Comment apprend-on
Puisque la mémoire (à court terme) a une capacité limitée, comment diable fait-on pour apprendre ? Vous allez le comprendre en imaginant que vous devez apprendre une longue liste de lettres : « IL N E F AUTJAM AIS V ENDRE LAPEA UDELO URSAV ANTD E LAVOI RTUE. » Ces suites de lettres dépassent nettement la capacité de la mémoire à court terme. Mais seulement tant qu’elles apparaissent comme des lettres individuelles, séparées les unes des autres. En regardant ? attentivement, vous découvrirez que les lettres peuvent être 5 reliées (comme les pages d’un livre) pour former des groupes significatifs, des mots ; je vous aide en mettant en caractères gras un mot sur deux : « I L N E F AUTJA MAISV ENDRE LAPEA UDELO URSAV NTDE LAVOI R T U E. » Là où vous n’aviez vu que des suites de lettres, vous découvrez petit à petit des mots et, dès lors, le proverbe vous saute aux yeux : « Il ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. » En rappelant g de mémoire ce simple proverbe, vous rappelez ce qui vous semblait impossible, quarante-neuf lettres ; à propos, cela fait sept fois sept ; décidément, ce chiffre est vraiment magique !
De nombreuses recherches ont ainsi montré que tout apprentissage, même l’apprentissage par cœur, consiste à faire des groupes d’informations solides (relier les livres) pour qu’ils prennent moins de place en mémoire à court terme. Ce processus de groupement d’informations est appelé l’organisation. Voyons les trois principaux modes d’organisation qu’utilise notre mémoire.
Le processus le plus général d’organisation est la caté-gorisation. Pour le montrer, les chercheurs préparent une liste de mots appartenant à des catégories familières, par exemple quatre mots de la catégorie « fleurs », quatre ani¬maux de ferme, quatre pays, etc. L’apprentissage de ces mots est très rapide par rapport à l’apprentissage de ces mêmes mots mélangés. Ce procédé est classique dans l’en¬seignement ; il correspond en particulier à fractionner un texte en paragraphes et à mettre des titres ou sous-titres aux paragraphes, ceci étant valable dans toutes les matières, de l’histoire à la biologie. Cette méthode est déjà bien connue mais les recherches actuelles permettent d’ajouter le conseil suivant : comme la méthode des groupements est efficace du fait de la capacité limitée de la mémoire à court terme, il faut faire des petites catégories ou des petits paragraphes pour être efficace. De même, il ne faut pas trop multiplier les catégories ainsi que les paragraphes dans un chapitre. Il faut être bien en deçà de sept paragraphes. Naturellement, ce qu’on apprend ne correspond pas toujours à des catégories bien visibles.
La deuxième méthode d’organisation s’appuie sur le langage. La phrase est ainsi un bon moyen d’organisation pour unir plusieurs mots. Des expériences ont ainsi montré qu’il était deux fois plus efficace d’apprendre des couples de mots comme « fille-kangourou », si l’on suggère de les apprendre en formant des petites phrases significatives comme « la fille donne à manger au kangourou ».
Ce procédé peut s’appliquer avec des images et correspond à la troisième grande méthode d’organisation. Ayant à apprendre des couples de mots comme dans l’exemple précédent, « piano-cigare », etc, il faut alors imaginer une image mentale qui permette d’unir ces deux mots ; dans l’exemple, il est assez facile d’imaginer un piano fumant un cigare, comme dans un dessin animé de Tex Avery. Dans ce cas également, le procédé de groupement permet de multiplier par deux le rappel des mots ensemble par rapport à des sujets contrôles qui apprennent les mots sans utiliser de méthode.
Vidéo : Comment apprend-on
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