Les soins du nourrisson
Nous aborderons dans ce chapitre les gestes qui accompagnent l’enfant de sa naissance à sa première indépendance. Essentiellement pratiques, ces quelques règles de puériculture ne prétendent pas dicter aux parents leur enfant, qu’ils sauront trouver tout naturellement et en fonction de leurs propres principes d’éducation. Ces conseils offriront cependant des réponses claires et immédiates à la plupart des questions que ne manque pas de soulever la vie avec un jeune enfant.
Les tout premiers examens de l’enfant
Dans les minutes qui suivent sa naissance, l’enfant subit toute une série d’examens qui ont pour but d’apprécier son état général et de vérifier qu’il n’est atteint d’aucun retard ou malformation.
Le test Apgar du nom de Virginia Apgar, pédiatre américaine qui l’a mis au point porte sur l’observation des cinq points décrits dans l’encadré ci-contre.
Le test est effectué à une, trois, cinq, dix et quinze minutes de vie. Le pédiatre attribue une note de 0 à 2 à chacune des cinq données, pour aboutir à un résultat entre 0 et 10. En dessous de6 sur 10, si l’enfant n’a pas récupéré à 15 minutes, il y a pathologie. Au-dessus, l’enfant est adapté à la vie.
Le test de Guthrie est ensuite pratiqué, pour la détection de la phénylcétonurie. Une goutte de sang est prélevée au talon de l’enfant et analysée.
Le nouveau-né est pesé et mesuré. Né à terme, il pèse entre 2 600 et 4 000 g et mesure entre 46 et 54 cm. Son périmètre crânien est de 32 à36 cm.
Le pédiatre vérifie l’intégrité de la voûte palatine, puis la perméabilité anale et celle de l’œsophage, en enfonçant des sondes souples dans le rectum et jusque dans l’estomac de l’enfant. Puis il manipule les hanches pour détecter une anomalie, la luxation congénitale de la hanche, qui serait corrigée par un langeage de l’enfant jambes écartées pendant ses tout premiers mois.
Chez le petit garçon, il vérifie que les testicules sont bien descendus.
Assez couramment, l’enfant est jaune orangé à la naissance. Cette jaunisse, appelée ictère physiologique du nouveau-né, est passagère. L’enfant naît avec une importante réserve de globules rouges, pour pallier la rupture du lien sanguin avec sa mère. Le produit de la destruction de l’hémoglobine de ces boules rouges est appelé bilirubine. Cette bilirubine est insoluble et elle doit être transformée par le foie en bilirubine soluble, éliminable par la bile. Si ce mécanisme n’est pas encore installé, la bilirubine libérée dans le sang provoque la couleur jaune de l’enfant. On le place alors sous une lumière blanche ou bleue, qui accélère le processus d’élimination.
Les fesses bleues, de petits points blancs sur les ailes du nez, des angiomes rosés, la bosse séro-sanguine, constituent des particularités inesthétiques sans gravité qui vont s’atténuer dans les semaines suivantes. De même, une sorte de puberté en miniature peut se manifester par le gonflement des testicules chez le petit garçon et de mini-règles chez la fillette, ainsi qu’une montée de lait aux seins, une éruption miliaire sur le visage, tous signes ressemblant à ceux de la crise pubertaire. Ces symptômes sont dus à une infime dose d’hormones maternelles passée dans l’organisme de l’enfant. Ils disparaissent spontanément au bout de quelques jours.
Après lui avoir administré un collyre, qui protégera ses yeux, et de la vitamine K pour prévenir les hémorragies, le pédiatre rend l’enfant à ses parents. Un premier bain peut alors lui être donné. C’est souvent le père qui s’en charge, établissant dans ce geste un premier contact charnel avec son enfant. Ce bain n’a pas pour fonction de nettoyer le bébé. Il convient d’ailleurs de lui conserver son enduit protecteur, sauf peut-être sur le visage et les mains. Le bain a pour fonction de donner confiance au nouveau-né, et d’atténuer le choc de la naissance par la redécouverte de l’élément liquide qu’il vient de quitter. L’enfant est ensuite placé au chaud, quelquefois en couveuse. Il sort en effet d’une atmosphère constante à 37°C et sa régulation thermique n’est pas encore stabilisée. Il se refroidit donc très rapidement.
Les gestes quotidiens
Durant ses premiers mois, le bébé est totalement dépendant de sa mère, que ce soit pour se nourrir, se déplacer ou se protéger du froid et des agressions extérieures. Il ne peut pas survivre sans elle.
• La toilette.
