Gérer le stress
Non, ce n’est pas le mal du siècle ! Le stress accompagne la vie de l’homme depuis l’âge des cavernes. Mais qu’est-ce que le stress ? Il y a stress, quand le corps et l’esprit ne donnent pas la réponse appropriée aux agressions venant du froid, de la maladie, des accidents, des deuils, des contrariétés… qui attaquent l’organisme. Il s’agit bien d’un mal physique plus que d’un « état d’âme ». Or, on a trop souvent tendance à confondre le stress, l’anxiété, l’angoisse, la panique. L’anxiété est une réaction normale d’adaptation à une agression. Elle ne devient pathologique que lorsque cette réaction est excessive ou lorsque sa cause est mal déterminée
par l’individu. On parle alors d’angoisse ou de panique. La crise se manifeste par des palpitations, une sensation d’étouffement, des tremblements, des sueurs, des nausées, des troubles digestifs, l’impression de mourir.
Le mécanisme du stress ne se définit pas uniquement par ces phénomènes subjectifs. Il s’explique scientifiquement. Quand nos sens nous avertissent d’un danger imminent, le cerveau réagit en sécrétant des hormones. La plus connue est l’adrénaline. Elles fournissent à l’organisme le supplément d’énergie dont il a besoin pour faire face au péril par le combat ou par la fuite, bref, par la meilleure adaptation aux circonstances. Parfois la situation dangereuse devient une menace qui se prolonge dans le temps. C’est le cas en temps de guerre ou au cours d’une aventure périlleuse : un vol aérien dans des conditions scabreuses, une traversée en bateau dans la tempête. La production d’hormones par le cerveau est alors telle que ces substances finissent par tuer les cellules cérébrales, nos précieux neurones. Il s’agit là du stress chronique.
On comprend que le stress peut toucher tous les individus, quelle que soit leur classe sociale ou leur âge, y compris les enfants. Les médecins constatent que des lycéens sont frappés de crises aiguës que l’on a tendance à qualifier d’angoisse, de mal au ventre ou de migraine, et qui sont tout simplement dues au stress. Ils le subissent tout particulièrement en période d’examens ou dans des classes surchargées que les enseignants ne parviennent pas à maîtriser. C’est un stress de même nature que connaissent les adultes dans leur vie professionnelle. Le stress devient alors chronique sous l’effet d’une accumulation de tensions liées aux contraintes du travail : efforts physiques, horaires pénibles, conflits avec les collègues ou les supérieurs hiérarchiques… Cet état peut concerner aussi bien un ouvrier d’une chaîne de montage, qu’un chauffeur-livreur ou un directeur de publicité. Les symptômes du stress sont les mêmes pour tous.
Les mots qui reviennent le plus souvent dans le langage des victimes sont bien connus des médecins : « Je suis crevé dès le matin ». On cite aussi l’insomnie, les migraines à répétition, le mal au dos, les troubles digestifs en particulier de l’estomac. Autant de signes qui révèlent le découragement, l’impression de ne pas maîtriser les situations, de ne pas être « à la hauteur ». Attention : danger ! Tout l’organisme en
pâtit, en particulier le cerveau. On a même découvert récemment que le stress chronique pouvait favoriser la perte de mémoire liée à l’âge et annoncer les premiers symptômes de la maladie d’Alzheimer. Alors, comment lutter efficacement contre le stress ?
La thérapeutique a tendance à recourir à la solution la plus facile et la plus rapide : les médicaments. Ils foisonnent : tranquillisants, antidépresseurs, anxyolitiques. Les Français détiennent le triste titre de champions du monde dans ce type de consommation. Ces abus ont des
effets désastreux : troubles de la vigilance et de la mémoire. Le remède est souvent pire que le mal. Il ne faut donc y recourir que dans les cas extrêmes. On a aussi tenté des traitements à base de magnésium et de vitamine B6 qui auraient des effets anti- stress. Mais d’autres solutions sont à rechercher, ailleurs que dans la chimie.
