Les techniques ostéopathiques
Manipulations ostéo-articulaires ou ajustements:
Les manipulations ostéo-articulaires s’appliquent, par définition, au système musculo-squelettal. Elles intéressent toutes les articulations, sous réserve de respecter les règles qui sont le fondement même de leur utilisation. Manipulation est le terme consacré en médecine manuelle et orthopédique. Ajustement est le terme utilisé en ostéopathie et chiropraxie.
Ce dernier terme rend mieux compte de la notion d’emboîtement d’un élément par rapport à un autre. Il a ma préférence. La manipulation s’adresse à une articulation dont le jeu même est respecté (elle n’est pas luxée) mais qui ne peut bénéficier de ce degré de liberté. C’est pourquoi on parle de « blocage mécanique dans le jeu articulaire ». S’agissant des vertèbres, la position anormale qui traduisait le blocage avait été longtemps assimilée à un déplacement.
Cette théorie de la vertèbre déplacée est aujourd’hui abandonnée. On parle plutôt de dysfonction articulaire, de blocage, de verrouillage, de dérangement intervertébral mineur. Les ostéopathes qui se réfèrent aux lois de H. H. Fryette sur le mouvement articulaire, ceux de la tradition anglo-saxonne, préfèrent nommer les blocages diagnostiqués au rachis selon la nomenclature qui reprend ses lois et qui donne le siège du blocage : par exemple, une dysfonction articulaire entre D1 et D2 sera qualifiée de ERS gauche si la facette articulaire bloquée est à gauche. E en extension, R en rotation, S en latéro-flexion. Toutes les dysfonctions qui touchent une ou plusieurs articulations sont diagnostiquées par la restriction des mouvements et la position des repères anatomiques palpables.
La correction s’effectue par plusieurs manœuvres possibles. La manipulation est l’une d’entre elles. Elle peut s’accompagner d’un « craquement » qui surprend et remplit de joie le praticien et son patient — ou le terrorise : « Qu’est-ce que vous m’avez cassé ? » En général, ce sont plutôt les côtes ou le pouce du praticien qui cèdent ! Mais le craquement ne signifie pas pour autant que la manœuvre est correctrice. De nombreux ajustements s’effectuent sans aucun repère sonore. Seules la position et la mobilité sont les signes cliniques du succès de la manœuvre.
La manipulation a des effets mécaniques sur les vertèbres, mais aussi sur les disques intervertébraux. Cela explique nombre de ses succès, mais aussi des aggravations aux conséquences redoutées par tous les praticiens. Les actions réflexes sont aussi importantes, car la manipulation vient briser d’un seul coup un cercle vicieux neurologique qui entretient la contracture musculaire, surtout au rachis. La contracture musculaire cède par un relâchement du muscle, manœuvre indolore, ou bien par étirement soudain, manœuvre douloureuse.
Les actions sur les réflexes du système nerveux végétatif sont bien établies. Ces propriétés sont particuliè-rement utilisées dans le cas de 1’« ajustement spécifique », manipulation à visée réflexe, principalement à l’étage supérieur du cou. Ce qui expliquerait quelques effets secondaires peu agréables comme des crises de sueur, une diarrhée, le déclenchement des règles, des malaises, des palpitations, des nausées, des vomisse-ments. Tous ces petits inconvénients rentrent dans l’ordre rapide-ment. Quoi que l’on fasse, un ajustement est toujours susceptible de produire des effets indésirables — et totalement imprévisibles.
Il n’y a pas d’ajustement réussi sans connaissance anatomique, biomécanique, sans expérience. Un geste, un seul geste, doit combiner en une fraction de seconde :
- le contact d’une zone de la main sur un élément anatomique palpable et reconnu qui sert de point d’application de la force ;
- le sens de la force qui correspond à l’orientation du plan de glissement des surfaces articulaires concernées ;
- la force elle-même qui dépend, pour les ostéopathes, de la qualité des verrouillages préparatoires (neutralisation des segments sus- et sous-jacents à l’articulation ajustée) et du respect du deuxième point. Dans la quasi-totalité des manœuvres, la force est faible. Il s’agit seulement de rompre une barrière qui doit céder avec une petite poussée ;
- la vitesse est nécessaire dans les techniques dites « à ressort ».
