Des défenses pour s'adapter
Le refoulement, on l’a vu, est le mécanisme le plus utile à l’adaptation. Non seulement il contribue à la construction de la mémoire psychique à long terme, celle qui sert de référence à la pensée, mais sans lui notre esprit serait constamment embourbé de pensées gênantes et la conscience ne pourrait être disponible au moment présent. Les contre-investissements qui renforcent le refoulement, de même que le déni et la répression, ont tous pour mission de contrôler une trop grande tension émotionnelle. En ce sens, ils ont une visée adaptative et, malgré le fait qu’à l’occasion ils puissent nuire au travail de la pensée, ils sont néanmoins utiles et nécessaires. En effet, leur fonction est de parer à l’urgence de devoir composer avec une montée pulsionnelle brusque et dérangeante. Comme le travail de la pensée prend du temps, leur apport est précieux pour une adaptation à court terme, car, sans leur intervention, le Moi risquerait d’être débordé et nous serions incapables de nous adapter.
L’usage que nous faisons des divers mécanismes de défense caractérise en partie notre personnalité et, tant et aussi longtemps que leur action ne paralyse pas totalement l’imaginaire, ils participent à la régulation des émotions et, par conséquent, contribuent à notre adaptation. Par contre, si des symptômes psychiques apparaissent – phobies, obsessions, anxiété chronique, attaques de panique – ou si la dépression nous gagne, ou encore si la maladie physique ne nous quitte pas, c’est peut-être le signe qu’ils ont pris une telle ampleur que la capacité soignante de la pensée est sérieusement compromise. L’être dépossédé d’une part essentielle de lui-même est alors en souffrance et celle-ci signe la nécessité de la récupérer. Une intervention psychothérapeutique peut alors s’avérer nécessaire pour redonner aux mécanismes de défense la place qui leur revient, soit celle de parer à l’urgence émotionnelle tout en laissant la pensée faire son travail pour une meilleure adaptation à long terme.