La médecine fonctionnelle et l'oligothérapie
Le corps d’un homme qui pèse 75 kg contient environ 2,5 kg de minéraux (ou sels minéraux), appelés macroéléments : il s’agit du calcium, du phosphore, du soufre, du potassium, du sodium, du chlore. Il a également besoin d’autres minéraux en quantité infinitésimale, appelés pour cette raison oligo-éléments : le manganèse, le fer, le cuivre, le magnésium, le cobalt, le lithium, le zinc, l’iode, l’or, l’argent, le chrome, le sélénium, le vanadium, l’arsenic. Ces derniers sont indispensables au bon fonctionnement de l’organisme et prennent une part active au traitement des maladies fonctionnelles et à leur prévention. Les oligo-éléments agissent sur les mécanismes de régulation métabolique et dans les troubles liés à leur carence.
C’est à J. Ménétrier (La Médecine des fonctions, Paris, 1974) que revient le mérite d’avoir introduit les oligo-éléments en thérapie. Ses recherches et ses expériences, commencées dès 1932, ont apporté de nouveaux éléments sur la réceptivité de l’homme aux maladies. En 1939, dans son ouvrage Considérations sur les réceptivités aux maladies, il a élaboré sa médecine fonctionnelle, qui représente le noyau de base de la notion de diathèse.
La médecine fonctionnelle
Le terme de « diathèse » regroupe et décrit les situations de dysfonctionnement organique et psychologique, à l’exception de ce qui est accidentel, c’est-à-dire traumatique, infectieux ou toxique. Une étude sérieuse et circonstanciée des dysfonctionnements permet d’intervenir sur le sujet avant que la lésion n’ait pu s’installer. Les oligoéléments thérapeutiques entrent en jeu dans tous les états intermédiaires qui précèdent une lésion d’organe, pour rétablir la fonction déficitaire.
Ainsi, le médecin n’est plus désarmé quand, après avoir effectué tous les examens instrumentaux et de laboratoire, il ne parvient pas à mettre en évidence une lésion organique qui expliquerait la Symptomatologie ressentie par le malade. On peut de la sorte faire face de façon adéquate à une situation gênante : de nombreuses personnes qui se rendent dans un cabinet de consultation sortent de leur visite en étant étiquetés comme malades « fonctionnels ». Ce terme peu flatteur peut faire surgir ou conforter l’idée chez leurs proches, que ces personnes sont des « malades imaginaires ».
Les diathèses
Tous les troubles fonctionnels ont été classifiés par Ménétrier en quatre grands groupes de dispositions morbides (diathèses), auxquels s’ajoute une modalité de réaction (désadaptation). Chaque groupe est désigné par un régulateur enzymatique. Par la suite, en 1983, Ménétrier a complété son système par un sixième groupe, le syndrome actuel.
Les diathèses que nous allons décrire doivent être examinées attentivement. Bien qu’apparemment en bonne santé, nous sommes tous atteints de troubles fonctionnels qui apparaissent et disparaissent ; nous pouvons découvrir la cause de ce qui ne va pas et faire rentrer notre propre cas dans une diathèse qui donne le catalyseur enzymatique adapté.
Diathèse allergique ou allergico-arthritique Régulateur enzymatique : manganèse
La première diathèse correspond grosso modo à l’état arthritique de la médecine traditionnelle. Elle associe la notion de terrain à celle d’hérédité génétique. Elle incarne une jeunesse organique. Elle exprime la défense naturelle contre la dégénérescence et les lésions. En effet, elle est plus fréquente chez les adolescents et les jeunes adultes (jusqu’à 50 ans). Elle laisse ensuite la place à la deuxième diathèse. Voici les aspects les plus évidents de la première diathèse.
Comportement
Physique : asthénie matinale qui se dissipe avec l’effort ; euphorie du soir ; difficultés à s’endormir ; le besoin d’activité, de faire quelque chose, est dominant.
Intellectuel : brillant mais superficiel ; mémoire parfois insuffisante ; la concentration est difficile ; l’instabilité, avec des hauts et des bas, est dominante.
Psychologique : optimisme généralisé en cas d’activité ; oscillation timidité-agressi- vité.
Symptomatologie
Algies multiples, erratiques, diffuses. Arthralgies fugaces sans lésions articulaires. Arthrites non déformantes. Migraines pubertaires puis chroniques. Asthme allergique, nocturne, paroxystique. Rhinites fréquentes. Coryza spasmodique. Hyperthyroïdisme avec amaigrissement, tachycardie. Arthrite dentaire. Instabilité cardiaque. Hépatisme avec nausées matinales et vomissements biliaires. Eczéma périodique. Chute des cheveux, ongles fragiles.
Pathologie
Arthrite chronique. Asthme chronique. Eczéma chronique. Hypertension essentielle avec migraine occipitale, troubles visuels et auditifs, vertiges également dus à l’hypotension. Hyperthyroïdisme de Basedow. Lithiase biliaire et rénale.