Elle consiste en un change lors de chaque tétée et un bain quotidien. La personne qui s’occupe de l’enfant se lavera toujours les mains très soigneusement avant de le toucher, et se ferait remplacer au cas où elle aurait le virus de l’herpès ou un furoncle. En effet, le nourrisson est très peu armé contre ces virus, redoutables pour lui. S’il s’agit de la mère, elle portera un masque et des gants de latex durant la période contagieuse.
• Le change.
Un enfant prend six ou sept tétées par jour et se salit à chaque fois. Il sera changé avant la tétée s’il a l’habitude de régurgiter ou de s’endormir juste après celle-ci, après s’il fait une selle durant la prise de lait. Dans ce cas, les matières fécales sont généralement plus acides et peuvent provoquer un érythème fessier (rougeur). Le change sera alors effectué sans tarder et complété d’une crème adoucissante type Mytosil® ou Cetavlon®. A partir de 4 mois, il arrive que l’enfant pleure dès qu’il s’est sali. Il faut alors le changer, et ce autant de fois qu’il est nécessaire afin que, propre et sec, il se rendorme calmement.
Certains enfants, rares, sont allergiques aux couches industrielles. On devra se résigner à utiliser des couches en tissu ou des changes en ouate de coton, vendus en pharmacie. Les couches de tissu doivent être lavées à part, jamais avec le linge de la famille. Il convient de les faire bouillir, et sécher de préférence à l’air libre. Ne jamais utiliser d’eau de Javel, qui est irritante.
La peau du nouveau-né est nettoyée avec de l’huile d’amande douce ou du lait de toilette ; pour le bébé plus âgé, l’eau et le savon de Marseille, pur et sans parfum, suffisent. Avant de commencer, il est sage de disposer à portée de la main tout ce dont on aura besoin : lait ou cuvette d’eau tiède et savon, coton ou gant de toilette, huile d’amande douce, crème spéciale pour le siège, serviette de toilette, changes propres et vêtements de rechange au cas où ils seraient tachés. L’enfant ne doit jamais rester seul sur sa table à langer, d’où il pourrait tomber.
Après avoir jeté la couche, on tient l’enfant par les pieds et l’on soulève ses jambes à la verticale. Il faut essuyer doucement les fesses, le sillon fessier et les cuisses jusqu’à ce que le siège soit propre dans ses moindres replis. La main ira toujours de l’avant vers l’arrière, surtout s’il s’agit d’une petite fille. On sèche ensuite soigneusement, sans frotter mais en tapotant la peau avec la serviette. Si l’épiderme est rouge, un peu de crème adoucissante le calmera, (Dermocuivre, Aloplastine) et l’on pensera, lors des prochains changes, à abandonner l’eau et le savon pour le lait ou l’huile d’amande douce. Le change se termine par la mise en place d’une couche propre.
• Le bain.
L’enfant apprécie généralement beaucoup le bain, car il y retrouve l’aisance de mouvements qu’il connaissait dans le liquide amniotique. Il est très rare qu’un bébé ait peur de l’eau. Si cela arrivait, on choisirait de le nettoyer complètement au lait de toilette, puis de lui proposer à nouveau le bain quelques jours plus tard.
Le bain est un moment privilégié d’échanges et de différenciation mentale, pour l’enfant, entre le corps de sa mère et son propre corps.
Selon l’emploi du temps des parents, il sera donné indifféremment le matin ou le soir, quoique le bain du soir soit préférable car il favorise le sommeil nocturne.
La salle de bain doit être bien chauffée, car la température du bébé n’est pas encore stabilisée à 37°C. Elle est influencée par la température ambiante et l’enfant prend froid très rapidement. Un change suivra le bain, et le matériel nécessaire doit être préparé à proximité.
L’eau, la baignoire et de manière générale tous les instruments doivent être très propres, afin de ne pas infecter la cicatrice ombilicale. Le cordon ombilical tombe puis sèche en formant le nombril en une dizaine de jours maximum. Il faut désinfecter la plaie chaque jour à l’alcool à 70°. Le nombril est cicatrisé lorsqu’il n’y a plus de sérosité sur la compresse qui le protège.
On baigne le bébé dans une petite baignoire en plastique, dans le lavabo ou directement dans la grande baignoire, soutenu par les mains ou par un siège spécial en plastique. On ne le laisse de toute façon jamais seul, sachant qu’il peut se noyer dans 15 cm d’eau.