- il y a obligation biomécanique d’assurer les verrouillages pour que la manœuvre soit sélective
- il faut choisir la manœuvre et la position les plus confor¬tables pour le patient.
Et puis le respect des quatre règles d’or s’impose à tous :
- accord du patient, après information du risque
- reconnaissance des contre-indications
- ne jamais forcer une articulation qui refuse de céder
- adapter la manœuvre en fonction de l’âge, de la pathologie, de la typologie, respect si possible de la règle de la non-douleur.
L’ajustement peut se pratiquer dans toutes les positions : assis, debout, sur le ventre, sur le dos, sur le côté, sans table, sans autre outil que la main. Pour les osthéopathes, les techniques manipula- tives qui s’adressent aux articulations périphériques sont aussi importantes que celle du rachis. Une fois la dysfonction diagnosti-quée, toujours par des tests comparatifs d’un côté à l’autre, la cor-rection manipulative ne se justifie que si elle s’intégre dans un traitement global de rééquilibrage des tensions et des forces.
Parfois, en présence de certains symptômes aigus que l’on attribue à l’accumulation de micro-traumatismes ou à un faux mouvement touchant le poignet, le coude, l’épaule, le pied, le genou, la hanche, une manipulation spécifique, précise et sélective sera bénéfique. Les contre-indications restent tout à fait exceptionnelles. Elles n’interviennent que lorsque l’évaluation des atteintes organiques existent.
Manipulations à effet ressort, à effet de fouet, à correction dynamique (repositionnement de la pièce osseuse dans le jeu arti-culaire normal en effectuant un mouvement de traction), sont des gestes qui viennent du fin fond de l’histoire des rebouteux. Un ostéopathe est un rebouteux scientifique qui a su donner un sens à son intuition et à sa main !
L’ajustement se prépare aussi selon l’étage anatomique et les pièces qu’il faut débloquer. Les manœuvres qui s’adressent aux côtes peuvent être effectuées en position assise, à califourchon ou couché sur le côté. Le point d’application de la force et le sens de la force sont déterminés par la position de la côte concernée, bloquée soit en inspiration (collée à celle du dessus), soit en expiration (collée à celle du dessous). Par contre, la première côte sera ajustée dans toutes les positions. Il suffira de choisir celle qui correspond le mieux aux patients, à la pathologie et aux sensations perçues par la main.
Dans la région lombaire et pelvienne, l’orientation des facettes articulaires vertébrales ou des surfaces articulaires sacro-iliaques commande d’effectuer le verrouillage selon une modalité parti-culière : l’enroulement hélicoïdal.
Le point neutre d’intersection des deux hélices qui tournent en sens contraire, celle de la partie supé-rieure et celle de la partie inférieure, se situe précisément sur la facette articulaire vertébrale ou sur l’articulation sacro-iliaque. Si le praticien n’assure pas un verrouillage précis, ne dégage pas de plan de glissement des facettes, n’applique pas la force au point sélectionné, n’oriente pas sa force, la manipulation sera ratée. Le relâche-ment complet du patient est une condition majeure à la réussite de la poussée. L’aide de la respiration est indispensable. C’est à la fin de l’expiration, l’instant de la « faille expiratoire », que la manœuvre se réalise.
De nombreuses conditions doivent nécessairement être rassemblées pour qu’une manipulation ostéo-articulaire soit réussie. Comme la check-list du pilote, le praticien passe en revue les dif-férentes étapes qui conduisent au geste. Les vieux ostéopathes, malgré des années de pratique, respectent ces règles de procédure et de méthode. Tous les praticiens de médecine manuelle savent que l’échec sanctionne l’absence de rigueur. La manipulation ou ajustement reste la technique de choix de la médecine manuelle et de toutes les disciplines qui la composent.
Les mobilisations thérapeutiques:
Répétition d’un mouvement passif, orienté par les axes de fonctionnement d’une articulation, les plans de glissement, les amplitudes articulaires jugées normales dans le contexte clinique : ainsi se définit la mobilisation thérapeutique. Elle vise au « décrassage » ou au déverrouillage d’une ou plusieurs articulations rachidiennes et périphériques. Ce n’est pas une manipulation parce qu’il n’y a pas de poussée libérant la barrière motrice, mais les principes qui guident la mobilisation thérapeutique sont les mêmes.
