Refuser la drogue
Plus redoutée que la guerre, le terrorisme ou le cancer : la drogue, terreur des familles. Alors, pour conjurer la peur, on se tait. Pour ne pas voir le danger, on ferme les yeux. L’obscurité, le silence, la clandestinité sont les plus sûrs alliés de la toxicomanie. Les drogués ont leur argot, leurs signes de reconnaissance, leurs rites initiatiques. Interdite par la loi, combattue par les adultes, la « défonce » apparaît à l’adolescent comme le moyen de s’affirmer. Chaque toxicomane fait un parcours qui lui est personnel, mais on retrouve souvent chez la plupart d’entre eux certains points communs. Par exemple, un rejet de l’enfance et, par conséquent, des parents qui tendent à maintenir leur fils ou leur fille à ce stade de la vie. La drogue est alors, croient-ils, l’outil de l’évasion. Comme cette fuite artificielle est d’avance condamnée à l’échec, le sujet en déduira que la drogue n’est plus assez puissante. Il sera tenté de recourir à des substances supposées plus efficaces, à des doses de plus en plus lourdes. Ce sera l’escalade. Lorsqu’il s’aperçoit qu’au lieu de vivre mieux, il se détruit, c’est trop tard. Il est en état de dépendance, soumis, piégé. Il faut donc intervenir très tôt pour tenter
Et d’abord parler, communiquer, informer. Le rôle des parents est alors primordial. Comme pour la dépression, il faut savoir interpréter les signes précurseurs, être attentif aux problèmes scolaires, aux absences injustifiées, aux fugues, aux attitudes désabusées, tristes, solitaires, désenchantées, refusant même les loisirs. Certes, il est difficile, dans un tel contexte, d’établir des rapports de confiance. C’est pourtant à ce moment précis qu’ils sont les plus nécessaires. Bref, il faut savoir parler vrai, et le plus tôt possible, lutter contre les pudeurs coupables. On ne combat efficacement les dangers qui menacent les jeunes – drogues, alcool, tabac, viol, délinquance – que si l’on ose en parler avec franchise en famille. Ce n’est pas à la télévision qu’incombe cette mission d’éducation adaptée à la personnalité et au caractère de chaque adolescent. Encore faut-il être soi-même correctement informé. Donc, comme le préconisait le slogan d’une campagne d’opinion : « la drogue, parlons-en ! » Et d’abord pour faire connaître les principales d’entre elles :
LES DROGUES FUMÉES
- L’opium, obtenu à partir du pavot, une sorte de gros coquelicot cultivé en Asie. On le fume dans des pipes spéciales.
- Le cannabis, en argot « matos », aussi appelé chanvre 180 indien. Provient d’une plante aujourd’hui cultivée un peu
partout dans le monde, y compris dans les jardinets français, lorsque le climat le permet. Se fume sous forme de cigarettes (joints ou pétards).
LES DROGUES INJECTÉES
- La morphine provient de l’opium. S’injecte par piqûre intraveineuse (shoot), après dilution dans l’eau.
- L’héroïne dérivée de la morphine, est aussi appelée poudre, blanche, cheval, smak, bombe, naphtaline. S’administre comme la morphine.
LES DROGUES « SNIFFÉES »
- La cocaïne est extraite du coca, principalement cultivé en Amérique latine. Aussi appelée crack, Julie, coke, neige.
La poudre de cocaïne, répandue en « ligne » sur une glace ou un bois poli, est aspirée par le nez avec une paille.
- Autres substances, tous produits volatils de substitution : colles, diluants de peinture, gaz d’échappement, propane, carburants, alcools, éther et autres…
LES DROGUES AVALÉES
- Le LSD est un hallucinogène dérivé de l’ergot de seigle, aussi appelé « acide ». S’absorbe sous forme de pilules.
- Le khat est extrait d’une plante originaire d’Arabie.
- La mescaline provient d’un cactus du Mexique.
- Les amphétamines sont des substances synthétiques habituellement utilisées pour combattre le sommeil ou comme amaigrissants.
- L’ecstasy, cocktail à base de plusieurs amphétamines, est aussi appelé « pilule d’amour ».
- Les poppers, vendus en fioles dans les sex-shops, sont censés avoir des vertus aphrodisiaques. Ce sont en fait des vasodilatateurs qui ont pour effet de provoquer un gonflement de la face et des troubles cardiaques.
Les médicaments détournés de leurs indications thérapeutiques, et consommés abusivement, – neuroleptiques, antidépresseurs, anxiolytiques, et même laxatifs – sont parfois utilisés comme drogues.
PLAISIR MORTEL
Drogues douces, drogues dures ? Il n’y a pas de drogue sans danger. L’alcool, le tabac peuvent tuer aussi sûrement que le cannabis ou l’héroïne. Tout est une question de dose et de temps. Absorbées pour procurer du plaisir, les drogues sont, ne l’oublions pas, des toxiques, c’est-à-dire des poisons. Pas étonnant, donc, si leurs effets sont plus ou moins rapidement ressentis par l’organisme. Les symptômes sont vraiment peu réjouissants : évanouissements, troubles nerveux, mal au foie, complications pulmonaires dues à la cocaïne, maladies des reins, défaillances cardiaques, réactions psychiatriques, sans parler du sida, très fréquent chez les héroïnomanes à cause de l’utilisation de seringues infectées. Et pour finir, l’overdose, état de choc qui se manifeste par un coma, le plus souvent mortel.
On peut sortir du piège infernal de la toxicomanie. Le plus tôt sera le mieux. Le sevrage constitue le premier pas vers cette libération, mais il s’accompagne d’un « état de manque » souvent très spectaculaire. Il convient donc de compenser ce phénomène par un traitement au long cours qui fait appel à différentes méthodes, notamment à l’emploi de produits de substitution (méthadone), qui remplacent progressivement la drogue. Le but de cette cure de désintoxication est d’amener le « junkie » (drogué totalement dépendant), à se libérer peu à peu de la « came », à reconquérir son autonomie et une vie sociale. Ce processus exige évidemment l’intervention de médecins formés au traitement de la toxicomanie. Le recours à des institutions spécialisées est hautement recommandé : voir ci-après quelques adresses. Les familles sont parfois réticentes, à tort. Il a même été remarqué que les milieux familiaux les plus stables étaient les plus hésitants à faire appel à un établissement de soins pour leur enfant toxicomane, comme si les parents estimaient pouvoir y faire face seuls. C’est une erreur. La collaboration famille-médecin s’est révélée indispensable. En outre, il a été prouvé que le médecin avait une meilleure approche du jeune toxicomane, quand il connaissait la famille