Par précaution, on fait d’abord couler l’eau froide et seulement ensuite l’eau chaude, jusqu’à obtention d’une température idéale de 37°C (à surveiller à l’aide d’un thermomètre de bain). On évite ainsi de trop fréquentes brûlures. Il faut néanmoins veiller à ce que le robinet ne laisse pas perler de gouttes d’eau brûlantes sur la peau de l’enfant durant le bain.
Pendant que l’eau coule, l’enfant est déshabillé. Sur le matelas à langer, seront disposées deux serviettes l’une sur l’autre, sur lesquelles on installe l’enfant.
Après nettoyage du siège, on savonne entièrement le petit corps avec les mains. Puis l’on se rince les mains pour qu’elles ne soient pas glissantes et l’on écarte la serviette du dessus. On plonge alors le bébé dans le bain en maintenant fermement sa tête hors de l’eau et en le tenant par les chevilles de l’autre main. C’est cette main qui servira à rincer l’enfant lorsqu’il reposera sur le fond de la baignoire.
Il est conseillé de laver chaque jour les cheveux, pour éviter la formation de croûtes sur le crâne. Jusqu’à 3 mois, le savon suffit. On peut ensuite utiliser un shampooing doux «spécial bébé». La fontanelle donne au crâne de l’enfant un aspect extrêmement fragile. Cette membrane est pourtant résistante et supporte une certaine pression. Les os du crâne se souderont entre 10 et 18 mois.
Le bain ne doit pas trop se prolonger, afin que l’enfant ne prenne pas froid. Il serait néanmoins dommage de le priver de quelques minutes d’exercices aquatiques.
Dès sa sortie du bain, le bébé est posé sur une serviette propre et sèche. Les mamans raffinées auront laissé chauffer une sortie de bain sur le radiateur. On sèche très soigneusement l’enfant, sans oublier les nombreux plis de peau, puis on peut éventuellement le talquer.
Lorsque le bébé est sec, on pose sur son cordon une compresse stérile rougie d’éosine aqueuse, que l’on maintient par un sparadrap microporeux qui s’arrache sans douleur. On ne met plus de nos jours de bande ombilicale, car elle gêne les mouvements. Si l’enfant doit être habillé parce qu’il sort, on commence par les brassières, l’une en coton en contact avec la peau, l’autre en laine.
On choisit de préférence des vêtements qui s’attachent sur le devant, car les bébés n’aiment pas être retournés. On enfile une brassière à un bébé en passant trois doigts dans les manches pour saisir les bras et les faire glisser à l’intérieur. On place une couche propre avant d’achever l’habillement de l’enfant ou de lui mettre son pyjama.
Si l’on tient à couper les ongles parce que l’enfant se griffe, on peut le faire après le bain, lorsqu’ils sont assouplis par l’eau. Il faut veiller à ne pas couper trop près de la chair. Cette opération n’est pas véritablement nécessaire avant l’âge de 1 mois.
• La toilette du visage.
On procède toujours à la toilette du visage une fois le bébé habillé, afin qu’il ne prenne pas froid. Le visage se lave à l’eau de rose ou à l’eau minérale. Les bâtonnets ouatés sont à éviter, car ils peuvent blesser les tympans. Il suffit de frotter simplement le pavillon et l’extérieur de l’oreille avec un morceau de coton enroulé et humide. Le nez est dégagé des petites croûtes qui peuvent l’encombrer de la même façon, sans enfoncer dans le conduit. Un troisième coton sera passé sur les yeux, de l’aile du nez vers la tempe. On peut utiliser pour les narines et les yeux du sérum physiologique, très pratique et toujours stérile.
Après un petit coup de brosse en soie dans les cheveux, bébé est tout propre et frais. Il est inutile de peser l’enfant chaque jour, le pédiatre s’en chargera bien assez souvent. L’enfant maigrit normalement pendant ses premiers jours. Il retrouve son poids de naissance à 6 jours.
Les massages
Les massages sont très profitables à l’enfant. Le toucher est le vecteur privilégié de la communication à cet âge. De plus, les gestes, effectués du haut vers le bas du corps, calment et préparent au sommeil.
Pour masser un enfant, on s’asseoit et on le place sur ses genoux, ou bien on s’allonge à côté de lui. Les mains, enduites d’huile d’amande douce, doivent masser très doucement le corps entier et n’effleurer qu’à peine les parties sensibles. Les membres peuvent être un peu pétris. Les pieds feront l’objet d’une attention particulière, et l’on massera un à un chaque orteil puis la voûte plantaire. L’enfant s’en amuse généralement beaucoup.
Le sommeil du nouveau-né
Le nouveau-né dort la majeure partie du temps et ne s’éveille que pour les tétées.
