Les impressions de l'asthmatique
Elles sont toujours très variées, majorées par notre propre anxiété. II faut donc toujours les confronter a un avis extérieur, et en pratique a celui de son médecin traitant.
Pour s’en convaincre, il suffit de discuter avec des étudiants en médecine. La grande majorité s’est trouvée, a tort, les maladies dont ils étudiaient les signes. Cela veut dire que nous ne sommes pas faits pour nous observer. Si au début, cette attitude est bénéfique, car elle déclenche le reflexe d’attention, il faut que ce reflexe d’auto-observation soit suivi d’une consultation pour évaluer objectivement la réalité de la situation, indépendamment de notre propre angoisse.
Une crise d’asthme, c’est le fait de se trouver prive d’air, comme par exemple lorsque l’on essaye de respirer par le nez quand il est bouche. Une autre image représentant un sujet asthmatique en crise est simple a réaliser: respirer par le nez et souffler par l‘intermédiaire d’une paille de petit calibre. C’est difficile au repos, et devient franchement pénible des que le besoin de respirer plus énergiquement se fait sentir. Le lecteur peut essayer de courir dans ces conditions I Je doute qu’il y arrive, car le diamètre de la paille étant insuffisant pour le débit de l‘air dans les branches, cette paille devient un obstacle au rejet de l’air.
Essayez de gonfler un ballon de baudruche au tout début avant qu’il ne soit déplisse ! C’est difficile, car les parois de l‘orifice qui permet le gonflage sont complètement collées. Même quand on souffle très fort, on a du mal a le décoller. Eh bien, les branches d’asthmatiques en crise ressemblent a ce ballon non déplisse. L’air ne passe pas, même quand I’ asthmatique force, car les parois des branches se sont rapprochées, et sont parfois même complètement bouchées. L’air est prisonnier dans les poumons, il n’arrive pas a franchir le barrage qu’ont forme les branches. Il faut pousser pour en faire sortir l’air, afin de le renouveler. C’est le fait de forcer qui est ressenti par le malade, et c’est ce que nous appelons la dyspnée expiratoire. C’est le passage de l’air sous pression, du fait de cet effort de poussée, qui entraine les sifflements, que les patients et leur entourage peuvent entendre.
Bien que la maladie soit une gêne a la sortie de l’air des poumons, l’ impression décrite est celle d’une impossibilité a « prendre » de l’air. Ceci se comprend très bien, puisque l’air bloque a l‘intérieur des poumons occupe I’ espace disponible, empêchant ainsi l‘arrivée de l’air extérieur lors de l‘inspiration.
Une autre sensation fréquemment rencontrée est celle d’une oppression de la poitrine, la sensation que quelque chose se passe dedans. Bien entendu, cela pourrait faire plutôt penser, quand le patient est âge, a de I’ angine de poitrine, mais en fait, tres vite, la distinction est faite. Nous avons vu l‘importance de cette sensation d’oppression au réveil le matin.
Il y a des descriptions imagées des crises d’asthme dans la littérature non médicale. Nous pouvons suivre François Bernard Michel dans son évaluation de la description d’une crise d’asthme que donne Raymond Queneau dans son roman Loin de Rueil. C’est une très bonne description, mais qui n’est pas la seule. Robert Merle en donne une description intéressante et impressionnante, dans son roman Maleville. Cette description représente tout ce a quoi le patient asthmatique peut et doit échapper actuellement, car nous disposons de quoi faire en sorte que ces tourments n’arrivent pas. Afin d’élargir son opinion, nous conseillons au lecteur de lire I’œuvre des auteurs cites dans l‘introduction, ce qui lui permettra de bénéficier du vécu de ces auteurs.
Cette lecture se fera toutefois en gardant en permanence en arrière-pensée que les situations décrites appartiennent au passe, et que depuis, les traitements modernes ont modifie la manière d’appréhender cette maladie, tant par la famille que par le patient lui-même.
En résume, il faut retenir qu’il est nécessaire de consulter régulièrement son médecin lorsque Ton est asthmatique, même si tout semble bien se passer. Une dérive est toujours possible, et il faut un œil extérieur pour s’en rendre compte.