La mémoire des enfants est-elle la meilleure
La plupart des gens pensent que la mémoire des enfants est meilleure que celle des adultes et les observations présentées à l’appui de cette idée sont multiples. Telle mère de famille raconte par exemple qu elle s’est fait battre à plate couture par sa fille de 10 ans à un jeu de mémoire qui consiste à retourner deux cartes couplées (deux girafes ou deux quilles…) ou tel père déclare qu’il ne parvient pas à atteindre la rapidité de son fils à un jeu vidéo de course de voitures. Ces observations de la vie quotidienne sont vraies mais on oublie un facteur décisif: l’entraînement. L’enfant passe un grand nombre d’heures sur ses jeux favoris, parfois plusieurs heures par jour et la répétition, autrement dit l’entraînement, sont les mécanismes parmi les plus fondamentaux de l’apprentissage et de la mémoire.
Du fait que, dans la vie quotidienne, plusieurs mécanismes non contrôlés se mêlent, notamment le degré d’entraînement préalable, les expériences en laboratoire ou à l’école ont pour but, en psychologie comme dans d’autres sciences, de contrôler différents facteurs pour ne pas faire d’erreurs (ou le moins possible) d’interprétation.
Ainsi, dans le jeu de mémoire consistant à se rappeler la figure (girafe ou éléphant) que comporte la carte retournée, l’enfant, super entraîné, a appris lors de parties antérieures que la carte un peu écornée dans le coin supérieur gauche c’est la girafe et que la carte qui s’enorgueillit d’une belle empreinte de pouce à la confiture de fraise, c’est l’éléphant. La supériorité des enfants dans les jeux vidéo est un peu plus compliquée. Sur le plan de la mémoire, rien n’indique, comme nous allons le voir, que l’enfant est supérieur à l’adulte et, de même que dans les expériences de laboratoire, on remarquera que les meilleurs aux jeux vidéo sont les adolescents et jeunes adultes et non les petits ; d’ailleurs certains constructeurs de jeux vidéo ont un serveur télé-phonique pour dépanner les joueurs et ces experts sont de jeunes adultes et non de petits enfants.
En effet, les expériences de laboratoire ou à l’école montrent toutes, depuis un siècle, que plus l’enfant devient grand meilleure est sa mémoire, les performances les plus importantes sont atteintes par les adolescents et jeunes adultes, entre 15 et 25 ans. Par exemple, une expérience menée à l’école sur la mémoire des menus de la cantine, montre que, le vendredi, les adolescents se rappellent avec une moyenne de vingt-cinq pour cent le menu du lundi alors que les enfants de six à huit ans ne se souviennent plus de rien. La capacité de mémorisation de choses nouvelles diminue ensuite de manière progressive avec le vieillissement ; cependant, sauf pathologie, la baisse de la mémoire ne produit de gêne que dans des âges avancés, 60 à 70 ans. Que les capacités d’apprentissage augmentent tout d’abord puis diminuent ensuite avec l’âge s’explique par le fait que la mémoire n’est pas simple mais repose sur plusieurs systèmes. Ainsi, la capacité d’enregistrer des choses nouvelles, mots ou images, nécessite une structure du cerveau qui Rappelle l’hippocampe et qui se fragilise avec l’âge et aussi à cause de la répétition d’événements négatifs (stress, alcool, etc.) ; c’est parce que l’hippocampe marche moins bien que l’on apprend moins lorsqu’on est âgé. A l’inverse, les connaissances sont enregistrées dans une autre partie du cerveau, contenant des milliards de neurones (donc moins fragile), le cortex. Ici, c’est un fonctionnement inverse car, plus on est jeune et moins il y a de connaissances. Par exemple, le nombre de mots appris par l’enfant est de quelques dizaines à partir de la première année et grimpe à des allures vertigineuses jusqu’à six mille à la fin de l’école primaire jusqu’à vingt-cinq mille à la fin du collège. Ces connaissances ne diminuent pas et peuvent augmenter avec l’âge, le temps fournissant alors la possibilité de se cultiver.
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