Le syndrome de fatigue chronique
Ce syndrome pourrait rappeler la neurasthénie, maladie à la mode du XIXe siècle, en Europe, comme le rappellent certains auteurs. Comme la neurasthénie, il touche plus souvent les filles que les garçons (sex ratio de 3 à 4 filles pour 1 garçon). Pourtant, des critères diagnostiques ont été proposes pour ce syndrome de fatigue chronique (CFS). Il concerne des enfants et adolescents souffrant d’une asthénie, intense, non liée à l’effort, et non atténuée par le repos, durable, c’est-à-dire supérieure à six mois, mais aussi nouvelle avec un début précis. Le début se situe souvent après un épisode infectieux aigu.
Ce syndrome de fatigue chronique, dont les pédiatres font le diagnostic après avoir éliminé toutes les causes médicales de fatigue (modification des rythmes de vie et causes infectieuses principalement, etc.) reste toutefois assez mystérieux dans ses origines.
Il est un grand pourvoyeur d’absentéisme scolaire. La moitié des enfant sont alités, et certains utilisent pendant un temps variable une chaise roulante.
Les deux tiers sont incapables d’aller à l’école avec des absentéismes qui peuvent durer une année voire plus. Des épidémies ont été décrites dans certaines écoles.
Les hypothèses explicatives de ce syndrome sont infectieuses, immunologiques, endocriniennes, biochimiques mais on ne peut nier l’intervention de facteurs psychologiques ou psychiatriques, bien que le diagnostic nécessite l’élimination d’un syndrome psychiatrique.
Les enfants porteurs de fatigue chronique auraient plus de symptômes somatiques et moins de signes dépressifs, moins d’idéation suicidaire, une meilleure estime de soi que les déprimés.
En revanche, la connotation psychologique est nette dans le syndrome de fatigue chronique puisque ces enfants montrent plus de détresse psychologique et plus de signes dysphorique que des enfants porteurs de maladies graves comme la mucoviscidose ou les cancers.
On peut donc faire l’hypothèse que même si l’origine du trouble est organique, il existe des facteurs de vulnérabilité psychologique. Et surtout il y a des facteurs de maintien du trouble, en particulier familiaux : familles très anxieuses qui poursuivent une recherche éperdue d’une cause précise et maintiennent l’enfant dans une position de malade grave.
Des facteurs sociaux ont été également repérés : le début est souvent à l’automne, souvent lors du passage au collège, et le trouble semble plus fréquemment atteindre des enfants de bon niveau socio-économique.
D’autres facteurs de maintien du trouble sont iatrogéniques par la multiplication des consultations médicales (2 à 22 praticiens sont consultés, et en moyenne 7) et des examens. Pendant toutes ces heures de consultations et d’examens, l’enfant est absent de l’école et il lui sera bien difficile d’en reprendre le chemin…