Est-il mauvais de vocaliser en apprenant
Que n’a-t-on pas dit du rabâchage, de la répétition par cœur comme un perroquet. De fait, une observation courante semble discréditer cette pratique. Un élève lit à voix haute un texte, il le lit parfaitement, mais si l’on vient à l’interroger ensuite, on s’aperçoit qu’il n’a rien compris il a lu comme un perroquet. De même, on observe fréquemment que les enfants bougent les lèvres en lisant ; cette vocalisation silencieuse, les chercheurs l’appellent « subvocalisation » et l’on s’est aperçu qu’elle était permanente soit dans la lecture, soit au cours de la mémorisation. L’adulte, sans toujours s’en rendre compte, fait de même, mais la subvocalisation est si bien intériorisée que le mouvement des lèvres ne se voit guère. A quoi sert cette subvocalisation ? Est-ce le reste d’une vieille habitude de lire à voix haute à l’école et qui, dès lors, ne sert plus à rien ou est-ce un mécanisme utile à la mémorisation ? De nombreuses études ont été ainsi menées pour répondre à cette question. Si la vocalisation ne sert à rien, alors, la supprimer ou l’empêcher ne devrait pas diminuer l’efficacité de la mémoire. Les résultats sont édifiants : si l’on supprime la subvocalisation lors de la mémorisation d’un texte (lu ou entendu), en faisant répéter sans arrêt « lalalalalala», on s’aperçoit que le rappel des mots ou les réponses à des questions sur le texte diminuent d’environ quarante pour cent. D’autres recherches ont montré que la subvocalisation avait même plusieurs rôles bénéfiques. Le plus important est de répéter quelques mots afin de constituer ainsi une véritable mémoire auxiliaire ; sans vous en rendre compte c’est de cet « aide- mémoire » dont vous vous servez lorsqu’on vous donne un numéro de téléphone ou un jour de rendez-vous. Vous le subvocalisez le temps de trouver de quoi écrire. Mais cette répétition a un rôle plus essentiel dans la compréhension même des phrases. Par exemple, si je lis la phrase « la pêche est vraiment bonne, quoique moins sucrée par rapport à celle que j’ai mangée hier », il faut avancer dans la phrase pour comprendre par les mots « sucrée » et « mangée » que la pêche dont il s’agit est le fruit et non la pêche à la ligne. Or, la mémoire visuelle ou auditive est si courte (trois secondes pour la mémoire auditive) qu’il est nécessaire de répéter le début de la phrase pour s’en rappeler au moment où l’on arrive vers le milieu ou la fin de la phrase. La répétition permet donc de garder plus longtemps en mémoire certains mots clés de la phrase, qu’elle soit lue ou entendue. D’ailleurs, on s’est rendu compte que la subvocalisation est d’autant plus utile que le texte est complexe.
La subvocalisation est donc très utile et c’est une bonne habitude dont il ne faut pas chercher à se débarrasser. Il faut au contraire chez le jeune enfant valoriser cette pratique de lire à voix haute, puis silencieusement, et l’entraînement aboutira à la subvocalisation parfaitement intériorisée de l’adulte.
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