La phytothérapie rénovée
La phytothérapie est l’utilisation thérapeutique des substances végétales (herbes, feuilles, fleurs, racines, graines) fondée sur l’observation empirique de l’action phar- macologique des plantes médicinales. La médecine académique l’a reléguée dans le musée des traitements dépassés mais dans certaines universités, on enseigne la phar- macognosie pratique et clinique. Le grand public, qui confond souvent la phytothérapie avec l’herboristerie, ne peut pas s’en passer : tout, le monde a recours un jour ou l’autre à une tasse de camomille comme sédatif, ou à une infusion de mauve comme laxatif et diurétique.
La phytothérapie rénovée est un peu différente de la phytothérapie classique. Elle a été présentée par deux spécialistes français, C. Bergeret et M. Tetau, en 1972. Ils cherchaient à adapter scientifiquement l’utilisation des plantes aux nécessités de la médecine actuelle. Il est en effet évident que les patients d’aujourd’hui sont intoxiqués par les médicaments. La personne atteinte de coronaropathie a toujours sa trinitrine à portée de main, l’hypertendu son diurétique, son bêtabloquant ou autres hypotenseurs. La polypharmacie synthétique règne en maître. Il est impossible de l’ignorer et dans certains cas, on commettrait même un délit en ne prescrivant pas un médicament « de secours » ou un antibiotique.
Il faut remonter aux causes indirectes de ce phénomène. La polypharmacie provoque souvent une surcharge en toxines de l’organisme et une fonctionnalité réduite des émonctoires (foie, rein, intestin, poumon). L’intoxication entraîne des constipations, des irritations, de l’anxiété, de la fatigue, un vieillissement précoce, une dégénérescence cellulaire. L’organisme ne réagit souvent pas à cette intoxication, ou bien il réagit mal, même quand on le soumet aux thérapies naturelles, à l’homéopathie, à l’homotoxicologie, à l’anthroposophie. Il devient alors nécessaire de recourir à la phytothérapie rénovée, que l’on divise en phytothérapie et en gemmothérapie.
La prescription phyto-gemmothérapeutique
Elle repose sur deux types de préparations : la teinture mère, qui constitue à la fois la base de la phytothérapie et l’élément de départ des remèdes homéopathiques, et le produit macéré glycériné à 1DH.
La teinture mère phytothérapique
Elle est élaborée à partir de la macération hydro-alcoolique de plantes fraîches, parfaitement propres et broyées juste après leur récolte. Ses indications phytothérapi- ques sont très nombreuses.
La dose oscille entre 50 et 100 gouttes diluées dans l’eau par jour, réparties en deux ou trois prises. Chez un nouveau-né, il faut administrer un dixième de la dose requise pour un adulte, une demi-dose chez un enfant et deux tiers de la dose chez un adolescent ou une personne âgée.
Son effetest uniquement thérapeutique, sans symptômes iatrogènes indésirables, contrairement à ce qui survient quand on prend des médicaments synthétiques ou hémisynthétiques, dits à molécule pure, bien qu’ils soient tirés de plantes médicinales.
Le principe de la molécule pure, qui domine la pharmacologie chimique de notre siècle, ne considère pas la plante comme un organisme vivant : il ignore que ses composantes sont reliées entre elles et qu’elles constituent un tissu physiologiquement actif dans son ensemble. Il ne voit dans la plante qu’un réceptacle dans lequel il peut chercher des groupes moléculaires différents qu’il sépare et utilise individuellement. Certains servent en thérapie (alcaloïdes, huiles, glucosides, stéroïdes, flavines, etc.), d’autres en alimentation (protéines, hydrates de carbone, graisses), d’autres encore comme matériau technologique (cellulose, pigments).
La société de consommation a entraîné l’utilisation sans discrimination de médicaments pour tous les troubles possibles, véritables ou imaginaires. C’est ainsi que beaucoup de gens y ont recours, même s’ils sont en très bonne santé ou que le médicament n’est d’aucune utilité pour leur maladie : ils n’en récoltent qu’un effet iatrogè- ne. Cela ne se produit pas quand on prend des gouttes de teinture mère car celle-ci contient la plante active dans son ensemble, et structurée comme on la trouve dans la nature.
