Traitement non médicamenteux
Accepter l’enfant
Accepter l’enfant tel qu’il est, c’est d’abord apprendre à le connaître. Le médecin doit donc l’évaluer adéquatement et ensuite faire part de ses constatations à l’enfant ainsi qu’à ses parents et à ses enseignants. Comme pour l’hyperactif, on doit considérer le lunatique comme un handicapé et le traiter comme tel. Cela demandera que les parents l’acceptent comme il est et qu’ils définissent des attentes plus réalistes. Dans le milieu scolaire, accepter l’enfant signifiera aussi accepter de le traiter en fonction de son handicap.
Ainsi, s’il éprouve de la difficulté à écrire à cause de ses problèmes de coordination, il faudra en tenir compte dans la correction et ne pas le pénaliser pour les lettres moins habilement formées. Il faut aussi que ses difficultés en calligraphie ne le retardent pas dans ses apprentissages.
S’il commet des fautes de mémoire telles que je les ai décrites précédemment, il faut éviter de le pénaliser inutilement. Certes, il est important de savoir écrire; mais si certaines personnes sont incapables d’apprendre à écrire sans fautes, on ne devrait pas les empêcher d’apprendre le reste.
Il existe donc différentes façons d’aider concrètement un lunatique et en voici d’autres exemples. Si l’enfant est trop ralenti par sa difficulté à écrire, on pourrait lui demander de faire ses travaux sur une machine à écrire en attendant qu’il réussisse à bien écrire à la main. S’il est incapable de retenir les tables de multiplication, une calculatrice devrait lui être fournie. On peut aussi lui enseigner des méthodes rapides de calcul comme celles exposées à l’annexe 2. Autrement dit, il faut éviter que le handicap n’empêche l’enfant de progresser, ce qui n’élimine pas la possibilité, si c’est jugé nécessaire, de lui demander en contre-partie de travailler quelques heures par semaine ses faiblesses, sans que cela ralentisse son progrès à l’école.
Comme pour l’hyperactif, il serait sage de réduire la charge de travail de l’enfant en fonction de ses capacités. Sa lenteur diminue sa productivité et il faut savoir en tenir compte. Une bonne façon serait, par exemple, de lui demander d’écrire pendant trente minutes plutôt que d’écrire trente lignes. Il faut éviter aussi de faire porter aux parents des lunatiques la charge du travail inachevé à l’école. Si c’est nécessaire, il pourra utiliser les périodes prévues pour des matières optionnelles (musique, art) pour terminer son travail. Il faudra cependant éviter d’épuiser ces enfants et de leur faire inutilement détester l’école s’ils n’y trouvent rien d’amusant à y faire.
Là où il est le plus important de laisser du temps à l’enfant, c’est certainement pour les examens. Si, pour un principe de pseudoéquité, on s’obstine à ne pas lui accorder plus de temps afin de lui permettre de les terminer, on le pénalise comme si on exigeait que l’enfant aveugle lise les consignes écrites comme les autres.
Améliorer leur concentration
Puisque le lunatique est souvent «absent», il faut constamment le rappeler à l’ordre. Parce qu’il est tranquille, on risque de l’oublier, surtout dans une classe ordinaire où les enfants agités monopolisent l’attention de l’enseignant. Les techniques déjà suggérées, comme l’utilisation du baladeur avec rappels fréquents pour «réveiller» l’enfant, pourraient être utiles.
Par contre, comme il respecte généralement les règles de conduite, il n’a pas besoin d’un système de récompenses sophistiqué et peut être traité comme les autres enfants. Les appareils, tel l’«Attention Trainer», risquent donc de ne pas se révéler aussi efficaces que pour les hyperactifs.
Pour terminer, voici une suggestion susceptible de surprendre: lorsque le lunatique travaille, il est bon de lui faire entendre de la musique. Pas une musique douce de fond; non. Une musique qu’il aime, une musique entraînante, rythmée. Je connais une adolescente qui a de la difficulté à travailler sans sa musique Heavy Métal. La mère d’une enfant lunatique, qui l’a été elle-même, m’a raconté qu’au cégep, elle était incapable de se concentrer dans ses études sans sa musique qui, à tout moment, la ramenait à l’ordre. Plusieurs spécialistes américains ont observé le même phénomène auprès des lunatiques qu’ils reçoivent.Cette écoute pourrait se faire autant à l’école, avec un baladeur, évidemment, pour éviter de déranger les autres, qu’à la maison, lorsque l’enfant fait ses devoirs. Le plus drôle, c’est que ça fonctionne!
Susciter l’estime de soi
Il faut absolument que les parents et les enseignants des lunatiques mettent tout en œuvre pour les aider à avoir confiance en eux. Ils peuvent le faire de plusieurs façons.
A l’école, ces enfants doivent travailler beaucoup pour arriver au même résultat que les autres. Il faut donc valoriser chez eux davantage l’effort que le résultat. Cela exige une grande attention de la part de l’enseignant; la maxime «quand on veut, on peut», porte à ne voir l’effort que lorsqu’il s’accompagne d’un résultat valable. Les enfants en difficulté d’apprentissage font exception; il faut savoir les traiter comme tels.
A l’école, on peut aussi valoriser l’enfant pour les qualités qu’il démontre; par exemple, s’il est serviable, on le lui mentionne. De plus, s’il possède des habiletés particulières, par exemple en musique ou en art, il faut savoir le souligner fréquemment.
A la maison, il faut aussi mettre en évidence tout ce que l’enfant fait de bien et, sans les nier, ne pas insister sur ses difficultés. On encouragera aussi l’enfant à participer à des activités valorisantes en dehors de son milieu; des groupes comme les scouts contribuent grandement à donner confiance à ces jeunes.
Mais attention! Ces enfants sont intelligents. Il importe de ne pas les considérer autrement. Il ne faut donc pas leur faire des compliments inadéquats qui risquent d’avoir l’effet contraire. Ainsi, si on s’exclame devant un dessin mal réussi en le disant le plus beau du monde, l’enfant peut penser qu’on rit de lui. Si on lui dit que sa note de 50 % est extraordinaire, il pensera qu’on n’a pas une haute estime de lui. Il faut savoir le complimenter quand il le mérite; sinon, on perd carrément son temps.
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