Thérapie
Manganèse, associé éventuellement au soufre (sensibilité hépato-biliaire) et à Y iode (sensibilité thyroïdienne).
Diathèse hyposthénique ou hyposthénique-infectieuse Régulateur enzymatique : manganèse-cuivre
Comportement
Physique : asthénie progressive durant la journée ou dans l’effort ; affaiblissement rapide ; besoin de beaucoup de sommeil.
Intellectuel : difficultés de concentration, mais la réflexion est profonde ; facilement distrait.
Psychologique : calme habituellement ; parfois assez irritable ou bien nerveux par réaction.
Symptomatologie
La fatigue survient facilement. Prédisposition à la tuberculose, aux rhinites, aux broncho-pneumonies, aux pleurites. Anémie et leucopénie dues à une baisse réti- culo-endothéliale. Maladies cutanées prurigineuses, acné, érythème polymorphe. Troubles digestifs duodénaux, entérocoli- tes gauches, hypothyroïdisme avec frilosité. Dysménorrhée avec hypoménorrhée.
Pathologie
Asthme chronique bronchitique, emphysé- matose. Rhumatisme progressif, déformant, ankylosant. Tuberculose récidivante, sclérotique. Ulcère duodénal. Colites.
Thérapie
Manganèse-cuivre, associé éventuellement au soufre (sensibilité hépato-biliaire) et à Y iode (sensibilité thyroïdienne).
Diathèse dystonique Régulateur enzymatique : manganèse-cobalt
Comportement
Physique : asthénie quotidienne, qui s’aggrave avant les repas et concerne surtout les membres inférieurs.
Intellectuel : effondrement temporaire de la mémoire.
Psychologique : anxiété, nervosité, émotivité, sommeil médiocre, dépression.
Symptomatologie
Irrégularité neurosympathique avec spasmes épigastriques, splanchniques, médiasti- naux. Migraines diffuses et algies crâniennes avec dysesthésie. Troubles digestifs postprandiaux ou duodénaux tardifs. Météorisme, colite spasmodique. Hémorroïdes. Précordialgie, angine de poitrine. Variations de la pression artérielle au-dessus des maximales. Troubles de la circulation. Troubles pré- et para-ménopausiques.
Pathologie
Coronarites. Artérites. Aortites. Néphrites chroniques avec hyperazotémie. Ulcère duodénal. Arthrose dégénérative. Sclérodermie. Ostéite déformante (Paget).
Thérapie
Manganèse-cobalt associé, au besoin, au soufre (sensibilité hépato-biliaire) et à Y iode (sensibilité thyroïdienne).
Diathèse anergisante Régulateur enzymatique : or-argent-cuivre
Cette diathèse marque la limite entre un état fonctionnel et lésionnel. Elle survient brutalement après une grave maladie ou un stress prolongé. Faibles défenses contre les infections et la dégénérescence. Tendance à l’anergie totale, écroulement immunolo- gique.
Comportement
Physique : fléchissement léger ou rapide de la vitalité ; asthénie globale ; paroxysme à 11 et 17 heures.
Intellectuel : attention, concentration et mémoire très faibles ; évolution vers l’obnubilation.
Psychologique : indifférence ou dégoût pour la vie, pensées suicidaires ; mélancolie, dépression, angoisse ; périodes de révolte agressive ; psycho-asthénie.
Symptomatologie
Maladies aiguës et subaiguës, leurs suites. Accès fébriles périodiques, inexplicables. Rhumatismes articulaires. Otites, angines. Viroses. Cystites. Ostéomyélites.
Pathologie
Coronarites. Artérites. Aortites. Néphrites chroniques avec hyperazotémie. Ulcère duodénal. Arthrose dégénérative. Sclérodermie. Ostéite déformante (Paget). Polyarthrite chronique évolutive. Sénescence globale.
Thérapie
Cuivre-or-argent et éventuellement manganèse (allergies) ; manganèse-cuivre (hyposthénie) ; manganèse-cobalt (dystonie) ; lithium (dépression) ; soufre (hépato- pathie) ; iode (dysthyroïdie, troubles circulatoires) ; fluor (déminéralisation).
- Syndrome de désadaptation Régulateurs : zinc-cuivre et zinc-nickel-cobalt
Comportement
Physique : asthénie périodique.
Intellectuel : passage à vide temporaire des facultés mentales.
Psychologique : dépression, psycho-asthé- nie.
Symptomatologie
Dysfonctionnement hypophyse-organes génitaux, hypophyse-glandes surrénales, hypophyse-pancréas. Cryptorchidie. Énurésie essentielle. Colites droites. Apathie, impuissance sexuelle. Troubles des phanères.
Pathologie
Le syndrome est purement fonctionnel, sans pathologie.
Thérapie
Zinc-cuivre et éventuellement zinc-nickel- cobalt (troubles hypophyse-pancréas).
