Faut-il boire chaud ou froid pour se désaltérer ?
Nomades du désert, les Touaregs boivent brûlant. Ils ont raison : lorsque la température de l’air est bien supérieure à celle du corps, boire très chaud est le moyen le plus efficace devacuer rapidement les calories en trop. En effet, lorsqu’il fait plus de 37 °C de température extérieure, le corps est confronté à un surplus de calories qu’il doit éliminer au plus vite, sous peine de s’échauffer lui-même. Or, au-delà de 40 °C, le coma menace .
Mais comment évacuer ce trop-plein de chaleur interne ? Avec une température extérieure élevée, cela ne peut se faire par le simple échange thermique assuré par le contact de la peau et de l’air. C’est le contraire qui se produit: la peau se réchauffe, le sang se réchauffe, le corps se réchauffe. Le seul moyen efficace est encore de transpirer.
En excitant les glandes sudoripares, le cerveau permet à l’organisme d’utiliser la chaleur en surplus pour fabriquer de la sueur, tout en la vaporisant avant qu’elle ne sorte de la peau. Si la sueur s’exprime sur la peau sous forme de gouttelettes, l’échange thermique est cent fois moins efficace. C’est le cas quand l’air stagne autour du corps (pas de vent, posture immobile) ou que l’on fait un effort démesuré par rapport à la température de l’air.
En buvant très chaud, on accélère la sudation : le surplus de calories que l’on ajoute encore à l’organisme excite immédiatement le centre de commande (situé dans l’hypothalamus) de la sudation, laquelle fonctionne alors à pleine vapeur. Réchauffé, le corps se rafraîchit mieux, mais perd beaucoup d’eau. Alors que dans un climat tempéré on perd environ 0,7 litre de sueur par jour, soit pratiquement autant d’eau, dans le désert ce volume peut atteindre… 12 litres!
Si les Touaregs buvaient froid, ils ne tiendraient pas longtemps. En ingérant un liquide bien plus froid que le corps en surchauffe, leur organisme serait contraint de consommer des calories pour mettre ce liquide à température – mais seule une partie de la chaleur du corps serait ainsi brûlée. Sans compter que le choc thermique provoque un blocage de l’estomac, qui alors ne se vidange plus dans l’intestin. C’est la raison pour laquelle maux de ventre et diarrhées accompagnent souvent fabsortion de thé glacé.
Si vous ne pouvez toutefois vous résoudre à boire chaud quand il fait chaud, buvez à température ambiante, à tout le moins entre 10 et 15 °C. Vous ne vous rafraîchirez pas longtemps, mais du moins ne perdrez-vous pas d’eau.
Qu’en est-il lorsqu’il fait froid? Faut-il boire chaud ou froid? Le problème est diamétralement opposé puisque, exposé au froid, le corps lutte pour ne pas perdre de calories. Il faut donc lui en apporter en buvant chaud, en prenant soin d’être bien couvert ou à l’abri du vent, qui augmente encore le froid à la surface de la peau. A défaut, les calories ingurgitées seront happées par la peau, à cause des échanges thermiques.
Quand il fait froid, en effet, le corps réagit en réduisant fortement la circulation sanguine au niveau de la peau, afin de limiter les pertes de chaleur par échange thermique. Lorsqu’un liquide chaud arrive dans le gosier, le surcroît de calories oblige le cerveau à ordonner une réouverture de la circulation sanguine. Si les calories, qui s’échapperont de toute façon, ne sont pas « reprises » par un vêtement suffisamment isolant, le corps se refroidira, alors qu’il avait pu se réchauffer avant l’ingestion de la boisson chaude.