Créer une dynamique autour du savoir bien se nourrir
En matière d’alimentation, l’essentiel des efforts de recherches a porté sur le développement des productions agricoles et des transformations alimentaires et sur une approche plutôt théorique de la nutrition qui est une discipline très large. La nutrition animale pour son intérêt économique, ou comme modèle physiologique, a été extrêmement approfondie. Par exemple, la digestion des produits végétaux, leurs effets métaboliques ont été beaucoup plus étudiés chez l’animal que chez l’homme. Il est bien sûr plus difficile de travailler sur l’homme. C’est pourquoi l’étude de l’alimentation humaine demeure un champ de recherches très ouvert, surtout si on désire prendre en considération toutes ses dimensions.
Jusqu’à présent, les chercheurs ont réalisé principalement des études épidémiologiques pour comprendre l’impact des facteurs alimentaires sur la santé, avec tous les problèmes d’imprécisions liés aux études de terrain. Finalement bien peu d’expérimentations ont été effectuées chez l’homme avec des types d’alimentations bien définis qui sont loin de reproduire la complexité des situations alimentaires. Malgré ces limites, la problématique nutritionnelle s’est beaucoup éclaircie, et il est possible de progresser rapidement vers un « savoir bien se nourrir » adapté à un très grand nombre de situations alimentaires ou physiologiques.
Néanmoins, l’alimentation humaine n’est pas seulement une affaire de fourniture équilibrée d’énergie et de micronutriments, elle doit être comprise et explorée dans la pratique quotidienne, notamment au niveau de la conduite culinaire. La cuisine est à la fois le fruit d’une longue histoire alimentaire, une sphère complexe d’interactions économiques, culturelles, psychologiques et l’aboutissement d’une chaîne alimentaire particulière. Dans ce aliments, des procédés technologiques innovants. Avec des moyens de recherches fort modestes, on peut espérer des retombées sociétales très positives d’une telle approche.
L’évolution des modes alimentaires et des pratiques culinaires dans les foyers est également un sujet essentiel à étudier si on veut résoudre les problèmes nutritionnels. Beaucoup d’observateurs prévoient une diminution très forte du temps consacré aux préparations culinaires au foyer. Cette tendance est accentuée par une pression importante de l’offre agroalimentaire pour inciter les consommateurs à utiliser le maximum de produits prêts à [’emploi. Les conséquences à long terme de ces nouvelles façons de se nourrir sur le comportement et l’état nutritionnel des consommateurs sont mal connues, mais on a déjà un aperçu plutôt inquiétant des problèmes de santé que cela engendre, en particulier chez ceux qui disposent des moyens financiers les plus faibles pour se nourrir.
Faire la cuisine présente un très grand nombre d’avantages en termes d’économie, de convivialité, de dépenses physiques, de gastronomie, de culture. Créer un environnement alimentaire et sociétal qui incite à se détourner de cette activité n’est pas une action insignifiante. L’abandon de pratiques ancestrales, la perte ies liens sociaux tissés autour de l’acte culinaire, la non-prise en charge de soi ou du groupe pour accomplir un acte vital, tisser m lien convivial et affectif, la perte d’autonomie, souvent le T’cou l’s au grignotage sont autant d’éléments qui doivent nous x>lisser à être circonspects sur une évolution de l’alimentation jui irait toujours vers la facilité.
Pour montrer que la collectivité prend au sérieux les liens entre qualité alimentaire, art culinaire et nutrition préventive, la création de restaurants pilotes pourrai! être une initiative marquante. Ces établissements pourraient être ouverts à un public qui recherche de l’information nutritionnelle et des renseignements pratiques. Les possibilités de communication sur le parcours des aliments de la terre à l’assiette, sur l’impact des facteurs nutritionnels, sur l’intérêt d’utiliser la diversité alimentaire ;ont très intéressantes, et quel atout de pouvoir le faire dans un cadre chaleureux. Le succès d’une telle initiative d’intérêt général serait assuré avec de faibles moyens.