Le produit macéré glycériné gemmothérapique
On le prépare en utilisant des parties embryonnaires fraîches : des bourgeons, des jeunes pousses, des écorces internes de racines et de tiges. S’agissant de tissus en voie de multiplication, ils possèdent de nombreux facteurs de croissance, des hormones telles que l’auxine. La gemmothérapie peut donc être définie comme la thérapie embryo-tissulaire végétale. Elle est également employée dans le drainage biothérapeutique avec l’organothérapie et la lithothérapie déchélatrice.
Préparation :elle s’effectue en faisant macérer des bourgeons frais ou d’autres tissus végétaux à un vingtième de poids sec dans la glycérine. Après avoir filtré le produit, on le dilue à un dixième (1DH) pour obtenir un effet pharmaco-dynamique consistant, dans un mélange d’eau, d’alcool et de glycérine.
Drainage biothérapique végétal : les principes actifs des produits gemmothéra- piques (très faibles chez les plantes adultes) sont indiqués pour drainer les substances toxiques que les organes émonctoires ne parviennent pas à éliminer. Le drainage est prescrit aussi bien chez une personne en bonne santé, quand elle n’est pas en forme parfaite parce que son foie ou ses reins rechignent à faire leur devoir, que chez une personne malade, quand les remèdes homéopathiques n’apportent pas de bienfaits alors qu’ils ont été prescrits correctement. Dans tous les cas, on prescrit le drainage dès que la réactivité du sujet est faible.
La dose oscille entre 50 et 70 gouttes par jour à prendre dans l’eau ; la prescription peut être modifiée sur avis du médecin, en fonction du degré de tolérance. Il ne faut pas mélanger différents produits de gemmothérapie dans le même verre, afin de ne pas provoquer d’interactions pharmacolo- giques. Le liquide doit être bu lentement et à petites gorgées.
Les produits phytothérapiques
Achillea millefolium (achillée) : aménorrhée, oligoménorrhée, dysménorrhée ; anorexie, dyspepsie atone et ou fermentative, diathèse hémorragique, ménorragie, hémorroïdes (usage topique).
Aesculus hippocastanum (marronnier d’Inde) : hémorroïdes, phlébite, varices, varicocèle, prostatisme, engelures, douleurs articulaires sacro-iliaques.
Agropyron repens (chiendent) : inflammation, calculs dans les voies urinaires, rétention hydrique, œdèmes, cellulite.
Allium sativum (ail) : hypertension, rhumatismes, catarrhe, diarrhée.
Anisum pampinella (anis vert) : gaz intestinaux dus à la fermentation, mauvaise digestion avec crampes intestinales, agitation nerveuse, insomnie.
Arctium lappa (bardane) : dermatose, acné, eczéma, séborrhée ; exanthème ; rougeole et roséole ; hyperglycémie et diabète.
Calendula officinalis (souci) : (usage interne) troubles menstruels, hépato-biliai- res ; (usage externe) dermatoses érythéma- teuses, hyperkératose.
Carduus marianus (chardon-Marie) : cholagogue (facilite l’écoulement de la bile des voies biliaires extra-hépatiques), hépato-protecteur ; hépatopathies, cirrhose, stéatose hépatique, hypertension portale, hémorroïdes, varices, tendance aux hémorragies.
Chamomilla vulgaris (petite camomille) : éruption dentaire douloureuse chez les enfants, aménorrhée, dysménorrhée, troubles de la ménopause, spasmes gastro-intes- tinaux douloureux.
Chelidonium majus (chélidoine) : faible sécrétion biliaire, hépa- topathie, spasmes gastro-intestinaux et biliaires, hypertension, tachycardie, coronaropathie.
Cynara scolymus (artichaut) : hypofonc- tionnalité hépatique (digestion lente, nausée, éructations, météorisme, flatulence) ; hypercholestérolémie, hypertriglycé- ridémie, hyperuricémie, goutte, diabète, artériosclérose.
Drosera rotundifolia (droséra) : bronchite aiguë et chronique, asthme bronchique, coqueluche, toux spasmodique.
