Historique et évolution du concept : Le refus scolaire globalisé
En 1989, L. Atkinson avait proposé une classification empirique construite à partir de facteurs psychiques (peur, anxiété, perfectionnisme) et de facteurs environnementaux (parents). Il en résulte une classification en 3 types : le premier est caractérisé par une forte anxiété de séparation (et une mère surprotectrice), le second par la peur de l’échec (et par un perfectionnisme important), et le troisième est un trouble étendu avec une situation complexe, tant sur le plan familial que dans la sphère psychique (anxiété de séparation, dépression, phobies).
Kearney (1995) introduit une notion nouvelle en englobant dans le refus scolaire, non seulement les enfants totalement absents de l’école, mais également ceux qui vont à l’école sans pouvoir y rester toute la journée, c’est-à-dire un absentéisme partiel.
Mais la distinction école buissonnière/refus scolaire psy existe toujours avec les caractéristiques qui les distinguent.
- Dans le refus scolaire :
l’enfant présente une détresse émotionnelle au moment d’aller à l’école de type anxiété, dépression, colères ou signes somatiques.
Les parents connaissent l’absentéisme et l’enfant les supplie de le laisser à la maison.
L’enfant n’a pas de comportement antisocial, n’est pas délinquant.
L’enfant exprime son souhait de travailler et fait du travail scolaire à la maison .
Pendant l’horaire scolaire, l’enfant reste à la maison car il s’y sent en sécurité.
- Dans l’école buissonière :
L’enfant n’exprime pas d’anxiété ou de dépression.
Il a différents troubles du comportement antisociaux, et fréquente des pairs antisociaux,et fréquente des pairs antisociaux .
Il cache ses absences à ses parents.
Il ne manifeste pas d’intérêt pour le travail scolaire.
Durant l’horaire scolaire, il est rarement à la maison.
Mais les études plus récentes « brouillent » cette distinction trop simpliste. L’étude de Me Shane, Walter et Rey (2001) porte sur 192 adolescents âgés de 11 à 1 7 ans adressés pour des soins dans une unité de psychiatrie en Australie entre 1994 et 1998 pour rupture scolaire. Les diagnostics principaux sont les troubles de l’humeur, les troubles anxieux, les troubles du comportement : plus de 30 % de dépression majeure, 25 % de dysthymie, 24 % de trouble oppositionnel, 23 % d’anxiété de séparation.
Bien que seulement 4,6 % souffrent d’un authentique trouble des apprentissages, 31 % présentent des difficultés scolaires contemporaines du début de l’absentéisme. De plus, dans cet échantillon 37 % souffrent d’une maladie physique ; et un cinquième considère que la maladie a été liée au début de l’absentéisme. Enfin, des antécédents psychiatriques sont retrouvés chez 53 % des mères et 34 % des pères. ?? total, le contexte est ? la fois somatique et psychiatrique, les troubles anxieux et dépressifs coexistent avec les troubles du comportement et peuvent être associés chez un même enfant.
L’étude de Egger (2003) a porté (? partir d’un échantillon de 4500 enfants scolarisés en Caroline du Nord) sur 1422 enfants de 9 à 1 6 ans. En trois mois, il a noté 2 % de refus anxieux de l’école, 6,2 % d’« école buissonnière », et 0,5 % de formes mixtes. Les trois formes sont associées ? des désordres psychiatriques ; le refus scolaire anxieux est associé avec la dépression et l’anxiété de séparation ; l’école buissonnière est associée avec le trouble oppositionnel, le trouble des conduites et la dépression. Les enfants présentant une forme mixte souffrent d’un trouble psychiatrique dans 82 % des cas. La conclusion de cette étude est donc que « école buissonnière » et refus anxieux de l’école peuvent être distingués, mais ils ne s’excluent pas l’un l’autre, et sont tous deux en rapport avec des troubles psychopathologiques.
C’est à partir de ces travaux que le regard sur l’absentéisme scolaire a changé.
Il n’est plus question de banaliser, de regarder l’école buissonnière comme un gentil caprice enfantin ; certes, un absentéisme ponctuel peut être anodin s’il n’est pas répété, mais manquer l’école de façon prolongée ou répétée est un signe qui relève de la pédopsychiatrie. D’autant que le risque évolutif de l’absentéisme scolaire est patent.
Les jeunes absents de l’école ou en refus d’école sont à risque accru d’exclusion scolaire définitive et de délinquance, avec tout son cortège de conséquences sociales, économiques, psychiatriques.
Les plus mauvaises évolutions à six mois sont associées à des diagnostics comme la dépression et les troubles du comportement.
Globalement, même si pour 70 % des enfants il y a « rattrapage », un tiers des jeunes qui ont connu des problèmes d’absentéisme continuent d’avoir des problèmes d’ajustement social. Des études ont montré que la moitié des enfants ayant eu un refus l’école, ont à long terme un niveau académique inférieur à un groupe de comparaison.
L’étude de Me Shane est un suivi de 11 7 adolescents ayant eu une symptomatologie de refus scolaire : après trois ans d’évolution, 36 % sont encore en scolarité ? domicile mais avec des emplois partiels, 22 % sont scolarisés, 18 % ont ?? emploi, 16 % sont sans emploi et sans diplôme et 8 % en scolarité ? domicile.
L’étude de Me Cune (2005) montre que 30 % des enfants avec des antécédents de refus scolaire ont encore dix ans plus tard un diagnostic psychiatrie.
Il est surtout important de faire le diagnostic du ou des trouilles ??? sous-tendent le refus scolaire, car le pronostic et le traitement en dépendent.