Au rachis, la technique consiste à faire glisser les facettes articulaires, assouplir les capsules articulaires et les ligaments, et tirer les tissus péri-articulaires fibrosés. Les bras de levier sont ceux qui servent à la manipulation ; les positions sont variables. Pour le cou, le patient est allongé sur le dos ou assis ; pour le rachis dorsal, les côtes, le rachis lombaire, il est assis. En fait, chaque praticien adopte les positions confortables pour lui et le patient.
Les articulations périphériques ont chacune des mobilisations thérapeutiques originales. C’est la clinique et la pathologie qui commandent. Par exemple, les « tractions-mobilisations » au genou qui s’exécutent dans l’axe cuisse-jambe, sans rotation, ne ressemblent pas aux « tractions circumductions » de la hanche.
Les mobilisations thérapeutiques sont parmi les meilleures indications de la pathologie mécanique bénigne de l’appareil locomoteur. Leur champ d’activité est beaucoup plus large que celui de la manipulation. Elles combinent les effets mécaniques et les effets circulatoires. Elles normalisent la multitude de petites dysfonctions dont l’addition fabrique les gênes fonctionnelles de notre quotidien. Elles sont bien adaptées au traitement de nos arthroses évoluées, au rachis ou ailleurs, à nos épaules douloureuses fonctionnelles, nos hanches fonctionnelles, reflet de nos tentatives permanentes d’adaptation-compensation. Elles peuvent être contre- indiquées dans certaines poussées congestives arthrosiques très inflammatoires. Elles sont particulièrement appréciées des personnes âgées.
Le traitement général ostéopathique inclut dans ces séquences de nombreuses mobilisations thérapeutiques, des étirements de muscles, de fascias, qui se déroulent selon un sens déterminé à l’avance, un rythme imprimé au corps que l’on mobilise. Il stimule les échanges circulatoires et draine les stases veineuses et lymphatiques locales. Le plus souvent il se suffit à lui-même. Il y a peu de contre-indications. C’est l’outil « diagnostic-traitement » préventif préféré des ostéopathes de la tradition anglosaxonne.
Les manipulations viscérales:
Cette partie regroupe un ensemble de manœuvres qui correspondent à une situation anatomique particulière de l’organe à traiter. Les rapports qu’il entretient avec son voisinage, les attaches qui le relient aux autres organes et à l’appareil vasculaire, les amarres qui le fixent au système musculosquelettal, sont le fondement même des techniques viscérales. Il n’y a pas de recette globale, de loi biomécanique à appliquer comme dans la pathologie locomotrice. Le choix de la technique est soumis à l’analyse des éléments physiologiques responsables des troubles. Cependant, pour rester fidèle à la doctrine, il est recommandé de traiter dans un premier temps les déséquilibres diagnostiqués de l’appareil locomoteur.
La machinerie primaire d’abord. En effet, nous savons que les perturbations de la ligne de gravité induisent des changements notables des pressions intracavitaires (thorax, abdomen). Là aussi, le maillage étroit des organes impose la recherche des « suites anatomiques » qui vont commander les séquences de corrections manipulatives. De bas en haut, de gauche à droite, ou l’inverse, le credo reste le même : la main et l’anatomie. Trouver les organes en place est une affaire d’expérience.
L’anatomie des livres n’est plus celle de la main. Le contact de cette main sera chaud, délicat, précis. Elle évitera les errances inutiles. Elle recherchera le contact anatomique — et rien d’autre.
L’intention qui détermine l’intervention est justifiée si c’est un trouble fonctionnel ancien ou récent, diagnostiqué comme tel, une intervention chirurgicale abdominopelvienne. La clinique guide l’action. Le geste comprend des étirements-repositionnements directs et les « écoutes tissulaires » qui évaluent l’amplitude, le rythme, le sens du mécanisme respiratoire primaire pour ceux qui pratiquent ce concept. Il est fréquemment couplé avec des ajustements ostéo-articulaires ou des techniques cranio-sacrales.
Le toucher varie lui aussi en fonction de la technique. Partout où un organe peut être atteint par la main, une intervention à visée thérapeutique est possible. Par exemple, de nombreuses petites adhérences dans la région pleuro-pulmonaire, séquelles muettes de nos infections broncho-pulmonaires passées, vont céder grâce à des manœuvres combinées sur le thorax. Il s’agira en fait d’étirer ou de relâcher des tissus profonds, comme le médiastin, et des ligaments, grâce aux propriétés mécaniques de l’inspiration-expiration thoracique. Pour d’autres, qui pratiquent l’écoute tissulaire, « l’inspire-expire » du MRP est la référence.
