Comment apprendre les noms propres ou les mots étrangers
Comme nous venons de le voir dans la question précédente, le moteur de l’apprentissage est l’organisation, c’est-à-dire la création d’unités signi¬ficatives grâce aux connaissances déjà enregistrées en mémoire à long terme. L’organisation par le langage (appelée aussi « médiation verbale ») ou par l’image a été étendue avec succès à l’apprentissage d’un vocabulaire étranger. Prenons l’exemple du mot book en anglais qui signifie « livre ». La difficulté du mot étranger est double puisqu’il faut s’en rappeler la prononciation et la signification. Le procédé est qualifié de double chaîne parce qu’il prend en compte précisément ces deux aspects. Il faut trouver un mot français qui rappelle tout d’abord la prononciation du mot étranger, par exemple « bouc » dont la prononciation est similaire au mot anglais ; prenant ensuite le mot français qui traduit le mot anglais « livre », il faut unir ces deux mots « bouc » et « livre », par exemple en imaginant un livre dont la couverture représente un bouc. Ce procédé a été expérimenté sur différentes langues, espagnol, russe, serbocroate, et a fait preuve de son efficacité. Naturellement,comme il conduit à faire des associations et images bizarres, il sera délaissé dans les études avancées où la pratique, l’étymologie, etc., permettront l’apprentissage, mais en cas d’apprentissage rapide (pour un voyage par exemple), il est intéressant de connaître cette méthode.
De la même manière, l’organisation ou médiation verbale est très utile pour mémoriser des noms propres difficiles. Par exemple, pour retenir le nom du cinéaste polonais Kieslowski, on peut décomposer en trois mots : Kiss (« embrasser » en anglais), love (« amour » en anglais) et ski. On voit que dans ce procédé, le chemin inverse est réalisé puisqu’au lieu de grouper plusieurs mots en un seul, c’est le mot difficile qui est décomposé. En effet, dans le cas d’un mot inconnu ou difficile, celui-ci ne représente pas une unité en mémoire mais ce sont les syllabes qui constituent les unités. Il faut trouver alors le moyen de souder les syllabes, par exemple au moyen d’une petite phrase ou d’une suite de mots faciles. Interrogeant des étudiants qui apprenaient facilement, un chercheur avait ainsi découvert que ces étudiants utilisaient ce type de moyen pour apprendre parfois avec humour, comme par exemple dans la petite phrase humoristique « Albi toi ma fille, il se fait Tarn », pour se rappeler qu’Albi est la préfecture du Tarn.