l’enfant en vacances avec parents appréhende la séparation, et plusieurs jours avant rentrée l’anxiété l’étreint, il souffre de troubles du sommeil .
L’enfant pleure, demande au parent de ne pas part¡[ supplie. Il peut se mettre dans un état de colère violente : ilse roule par terre, s’agrippe et menace « j’aime mieux mourir partir », ou même « si vous m’obligez je fuguerai », ou « je suiciderai ».
– De façon permanente, l’enfant est la proie d’une préoccupation envahissante concernant la proximité et l’accessit de sa mère : il ne va pas à l’école, il ne va pas rendre visite à des amis et il est encore plus incapable de coucher chez et d’aller en colonie de vacances. Il peut même être incapable d’aller acheter le pain, de rester seul chez lui, de s’endormir
Au maximum, il ne peut pas être dans une autre pièce sa mère : il la suit comme une ombre de pièce en pièce, ? l’appelle de façon répétitive pour s’assurer qu’elle n’est partie en cachette. Il peut refuser d’aller se coucher avant sa mère, de crainte que celle-ci sorte pendant son sommeil. Il exige qu’elle soit près de lui pour l’endormissement, et il prolonge ce moment par la répétition de demandes (lecture, verre d’eau…). Il lui arrive de se lever la nuit pour aller vérifier la présence de sa mère.
Au maximum, il obtient de sa mère de partager sa chambre ou même son lit.
De manière envahissante aussi, l’enfant éprouve des préoccupations morbides qu’il ressasse et qu’il rumine. Il a une peur permanente, excessive et persistante concernant la disparition des figures d’attachement (mère et père) : et/ou il redoute d’être séparé de ses figures d’attachement par un événement malheureux. En clair, dès qu’il ne les a plus dans son champ de vision, il a peur que ses parents aient un accident, tombent malades ou décèdent.
Sa peur dépasse ce qui peut arriver à ses parents et le concerne aussi lui-même : il redoute d’être victime d’un rapt ou d’un accident, ou toute circonstance qui l’éloignerait de ses oarents.
Une peur excessive des agresseurs, voleurs, cambrioleurs, ravisseurs d’enfants l’envahit, de même que la peur des ovages en voiture ou en avion : « il y a des crash d’avion, des étournements », « les voitures ne sont pas sûres, surtout sur autoroutes, on peut avoir un accident, tomber en panne ».
Il ne sort pas seul, même dans son quartier, car il pourrait perdre et ne pas retrouver ses parents.
Quel que soit son âge, l’enfant n’exprime pas toujours clairement ses craintes, mais seulement sa façon de sentir le monde de façon hostile et dangereuse. Les préoccupations autour de la mort sont aussi très répandues.
Beaucoup souffrent aussi de cauchemars répétés à thème œ séparation.
– La nostalgie du chez-soi avec un intense désir de réunion familiale est omniprésente. Mal à l’aise quand il est éloigné de chez lui, il passe son temps à penser aux retrouvailles, exprimant la nostalgie de la maison, du chez-soi. l’enfant n’est pas motivé par les sorties, les rencontres, les voyages ; il ne tire aucun profit ou plaisir des activités faites en dehors de la famille, car la nostalgie du chez-soi est la plus forte.
Le trouble anxiété de séparation apparaît soit comme la persistance anormalement prolongée de l’angoisse de séparation développementale, soit comme la résurgence de réactions d’anxiété à la séparation à un âge où celles-ci sont modérées ou absentes. Les manifestations du trouble sont aussi beaucoup plus intenses que celles de l’anxiété développementale et le handicap engendré par le trouble en signe la gravité.
L’age de début se situe généralement vers 6-7 ans, mais tout est possible et on observe des tableaux d’anxiété de séparation en début d’adolescence et même après 15 ans.
Le refus d’aller en colonie de vacances, chez des camarades, ou même l’absence d’intérêt pour les sorties sont bien acceptés par les parents qui trouvent même que ce comportement est raisonnable et positif à leur égard. Les parents ne s’inquiètent généralement pas. C’est au stade de refus de l’école qu’il y aura demande d’aide par les parents.
Le début du trouble anxiété de séparation peut être apparemment spontané, mais souvent il survient à la suite d’un événement de vie : maladie, hospitalisation, décès d’un proche, déménagement, changement d’école, séparation des parents, fragilisation du milieu familial.
L’évolution est mal connue. Le trouble disparaitrait dans deux tiers des cas ; dans le troisième tiers, le trouble a une évolution chronique ou par poussées.
Une continué entre anxiété de séparation de l’enfant et de l’adolescent semble exister. Et à l’âge adulte , la persistance d’une anxiété concernant les séparations et des conduites d’évitement de ces séparations ne sont pas exceptionnelles. C’est ainsi que certains adultes continuent de vivre à proximité de chez leurs parents, voire sous le même toit, ou dans le même foyer.