- Syndrome actuel Régulateurs : cuivre-or-argent et zinc-nickel-cobalt
Signal d’alarme qui, s’il n’est pas soigné à temps, paralyse toutes les défenses organiques et thérapeutiques. Il est la conséquence de l’abus de tranquillisants destinés à supprimer les symptômes sans en rechercher les causes.
Comportement
Physique : crise de vitalité vers 10-11 heures.
Intellectuel : concentration et mémoire faibles.
Psychologique : dépression, anxiété et agressivité. Difficultés pour s’endormir, réveil à 2 heures du matin.
Symptomatologie
Spasmophilie. Paresthésie. Hypoglycémie. Soif et polyurie.
Pathologie
Anergie. Irrégularité hypophyso-pancréa- tique. Fréquent chez les enfants, sous la forme d’infections aux oreilles, au nez, à la gorge, de troubles caractériels, de difficultés d’attention à l’école.
Thérapie
Cuivre-or-argent (anergie), en alternance avec zinc-nickel-cobalt (troubles hypophy- so-pancréatiques) ; phosphore (asthénie cérébrale, spasmophilie, ostéoporose) ; cobalt (régulation neurosympathique, spasmes).
L’oligothérapie et ses indications Quelques dosages conseillés par Ménétrier
Aluminium : système nerveux, retards dans le développement intellectuel de l’enfant ; troubles de l’adaptation au milieu scolaire ; insomnie du sujet anxieux, stressé. Une dose : 0,013 mg.
Argent : système immunitaire, anti-infec- tieux ; angine, rhino-pharyngite, grippe ; toutes les infections dues à Bacterium coli.
Une dose : 0,05 mg.
Bismuth : inflammations de la gorge ; angine, rhino-pharyngite, amygdalites chroniques.
Une dose : 0,003 mg.
Cobalt : neurotonique, myocardiotonique, régulation du système neurovégétatif, hypertension due à l’anxiété, à la nervosité, tachycardie et cardialgies dues à l’anxiété ; émotivité, anxiété avant les examens, spasmes artériels et capillaires (extrémités froides, doigts engourdis, acrocyanose).
Une dose : 0,029 mg.
Cuivre : système immunitaire, glandes surrénales ; états grippaux et rhumatismaux ; infections, besoin d’anticorps ; augmente l’action des antibiotiques ; rapides effets sur la fièvre et sur l’état général de l’organisme.
Une dose : 0,013 mg.
Fluor : os, ligaments, articulations, troubles dus à une mauvaise calcification, hyper- laxité des ligaments des articulations ; caries persistantes, réitérées ; ostéoporose.
Une dose : 0,09 mg.
Associer : manganèse-cuivre, cuivre-or- argent.
Iode : circulation ; système neuromusculaire ; thyroïde et autres glandes endocrines ; peau, ongles, cheveux, troubles du métabolisme de la nutrition ; nervosité, hyperémotivité, hypertension neurogène.
Une dose : 0,024 mg.
Lithium : système nerveux, élimination rénale ; nervosité, anxiété, irritabilité, agressivité ; instabilité du comportement et du caractère ; troubles psychiques dus à une sclérose vasculaire sénile ; urémie, uricémie, goutte ; limite les effets iatrogè- nes des tranquillisants et des corticoïdes. Une dose : 0,003 mg.
Magnésium : intestin, métabolisme du calcium ; troubles de la calcification et de la minéralisation ; névrite due à l’arthrose, spasmophilie, tétanie ; colite chronique due à l’atonie ou à une parasitose ; obésité, troubles du métabolisme de l’eau.
Une dose : 0,012 mg.
Manganèse : système immunitaire, cycle de Krebs ; allergies, dermatoses, urticaire, coryza spasmodique, asthme allergique, migraine, allergies alimentaires.
Une dose : 0,027 mg.
Nickel : pancréas endocrine et exocrine ; troubles dans la digestion des graisses ; constipation avec forte fermentation.
Une dose : 0,029 mg.
Or : système réticulo-endothélial ; stimulation des défenses naturelles, amélioration du système cardio-vasculaire.
Une dose : 0,098 mg.
Phosphore : système nerveux, métabolisme du calcium, manifestations de spasmophilie en général, spasmes respiratoires, musculaires, circulatoires, ostéoporose, dystrophie osseuse, maladie de Dupuytren, asthénie cérébrale, en complément des phosphates.
Une dose : 0,015 mg.
Potassium : métabolisme de l’eau, glandes surrénales ; oligurie, obésité avec rétention hydrique ; arthrose postménopausi- que, rhumatismes, asthénie.
Une dose : 0,019 mg.
Sélénium : système nerveux, organes génitaux, peau, sang ; psycho-asthénie, impuissance sexuelle ; mycose, acné.
Une dose : 0,039 mg.
Soufre : foie, vésicule biliaire, articulations, peau ; allergies dues à une hépatopathie et à une insuffisance digestive ; syndrome neuro-arthritique, nervosité réprimée.
Une dose : 0,016 mg.
Zinc : hypophyse, pancréas, gonades, troubles de la sphère génitale et sexuelle. Une dose : 0,032 mg.