Le diagnostic : à quel âge
Mon expérience m’a démontré que, dans la très grande majorité des cas, le diagnostic d’hyperactivité se faisait tard, parfois trop tard. H ne faut pas attendre que l’enfant ait redoublé une ou deux années scolaires avant d’intervenir. Il ne faut pas attendre que l’enfant, avec son immense capacité d’adaptation, se soit habitué à son état; il pourrait alors être craintif à toute intervention. Autrement dit, il ne faut pas laisser souffrir inutilement l’enfant avant d’intervenir.
Il faut donc à tout prix faire connaître le problème de façon extensive à tous les parents et enseignants pour leur permettre d’envoyer à des spécialistes, et ce le plus rapidement possible, tous les enfants présentant des symptômes d’hyperactivité. Plus tôt se fera l’intervention, plus celle-ci sera efficace.
L’idéal serait de dépister l’hyperactivité avant que les enfants commencent à fréquenter l’école. Lors de l’examen de l’enfant à l’âge de cinq ans, certains pédiatres font passer certains tests simples pour tenter de découvrir ceux qui ne sont pas prêts à commencer l’école. La Société canadienne de pédiatrie tente actuellement de mettre au point un test qui pourrait être passé à tous les enfants; pour le moment, très peu d’enfants sont évalués sur ce plan, soit parce que leur médecin ne fait pas ces tests ou simplement parce qu’ils ne sont pas examinés à cet âge. Ce retard de diagnostic serait surtout fréquent chez les enfants dont le comportement n’est pas trop affecté par de l’agitation motrice. Pourtant, l’absence de ce symptôme ne signifie pas pour autant que l’enfant n’est pas sévèrement atteint.
L’école pourrait aussi faire un effort additionnel pour découvrir ces enfants et les envoyer en consultation. Actuellement, de nombreux enfants ne sont examinés et traités qu’après plusieurs années de souffrance et d’incompréhension, et ce surtout en raison du fait que le problème est mal connu du milieu scolaire. Par exemple, les enseignants et les spécialistes de l’école ont été influencés par une publicité très négative concernant l’usage de médicaments chez les hyperactifs.
Finalement, je crois que les parents ont aussi un rôle à jouer dans le dépistage de problèmes d’hyperactivité chez leur enfant. Ils doivent se mettre en contact avec le personnel enseignant, s’informer de ce qui se passe à l’école, être présents aussi souvent que possible aux rencontres parents-enseignants. Ils pourront ainsi mieux connaître les problèmes de leur enfant et consulter un spécialiste plus tôt.
Malheureusement, on assiste trop souvent à des levées de bouclier contre ces enfants qu’on croit «bourrés de médicaments pour les tenir tranquilles». Ces interventions, qui sont le fait des médias, tendent à culpabiliser les parents, à leur faire sentir qu’ils sont responsables des problèmes de leur enfant. On leur fait croire que de consulter un spécialiste pour un enfant hyperactif, surtout s’ils acceptent qu’il prenne des médicaments, équivaut à un abandon de leurs responsabilités. Puisse une meilleure information faire disparaître cette culpabilité que ressentent bien à tort trop de parents.