Les traitement du stress
On sait aujourd’hui que les réactions déclenchées en vue de lutter contre le stress peuvent être plus nocives que le stress lui-même. On essaie par conséquent d’agir sur les comportements en faisant appel à différentes méthodes de relaxation. Ces dernières consistent à mettre en œuvre une réponse physiologique dont le but est de neutraliser les effets du stress. Il s’agit d’une démarche qui n’est pas spontanée.
Elle nécessite donc un apprentissage qui peut faire appel à plusieurs types d’exercices :
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Le training autogène.
La pratique la plus utilisée en France porte le nom de son inventeur : Schultz. Le sujet effectue des exercices en position allongée ou assis dans un fauteuil. Ils consistent à contrôler la respiration, la lourdeur des membres, la détente du plexus, le rythme cardiaque.
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La relaxation musculaire.
La méthode Jacobson est particulièrement indiquée pour des sujets ayant des difficultés à s’abandonner passivement à la méthode Schultz et qui préfèrent une technique plus active.
Les exercices consistent à faire alterner la contraction et la
détente de groupes musculaires de tout le corps
• Le biofeedback.
Utilisé en complément d’une méthode de relaxation, il permet au sujet d’être informé, durant la séance, des moindres variations physiologiques de son corps : tension du muscle, rythme cardiaque, etc., grâce à un appareillage sophistiqué qui facilite l’apprentissage du contrôle de ces variables physiologiques.
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Le yoga.
C’est une méthode de maîtrise mentale fondée sur des exercices corporels. L’apprentissage s’acquiert assez lentement et intègre des références philosophiques qui exigent une pratique régulière.
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Le Tai Chi Chuan.
Il s’agit d’une gymnastique chinoise basée sur des mouvements très lents, effectués debout. Ainsi parvient-on à harmoniser ces mouvements avec la respiration. La souplesse de ces exercices et la concentration qu’ils exigent en font un excellent dérivatif qui peut se pratiquer à tout âge.
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Le Qi Gong.
Il s’agit aussi d’une gymnastique orientale assez proche du yoga. Les mouvements circulaires très larges coordonnent respiration et concentration dans le but de stimuler les réseaux de circulation des énergies qui correspondent aux méridiens utilisés par l’acupuncture.
Comme on l’aura compris, peu importe la méthode choisie. Chacune d’elles a pour vertu d’habituer le sujet à se défendre, à devenir progressivement moins vulnérable. D’autres techniques plus classiques, comme la danse, la marche, les arts martiaux comme le judo ou l’aïkido, peuvent aboutir aux mêmes résultats. L’important est de s’y consacrer sérieusement, progressivement, avec régularité. En résumé, il faut comprendre que le cerveau est comme une banque qui réagit aux agressions par la mise en branle d’un système d’alarme qui s’appelle le stress. L’individu qui cède à l’aliénation par le travail, ou par toute autre obsession, n’a plus de temps pour penser et réfléchir. Il croit s’habituer à tout jusqu’au moment où il « craque ». C’est alors que le manque d’hygiène de vie, associé à une mauvaise acceptation de nos aspirations profondes, ouvre la porte au stress.
Cela étant, il faut admettre que le stress est un malaise de nature très personnelle. Chacun y réagit en fonction de sa culture et de son caractère propre. Il faut aussi savoir que l’on peut apprendre à gérer le stress, mais qu’il est illusoire de vouloir s’en débarrasser totalement. En outre le stress peut aussi, à certaines doses, avoir des effets positifs. Dans certaines professions artistiques ou intellectuelles, il est un stimulant de la créativité. Certains vont même jusqu’à se réfugier dans le travail pour lutter contre le stress que ce travail leur occasionne ! Bref, tout est une question de mesure. En ce domaine, une fois encore, la règle d’or renvoie au grand principe de Socrate : « Connais-toi toi-même ».