Equisetum arvense-hiemale (prêle des champs) : conditions de déminéralisation, cystites, cystoplégies, énurésie nocturne, oligurie, diathèse goutteuse, lithiase rénale, épistaxis, hémoptysie, hémorroïdes, ménorragie.
Escholztia californica : trouble du sommeil, anxiété, insomnie initiale.
Fucus vesiculosus (varech vésiculeux) : surcharge pondérale, obésité, rétention hydrique, cellulite, constipation, psoriasis, goutte, rhumatismes chroniques.
Fumaria officinalis (fumeterre) : obésité, érythrocytose, hyperviscosité hématique, hypertension artérielle et artériosclérose, déficit fonctionnel des voies biliaires, dermatoses squameuses, parasitoses.
Hamamelis virginiana (hamamélis) : varices, thrombophlébite, hémorroïdes, varicocèle, contusions.
Harpagophytum procumbens (griffe du diable) : rhumatisme chronique dégénérescent, arthrose cervicale, lombarthrose, coxarthrose, gonarthrose.
Passiflora incarnata (fleur de la Passion) : neurasthénie, éréthisme cardiovasculaire, syndromes psychosomatiques spastiques intestinaux, troubles de la ménopause.
Pilosella hieracium (oreille-de- souris) : anurie, oligurie, cellulite, obésité, cystite, colibacillose, brucellose (fièvre de Malte).
Rauwolfia serpentina (serpentin) : hypertension artérielle, éréthisme cardio-vasculaire, syndromes anxieux-dépressifs, insomnie.
Rhamnus frangula (bourdaine) : constipation chronique due à une insuffisance biliaire, acné, cellulite, obésité, parasitose intestinale.
Salvia officinalis (sauge) : neurasthénie avec vertiges, tremblements, hyperhidrose ; aménorrhée, dysménorrhée, stérilité fonctionnelle ; calvitie masculine héréditaire, séborrhéique.
Saponaria officinalis (saponaire) : dermatoses chroniques, catarrhe, constipation.
Satureja hortensis (sarriette) : neurasthénie, impuissance, coït douloureux, frigidité.
Solidago virgaurea (verge d’or) : colibacillose, cystite, cystoplégies, oligurie, hypertrophie prostatique, lithiase urique, uricémie, goutte, entérites, entérocolites, diarrhée du nourrisson.
Spiraea ou Filipendnla ulmaria (reine des prés) : rhumatisme chronique, hyperuricémie et goutte.
Taraxacum dens leo- nis (pissenlit) : dyspepsie, langue chargée, inappétence, aérophagie, constipation avec céphalée, hémorroïdes, dermatoses chroniques, rétention hydrique, obésité, cellulite, stéatose hépatique (foie gras), hypercholestérolémie.
Tussilago farfara (tussilage) : toux spas- modique, sèche ou catarrheuse, grippe, laryngite, trachéo-bronchite, bronchite.
Uva ursi (raisin de mer) : colibacillose, cystite, cystoplégies, urétrite, incontinence urinaire, énurésie nocturne, calculs urinaires, leucorrhée, ménorragie, hypertrophie prostatique avec pyurie.
Valeriana officinalis (valériane) : hyper- excitabilité nerveuse, anxiété, insomnie ; neurasthénie, palpitations, déglutition hystérique, névralgies, surtout lombo-sacrées, troubles de la ménopause.
Verbascum thapsus (bouillon blanc) : grippe, inflammation des voies respiratoires supérieures, névralgies faciales, du trijumeau.
Vinca minor (petite pervenche) : hypertension artérielle avec céphalée et vertiges, croûtes de lait, eczéma « constitutionnel » de l’enfant, asthénie, baisse de la mémoire chez la personne âgée.
Viola tricolor (pensée sauvage) : dermatoses aiguës et chroniques.
Viscum album (gui blanc) : hypertension artérielle.
Viscum crataegi (gui de l’aubépine) : hypertension artérielle, cœur « malade », cœur sénile.
Zea mays (maïs) : cystites récidivantes, lithiase rénale, dermatose de tous types et de toute nature.
Vidéo : La phytothérapie rénovée
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