La cavité abdomino-pelvienne est séparée du thorax par le dia-phragme dont la contraction lors de la respiration comprime les viscères. Cela met en lumière le rôle du périnée, plancher élastique fermé constitué de muscles et de ligaments, qui reçoit les pressions venues d’en haut. Ce plancher pelvien comprend deux orifices chez l’homme et trois chez la femme. Ainsi vaut-il mieux entretenir de bons muscles abdominaux pour s’opposer à la poussée viscérale vers l’avant et une bonne solidité du périnée pour éviter l’effondrement du système.
L’action de la pesanteur est une réalité permanente. La perte du tonus abdominal s’accompagne d’inflammations, de stase veineuse congestive, de spasmes réflexes, de troubles du transit. Le volume des viscères varie en permanence en fonction de leurs activités physiologiques. Néanmoins, le volume global qu’ils occupent a tendance à rester constant. Chaque organe occupe le maximum d’espace possible. C’est pourquoi les manipulations viscérales portent sur plusieurs organes d’une même région. Le rein, la rate, le pancréas sont à l’extérieur du péritoine. Le rein et la rate sont aisément palpables, avec de l’expérience.
Les techniques qui portent sur le foie, la vésicule biliaire, les voies d’évacuation biliaire, le cadre duodénal, le côlon sont couramment pratiquées par les ostéopathes. Le foie est bien connu ; la variété de ses fonctions dans le métabolisme, dans les sécrétions exocrines et endocrines, son rôle de collecteur de la circulation de retour de l’appareil digestif, expliquent pourquoi il est largement impliqué dans des perturbations fonctionnelles. Plus mystérieuse est la relation qui existe entre celui-ci et les troubles de l’humeur. Les manipulations sur le foie s’exécutent à l’aide d’une ou de deux mains, en position couchée sur le dos ou sur le côté, ou assis.
Elle vise à inhiber les spasmes des muscles lisses des canaux excréteurs (sphincters), à remettre « chacun à sa place », à drainer, à vidanger. Les résultats sont en général excellents pour les bonnes indications. La pathologie du stress qui accable nos patients est bien combattue par un foie qui fonctionne le mieux possible. Par contre, il existe de nombreuses contre indications, celles en particulier de toutes les pathologies « dormantes » ou asymptomatiques.
Il faut faire une place à part aux manipulations urogénitales, tant par la difficulté des techniques impliquées que par la complexité des pathologies régionales ou générales. Nous n’entrerons pas dans les détails qui conduisent aux diagnostics différentiels. Il s’agit d’établir avec certitude que le syndrome clinique ne présente aucun caractère organique avant d’utiliser des techniques de correction manuelle. Or la région pelvienne est aussi le lieu de croyances et de traditions. On ne peut les ignorer sans risque. Le devoir d’information est une priorité avant le moindre geste. Il faut décrire dans le détail la manœuvre, son objet, le bénéfice escompté, et obtenir le consentement sans réserve du patient ou de la patiente.
Les manipulations de la sphère urogénitale ont été étudiées par des scientifiques en utilisant des moyens modernes en collaboration avec des ostéopathes. Ils ont confirmé l’action et le rôle correcteur de la main : les effets ont été mesurés. La mobilité de chaque organe dans la cavité pelvienne a été reconnue comme étant le facteur significatif essentiel à la bonne fonction des organes, plus que leur simple position. Les travaux publiés par J.-P. Barrai sont une référence pour tout praticien qui souhaite perfectionner son art de la main. Nous nous sommes inspirés de ses expériences et de son enseignement.
Une description anatomique serait fastidieuse. Pourtant il faut juste rappeler que toutes les pièces anatomiques sont maintenues ou séparées par des tissus aux fonctions multiples qui doivent assurer solidité, glissement de l’une par rapport à l’autre grâce au liquide séreux, et stabilité. Les muscles, comme toujours, jouent un rôle capital par leur tonus, leur organisation anatomique (périnée), leur fonction (stabilisation latérale, régulation de pression).
