Les dysfonctionnements de la thyroïde : les cancers
Le cancer est une croissance anormale des cellules qui envahissent et qui détruisent les tissus sains de l’organisme. On répertorie plus de cent espèces de cancers, dont plusieurs formes de cancers de la thyroïde. En règle générale, les cellules saines croissent, se divisent et se renouvellent de façon ordonnée, ce qui permet à l’organisme de conserver son équilibre. Si les cellules se divisent et croissent de façon désordonnée, un tissu excédentaire se développe et forme une tumeur qui peut être bénigne ou maligne. Les tumeurs bénignes ne sont pas des cancers et, une fois enlevées, les risques de récidive sont rares et ne mettent pas la vie du patient en jeu. Les cancers sont des tumeurs malignes. Elles peuvent envahir les organes sains, voisins, et passer dans le sang ou dans le système lymphatique et former par la suite des métastases. Une fois ôtée, la tumeur cancéreuse peut, malheureusement, se développer à nouveau localement ou à distance.
Le cancer de la thyroïde est un cancer rare puisqu’il représente environ, actuellement, 1 % des cancers en France avec une incidence annuelle de 7,5 cas pour cent mille personnes (par comparaison le cancer du sein touche 110 femmes sur 100 000). Il est plus fréquent chez la femme que chez l’homme, chez les personnes d’âge avancé, chez celles qui vivent dans des régions carencées en iode ou ayant subi une irradiation de la région cervicale (le cancer de la thyroïde se place au dixième rang des cancers chez la femme et au dix-septième rang chez les hommes). On estime que 4 % des cancers de la thyroïde surviennent avant vingt ans, 20 % entre vingt et un et quarante ans, 35 % entre quarante et un et soixante ans et 41 % après soixante ans. En 2000, l’âge médian lors du diagnostic est de cinquante et un ans pour la femme et cinquante-deux ans pour l’homme. L’incidence va décroissant avec l’âge : soixante-cinq ans pour les femmes, soixante-quinze ans pour les hommes. L’incidence augmente depuis les années 1970.
En 2000, on a diagnostiqué en France trois mille sept cent nouveaux cas de cancer de la thyroïde avec une augmentation constatée depuis près de vingt ans. Parmi ces trois mille sept cent cas de nouveaux cancers de la thyroïde, 78 % sont survenus chez la femme et 22 % chez l’homme.
De 6 % à 10 % des nodules thyroïdiens isolés sont des cancers
Le pronostic de ce cancer est bon avec une survie globale à dix ans de 80 à 95 %.
Il existe plusieurs types de cancers de la thyroïde : les cancers différenciés qui sont sensibles à la TSH et les cancers indifférenciés, indépendants de la TSH, les cancers médullaires et les lymphomes.
Les cancers différenciés
Les cancers différenciés sont les cancers les plus fréquents puisqu’ils représentent plus de 80 % des cancers de la thyroïde et surviennent, la plupart du temps, chez des sujets jeunes. Ils dérivent des cellules “vésiculaires” de la glande thyroïde qui sont les cellules qui fabriquent les hormones thyroïdiennes. Us sont appelés ainsi car leurs cellules ont des propriétés identiques aux cellules vésiculaires en captant, notamment, l’iode.
On classe les cancers différenciés en deux catégories :
- les cancers papillaires
- les cancers vésiculaires ou folliculaires
Le cancer pupillaire:
Le cancer papillaire représente 70 % des cancers thyroïdiens différenciés. Son taux d’incidence annuel varie de 0,5 à 10 pour cent mille individus et son taux de guérison est élevé puisqu’il figure parmi les cancers ayant le plus fort potentiel de guérison.
Du point de vue clinique, les patients atteints d’un cancer papillaire présentent un nodule de la thyroïde asymptomatique, bougeant lors de la déglutition qui, malheureusement, ne peut, à ce stade, être distingué du nodule bénin. Un nodule thyroïdien peut faire penser à une tumeur cancéreuse s’il est détecté chez des enfants, des aciolescents, des personnes âgées ou lorsqu’il grossit. Lorsque la maladie avance, le patient devient enroué, fatigué, et a du mal à déglutir.
Au niveau histologique, le cancer papillaire de la thyroïde est une tumeur non encapsulée avec des structures papil- laires et folliculaires. Le noyau de la cellule se modifie : chevauchement nucléaire, invaginations de cytoplasme dans le noyau qui a une taille importante avec un aspect de verre dépoli, fentes nucléaires longitudinales. La tumeur se répand à travers les vaisseaux lymphatiques de la thyroïde vers les ganglions lymphatiques et parfois vers les poumons. On classe dans les cancers papillaires, les cancers qui associent en même temps des éléments papillaires et des éléments vésiculaires. Ce pronostic est le même pour ces formes mixtes que pour les cancers papillaires.
