La frigidité
On prétend souvent que, hormis les cas d’obstacles physiques, la frigidité est surtout mentale et que, à l’âge adulte, les hormones n’influencent plus la sexualité.
Chez l’adulte normal, l’équilibre hormonal interviendrait dans la morphologie générale et génitale, mais son rôle serait des plus restreints en ce qui concerne le comportement sexuel, la libido, le système nerveux se libérant de plus en plus de la tutelle hormonale.
Certes, je ne nie pas que le plaisir soit lié en grande partie à l’émotivité cérébrale, mais tout le monde n’est pas d’accord avec cette théorie, et des cas cliniques précis orientent vers un avis plus nuancé.
En ce qui me concerne, j’ai soigné une patiente, relativement jeune, qui avait eu des traumatismes psychologiques dans l’enfance. Elle avait, notamment, mal supporté que ses parents la mettent en colonie de vacances, ayant surpris une conversation où une voisine expliquait à sa mère qu’il fallait absolument l’y envoyer pour être plus tranquille avec son mari pendant ce temps-là. Elle en a terriblement voulu à ses parents de l’avoir abandonnée et, pendant tout le mois de vacances, elle s’est « martyrisé » les organes sexuels. Quand elle est venue me voir, elle était frigide et n’avait pas de sécrétions pendant l’acte sexuel. Un léger traitement hormonal a rétabli la situation locale, et une petite psychothérapie, limitée à des entretiens médecin-malade à cœur ouvert, lui a permis d’élucider les causes profondes de sa frigidité.
Une autre patiente, âgée de soixante-treize ans, venue me consulter pour maigrir, était, elle aussi, frigide. Elle a maigri et, au cours d’un entretien, elle m’a avoué: « J’ai maigri, je suis bien contente, mais avec mon mari, je n’ai jamais eu de plaisir. » Je lui ai prescrit dix microgrammes d’hormones et dans le même mois, elle a eu, elle aussi, des orgasmes et de meilleures sécrétions. Une dose minime d’hormones lui a permis de connaître le plaisir sexuel qu’elle n’avait jamais connu et qu’elle avait toujours feint d’avoir avec son mari. J’ai diminué les doses, puis arrêté le traitement, et ça a marché moins bien. Oui, la sexualité se vit psychiquement, chez la femme surtout, mais on ne peut pas exclure qu’il y ait un minimum de support hormonal.
Comment expliquer que la sexualité persiste chez une femme qui n’a plus de sécrétion ovarienne? C’est qu’il y a aussi, comme on l’a vu, une sécrétion hormonale, androgènes et estrogènes, au niveau des glandes surrénales, chez la femme comme chez l’homme. Ces sécrétions, bien qu’à doses très faibles, des microgrammes, peuvent-elles jouer? On n’en donne guère davantage dans les traitements de la sexualité. Peut-être ceux-ci déclenchent-ils quelque chose au niveau du cerveau ?
Quand une femme vient consulter pour frigidité, il faut savoir l’écouter pour l’aider à découvrir par elle- même « où le bât blesse », ou « a blessé » pour qu’elle en soit là. Ce n’est pas de la psychothérapie sauvage, c’est de la médecine avec confiance, à cœur ouvert. Il faut aussi savoir utiliser à l’occasion les médecines douces: la sympathicothérapie nasale, l’acupuncture, l’auriculothérapie, qui nous étonnent presque à chaque fois, surtout lorsqu’elles sont associées à quelques prescriptions homéopathiques ou allopa- thiques d’hormones sexuelles. Les résultats sont le plus souvent assez rapides, renforçant encore les rapports de confiance médecin-malade qui aident à la guérison.
Il est difficile de faire la part entre l’élément psychique et l’élément hormonal. En pratique, il faut, à mon avis, un minimum de stimulation hormonale potentialisée par les médecines douces et un maximum de dialogues médecin-malade d’une part et entre partenaires d’autre part.
Parlez avec votre partenaire
L’entente avec un homme dépend de peu de chose et, s’il est de bonne volonté, en parlant avec lui des problèmes du couple, on peut trouver ensemble une meilleure harmonie. S’il y a beaucoup d’échecs dans le traitement de la frigidité, c’est que le partenaire en est souvent la cause.
Je me souviens d’une patiente qui avait vu un neuropsychiatre, suivi des traitements de toutes sortes, mais qui restait frigide, et ne parvenait à se fixer avec aucun partenaire. Elle a fini par rencontrer un homme d’un certain âge qui a su prendre le temps de l’écou- ter, de lui parler et de la comprendre. Ce fut le grand amour, elle s’est mariée et sa sexualité est, paraît-il, tout à fait épanouie.
Autre exemple, celui d’une patiente qui avait un mari et un amant, et était frigide avec les deux. Son amant a eu un accident de voiture, il est mort, et elle a découvert le plaisir avec son mari. Le choc l’avait poussée à se rapprocher de ce dernier, à mettre les choses au point avec lui, ce qui a permis à sa sexualité de s’exprimer.