L’ensemble s’équilibre parce que les tensions et les forces physiques entre le diaphragme thoracique et le périnée, véritable diaphragme pelvien, peuvent s’adapter en permanence aux situations de la vie quotidienne. La continuité anatomique que nous avions décrite pour les chaînes musculaires existe aussi pour les séreuses viscérales depuis la région pleuro-pulmonaire jusqu’à la région pelvienne inférieure. Ainsi s’établissent des espaces cloisonnés à l’intérieur desquels les pressions sont différentes. Celles-ci varient en fonction de la position couchée, assise et debout.
Ce phénomène est bien connu pour l’appareil circulatoire. La transmission de pression se fait verticalement par « la colonne des viscères » ou chacun s’appuie sur l’autre. Ensuite les pressions se répartissent dans la cavité pelvienne où elles sont amorties par les muscles. L’accumulation de ces pressions peut jouer un rôle néfaste en étant responsable d’une obstruction de la circulation de retour, la congestion veineuse localisée. Son importance comme nobles, neurologiques et vasculaires. Selon la théorie, la tension des membranes est équilibrée lorsque les fonctions le sont, c’est pourquoi on les appelle les membranes de tension réciproque, car leur point d’équilibre est le point d’équilibre du système.
Lorsqu’il y a rupture d’équilibre entre les tensions, il y a altération des fluctuations du liquide céphalo-rachidien. Toute asymétrie ou toute restriction de mobilité peut affecter la physiologie des grands nerfs crâniens (au nombre de douze). Les responsables sont des micro-œdèmes, des tensions ligamentaires, des perturbations du drainage veineux. La cinquième et la dixième paire de nerfs crâniens, dont le rôle physiologique est considérable, compte tenu de la variété de leurs actions sur les grandes fonctions et les grands appareils, sont particulièrement sensibles à ces situations.
Le diagnostic consiste à combiner deux étapes pour tester le mouvement des os du crâne. Les doigts bien calés sur des repères anatomiques précis, la main se laisse conduire par le mouvement. Lorsqu’un mouvement est limité, c’est que l’on est en présence d’une restriction. La méthode préconise de ne pas chercher à réduire la restriction. Puis l’énergie développée par la pression du liquide céphalo-rachidien sera orientée sur la boîte crânienne, vers un autre point, une suture. À d’autres moments, le praticien devra procéder par pressions sur des os de la cavité buccale en relation avec une main active à l’extérieur pour imprimer un mouvement libérateur. Le doigt est toujours intelligent ; chaque action du doigt intelligent est guidée par un raisonnement. Les doigts « cherchent, pensent et voient ».
La technique dépend de l’âge du sujet, de la pathologie, de sa cause, de son ancienneté. Le praticien doit l’interroger constamment pour juger de l’efficacité de son action. Car parfois la force déployée pour libérer certaines fixations doit être contrôlée. Dès qu’il s’agit du soulèvement de l’os frontal, de la rotation de l’os temporal, de la séparation naso-frontale, on peut parler d’action puissante. Bien évidemment, celle-ci varie en fonction de la résistance rencontrée.
Néanmoins, certaines techniques ne doivent pas être pratiquées sur des enfants avant cinq ou six ans. Les nourrissons et le petit enfant ne bénéficient que des techniques adaptées.
La gamme des manœuvres est assez étendue, elle va du « modelage » réservé aux tout-petits, qui consiste à effectuer des pressions sur les contours des os « pas en place »Jusqu’à des « écarte¬ments de sutures » appliqués aux plus âgés.
La collaboration du patient est nécessaire, grâce à la complicité de la respiration qui permet un meilleur contrôle de la manœuvre en éliminant les tensions musculaires issues de la périphérie. Le geste reste délicat ; les risques d’aggravation, tout en étant minimes, existent. Le praticien s’impose une discipline qui le rassure, puisque sa progression par étapes est conditionnée par le respect de la procédure action-libération.
Une fois les barrières mécaniques levées, il faut trouver le point d’équilibre des membranes réciproques, choisir le sens du mouvement le plus libre, utiliser la poussée du liquide céphalo-rachidien, la faille respiratoire, maintenir le point d’équilibre quelques secondes et ainsi de suite, en répétant la même procédure tant qu’on n’a pas obtenu un degré de liberté satisfaisant.