Le cancer vésiculaire ou folliculaire:
Le cancer vésiculaire ou cancer folliculaire représente 30 % des cancers thyroïdiens différenciés et est fréquent autour de la quarantaine. Les tumeurs sont encapsulées et donnent peu de métastases locales ganglionnaires. Leur diffusion est, par contre, sanguine et entraîne des localisations osseuses et pulmonaires. Ce cancer est de moins bon pronostic que le cancer papillaire.
Ce cancer n’est pas facile à diagnostiquer et il s’appuie sur la rupture capsulaire ou l’invasion vasculaire. On classe, dans les cancers vésiculaires, les tumeurs à cellules oxyphiles.
Les autres cancers thyroïdiens indifférenciés:
Le cancer médullaire:
Le cancer médullaire a été décrit pour la première fois en 1959. Il correspond à une tumeur des cellules parafollicu- laires (cellules C qui sécrétent la calcitonine) issues de la crête neurale et représente 5 % des cancers thyroïdiens. Ces tumeurs ne sont pas concernées par le métabolisme de l’iode.
L’évolution de ce cancer se fait, à la fois, sur le plan loco- régional et métastatique à distance.
Les carcinomes médullaires ont de grandes cellules avec un noyau centré, un cytoplasme ponctué de rares granulations et présentent, assez souvent, des nappes de substance amyloïde.
En cas de doute, un marquage par anticorps anticalcitonine confirmera ou infirmera le diagnostic.
Le cancer médullaire peut faire partie d’une néoplasie endocrinienne multiple de type 2A qui s’associe à un phéochromocytome ou de type 2B avec dysmorphie de type marfanoïde et anomalie du squelette et des fibres nerveuses.
Le cancer indifférencié ou anaplasique:
Le cancer anaplasique est rare puisqu’il représente environ 5 % des cas. Beaucoup plus grave que le cancer différencié, il survient surtout chez des sujets âgés. Son évolution est rapide, locale ou régionale, ganglionnaire ou métastasique.
Il existe d’autres types histologiques de cancers qui sont cependant beaucoup plus rares comme le lymphome.
Les facteurs étiologiques (expliquant les causes de la maladie):
Dans 95 % des cancers, aucune étiologie n’est trouvée en ce qui concerne les cancers papillaires et les cancers vésiculaires.
- Des études ont cependant suggéré que la surcharge iodée peut augmenter la fréquence des cancers papillaires et que les cancers vésiculaires sont favorisés par la TSH.
- En ce qui concerne l’irradiation de la région cervicale, le facteur étiologique est en cause, car il a été prouvé qu’une irradiation, en particulier dans l’enfance, favorise l’apparition des cancers thyroïdiens. Le temps de latence, entre l’irradiation et l’apparition de la tumeur maligne, varie en moyenne entre dix et vingt ans. Il est parfois plus court comme on a pu le constater après l’accident de Tchernobyl en Ukraine et en Biélorussie dès quatre ans après l’accident. Même à faible dose, une irradiation peut entraîner des perturbations de la glande thyroïde et des cancers, en général de type papillaire. Il a été démontré que la dose d’irradiation fait varier les risques : les doses modérées augmentent les probabilités de cancer, les fortes doses entraînent une destruction thyroïdienne, ce qui est confirmé par l’absence de dégénérescence des goitres hyperthyroïdiens qui sont traités à l’iode radioactif.
- Il existe d’autres facteurs étiologiques qui sont cependant plus rares, comme la thyroïclite d’Hashimoto qui est un facteur favorisant l’apparition des lymphomes thyroïdiens.
- Il est démontré que les facteurs hormonaux chez la femme tout comme les maladies thyroïdiennes (nodule, goitre, thyroïdite d’Hashimoto) peuvent favoriser l’apparition de cancer de la thyroïde.
La classification
La classification de la maladie permet de mettre le traitement le plus approprié en place.
Tumeur primitive :
TO : pas de tumeur palpable
T1 : tumeur unique limitée à l’isthme ou à un lobe. Il n’y a pas de déformation de la glande et la mobilité est intacte.
T2 : présence d’une tumeur unique ou multiple qui déforme la glande. La mobilité est intacte.
T3 : la tumeur dépasse la glande ou fixée ou avec une infiltration périphérique.
Adénopathies cervicales :
N0 : il n’existe pas d’adénopathie palpable.
N1 : présence d’un ou de plusieurs ganglions palpables, homolatéraux et mobiles.
N2 : présence de ganglions mobiles contrôlatéraux et/ou bilatéraux, mobiles.
N3 : présence d’un ou de plusieurs ganglions fixés.
Métastases viscérales :
MO : pas de métastases décelables
M+ : métastases décelées.
Vidéo : Les dysfonctionnements de la thyroïde : les cancers
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