L'impulsivité
L’impulsivité constitue le deuxième problème majeur des enfants hyperactifs, problème qui peut se traduire de différentes façons. La première est marquée par une incapacité à penser avant d’agir, ce qui les amène à adresser des paroles blessantes aux autres, paroles qu’ils oublient vite; mais qui sont mal accueillies surtout par les adultes en position d’autorité comme leurs enseignants et leur directeur., Ils éprouvent aussi très souvent de grandes difficultés à attendre leur tour lors d’une activité de groupe, difficultés qui se traduiront soit par de l’agitation, soit par un refus de participer.
On les verra aussi fréquemment s’immiscer dans les conversations des adultes et donner leur point de vue sans qu’on le leur demande. Et ce non pas dans le but d’attirer l’attention ou parce qu’ils attachent une grande importance à ce qu’ils ont à dire, mais simplement parce qu’ils ne peuvent s’en empêcher. Il sera souvent difficile de faire la distinction entre un enfant qui agit par impulsivité et celui qui veut attirer l’attention. Je crois que c’est la grande naïveté de l’enfant hyperactif dans sa façon d’intervenir et le fait qu’il présente les autres caractéristiques qui nous fourniront la réponse. Dans le doute, il est important d’ignorer le plus possible ces interventions, pour bien faire sentir à l’enfant que ce n’est pas une façon acceptable d’attirer l’attention.
En outre, cette impulsivité portera aussi les enfants à prendre des risques qui les feront souvent champions toutes catégories des accidents. On les retrouvera plus souvent aux urgences soit pour des empoisonnements accidentels, soit parce qu’ils se sont cassé un membre ou sont victimes d’un traumatisme crânien. L’exemple de Steeve cité précédemment, bien que très spectaculaire, est loin d’être unique. Les enfants hospitalisés à la suite d’un accident sont souvent des hyperactifs. Et ils n’ont pas ces accidents parce qu’ils veulent attirer l’attention ou par goût du risque, mais simplement parce qu’ils éprouvent énormément de difficulté à réfléchir avant d’agir.
L’impulsivité se traduit aussi par l’incapacité d’attendre une récompense. Alors qu’en général ils réagissent bien si leurs actes ont des conséquences immédiates, ils sont incapables de travailler pour des résultats à moyen ou à long terme.
Par exemple, une expérience a été tentée avec un groupe d’enfants; on leur demandait de choisir entre faire cinq problèmes de calcul et recevoir immédiatement un petit jouet, ou en faire vingt-cinq et recevoir un jouet beaucoup plus gros mais plus tard dans la journée. La majorité des enfants hyperactifs a opté pour la récompense immédiate. Ce genre de situations a amené bien des enseignants à qualifier ces enfants de paresseux. Mais il ne faut pas s’y tromper; c’est leur impulsivité qui les pousse à choisir le chemin le plus court et la récompense la plus immédiate, non la paresse. C’est une situation sur laquelle ces enfants n’ont aucun contrôle.
Il faut savoir différencier l’enfant impulsif et l’enfant délinquant. Même si l’impulsif accomplit souvent des gestes qu’on pourrait qualifier de délinquants, il reste facile de le distinguer du délinquant par sa façon d’agir. Le Dr Michael Gordon rapporte dans son livre les propos suivants du père d’un enfant hyperactif: «Dix garçons dans une cafétéria se mettent à se lancer des pommes de terre en purée avec leur cuillère. Soyez assuré, aussi vrai que le soleil brille, que ce sera mon fils qui se fera prendre et qui sera puni. Voyez-vous, tous les autres enfants vont faire attention, avant de lancer, et vérifier si un surveillant ne les regarde pas. Pas Jason. Il lance d’abord la purée et ensuite se retourne et voit le directeur qui le regarde. C’est au point que maintenant quand il y a du désordre à l’école, soyez assuré que c’est Jason. Le jeune n’a plus aucune chance.»
Cette impulsivité qui porte ainsi souvent ces enfants à suivre les autres dans leurs mauvais coups leur amène plus que leur dû de punitions et leur construit souvent une réputation pas entièrement méritée. Les éducateurs devraient éviter de juger ces enfants qui sont toujours pris sur le fait; la plupart du temps, ce sont des hyperactifs.
Finalement, l’impulsivité est, dans une large mesure, responsable de leurs difficultés d’apprentissage scolaire; en effet, l’enfant aura tendance à répondre impulsivement sans réfléchir suffisamment, et ses résultats scolaires en souffriront. Un enseignant non averti pourra cette fois encore penser que l’enfant agit ainsi parce qu’il est paresseux.