À l’opposé, anatomiquement et fonctionnellement, se situe le sacrum. La main est posée sur cette pièce anatomique, en épousant parfaitement ses contours. Elle se laisse entraîner naturellement par les mouvements qui l’animent, selon l’application des bases de cette physiologie particulière. L’absence ou la dissymétrie de mouvement est en corrélation avec l’absence ou la dissymétrie des mouvements perçus de la boîte crânienne.
La normalisation sacrale consiste tout simplement à se laisser guider dans le sens de la restriction, comme une sorte d’accompagnement, à maintenir la position à l’extrême et à relâcher. Il faut, là aussi, répéter la manœuvre jusqu’à satisfaction.
Il faut s’adapter à la dysfonction. Plus elle est chronique, plus il faut de temps et de patience, plus elle est organisée, plus il faut traiter les compensations. Toute étiologie traumatique locale ou à distance s’accompagne de perturbations notables, des fluctuations du liquide céphalo-rachidien.
La technique « de retour au calme », est celle qu’il faut employer de préférence. L’axe de normalisation cranio-sacral passe par la restitution physiologique et positionnelle des articulations entre des pièces maîtresses anatomiques que sont l’os sphénoïde et l’occiput en haut, le sacrum et l’anneau pelvien en bas.
Les indications des techniques crâniennes se retrouvent dans de nombreux syndromes chroniques : ORL, gastro-entérologiques, endocrinologiques, ophtalmologiques, rhumatologiques, gynécolo-giques, neuropsychiatriques chez l’adulte et chez l’enfant. Mais le champ d’action privilégié du concept reste celui de la pédiatrie. Les réponses au traitement sont toujours incertaines. Savoir et sentir doivent se conjuguer avec raison. Subjectivité et ambiguïté de la main s’immiscent constamment dans les tentatives des praticiens de cibler leur action sur des modèles anatomiques et physiologiques raisonnables.
Les praticiens responsables le reconnaissent et acceptent avec modestie que leurs succès thérapeutiques puissent être entachés des réserves que l’on émet habituellement sur leurs gestes. Les techniques crâniennes donnent parfois d’étonnants résultats, surtout gratifiants lorsqu’ils concernent des enfants ou des adultes handicapés par un syndrome clinique devenu invalidant.
Les détracteurs sont nombreux, les sceptiques de plus en plus agressifs.
Les arguments avancés méritent tout de même d’être considérés, compte tenu de la confusion, des ambiguïtés, de la sub-jectivité du rôle sensible de la peau et du contexte dans lequel s’organise la relation praticien-patient. Pour ceux-là, l’action princi-pale des doigts se ferait sur des points réflexes situés sur le crâne, en somme une technique de réflexo-thérapie identique à ceux que l’on rencontre au pavillon de l’oreille, ou à la face plantaire du pied.
Pour d’autres, biomécaniciens, stomatologistes, anatomistes, ce sont les fondements mêmes du concept qui sont remis en question : fluctuation du liquide céphalo-rachidien et mobilité des sutures. Ainsi sont déniées les applications thérapeutiques. La question n’est pas près d’être tranchée. Pour l’heure, la technique cra- nio-sacrale est appliquée par de nombreux ostéopathes chez l’enfant et chez l’adulte. Certes, les indications ne sont pas les mêmes, mais l’alternative crânienne permet de répondre sans contre-indication majeure aux pathologies « de la désorganisation des rythmes et de la désynchronisation ».
Vidéo : Les techniques ostéopathiques
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : Les techniques ostéopathiques
https://www.youtube.com/embed/Hoy4G6lmQ5Y
Une réponse pour "Les techniques ostéopathiques"
Bonjour,
Désolé de vous contre dire mais les manipulations provoquant une cavitation (=crack) sont tout bonnement interdites aux ostéopathes lorsqu’ils n’ont pas le titre de docteur en médecine.
Je vous invite à lire les décrets relatifs aux actes et aux conditions d’exercice de l’ostéopathie du 25 mars 2007, où il est clairement écrit:
« …l’ostéopathe effectue des actes de manipulations et mobilisations non instrumentales, directes et indirectes, NON FORCÉES,…. » or une manipulation avec crack est une manipulation forcée donc interdite.
En France seuls les médecins et chiropracteurs ont le droit de faire ce genre de techniques.
Bonne journée à vous.