A 1 mois, il passe encore 19 heures sur 24 dans son lit. A partir de 3 mois, l’enfant fait une nuit complète de 12 heures. Ses siestes vont ensuite aller en s’amenuisant, de 5 heures à 4 mois à 2 heures à 1 an.
Pendant ses moments d’éveil, le bébé a besoin de stimulations. Un hochet, un boulier ou un mobile attachés au dessus de son lit seront les bienvenus pour fixer son regard, l’entraîner à saisir, écouter, s’amuser, mais les stimulations humaines lui sont bien plus nécessaires.
Ses parents, ses frères et sœurs ne doivent pas se priver de le câliner, lui parler, jouer avec lui. Puis le «doudou», poupée de chiffon ou simple morceau de tissu imprégné d’odeur familière, l’aidera à s’endormir.
Il est regrettable de devoir réveiller un enfant pour l’emmener à la crèche, par exemple car on le prive ainsi d’une partie de son sommeil paradoxal, si important pour sa croissance et le développement de son cerveau. De même, il faut savoir que le sommeil d’un bébé est très agité. Il ne faut en aucun cas le sortir de son lit parce qu’il ouvre les yeux ou gémit, car en réalité il dort. On attendra qu’il pleure franchement, de faim. Il trouvera ainsi lui-même son rythme de sommeil et fera plus rapidement ses nuits complètes.
Il n’est pas nuisible au nourrisson de dormir dans la chambre de ses parents et même dans leur lit, car ils ne risquent pas de l’étouffer ! Cette formule est souvent choisie par les parents, car elle est plus pratique pour donner la tétée de nuit. Cependant, dès que l’enfant ne s’éveille plus la nuit, vers 2 mois environ, il est sage de l’installer dans sa propre’ chambre (ou dans celle des enfants s’ils la partagent). Il y va de son calme, de son équilibre, de sa future capacité à l’indépendance.
Dans un lit, le nouveau-né est perdu. Il a besoin, pour se sentir sécurisé, d’avoir la tête, le dos, les pieds calés. C’est pourquoi on le voit se recroqueviller de lui-même contre la tête du lit. S’il dort dans un lit d’enfant et non dans un berceau ou un couffin adapté à sa taille, il faut combler l’espace en trop par une couette enroulée ou un coussin bien stabilisé. On évitera cependant d’encombrer son lit de jouets et de peluches. Avoir trop de sollicitations visuelles serait néfaste à son développement psychologique. Dans le même souci, le décor de la pièce ne sera pas surchargé. L’enfant n’a pas besoin d’oreiller, dans lequel il risque de s’étouffer. Pour la même raison, la couette (dont on ne se servira qu’en cas de grand froid) sera fixée au pied du lit afin que l’enfant ne s’enfouisse pas dessous. S’il y a des insectes, on place une moustiquaire au dessus du lit.
La pièce ne sera pas surchauffée et la fenêtre, dans la mesure du possible et s’il ne fait pas trop froid, restera entrouverte. Le lit sera placé loin de celle-ci.
Chaque jour, le ménage sera fait dans la chambre de l’enfant et sa literie secouée et aérée à fond, l’enfant étant hors de la pièce.
Les sorties
A partir de 1 mois, en hiver, et 10 jours en été, on peut faire à l’enfant une promenade quotidienne. La variété du spectacle du dehors l’éveille.
Encore faut-il que le temps soit clément et l’enfant en bonne santé.
L’enfant qui vit à la campagne peut faire la sieste au dehors, à condition qu’il ne fasse pas trop chaud, car un bébé se déshydrate très vite. L’enfant des villes sera emmené dans un parc ou en forêt.
Un bonnet qui couvre les oreilles est nécessaire en hiver, un chapeau en été, si l’enfant n’est pas abrité par une capote. En règle générale, la tête d’un bébé ne doit jamais être exposée au soleil.
Le landau est plus confortable mais moins pratique en ville que la poussette. Celle-ci n’est pas adaptée à l’enfant qui ne s’assoit pas encore, sauf s’il est possible de la placer en position horizontale. Dans les poussettes trop basses, l’enfant est promené au ras des pots d’échappement…
Le porte-bébé est aujourd’hui choisi par de nombreux parents. Ce système est d’un grand intérêt affectif. Il faut toutefois prendre garde à ce qu’il maintienne correctement la tête du bébé.
L’enfant qui marche sort chaque jour, sauf s’il fait très froid, car il a besoin de se dépenser, de prendre l’air et de profiter du soleil qui lui apporte l’indispensable vitamine D facteur de croissance et de développement harmonieux.