Association de plusieurs troubles anxieux
Nous avons individualisé pour les décrire les différents troubles anxieux ; mais en clinique chez un même enfant, il est habituel que plusieurs troubles anxieux soient associés.
Mathias, 13 ans, est depuis longtemps un enfant anxieux ;
il craint le bruit, la foule, il est mal à l’aise dans le métro, il ne prend jamais l’ascenseur.
un jour à ¡a piscine, un copain le pousse, il a peur et cela crée une peur de l’eau que Mathias ressent même sous la douche. Durant toute son année de 6e, il souffre de nombreux malaises à type de vertiges avec perte de l’équilibre qui le conduisent à l’infirmerie plusieurs fois par semaine. Durant sa colonie de vacances en juillet,aucun« traumatisme n’est rapporté, et pourtant il revient avec des difficultés alimentaires majeures : il ne peut manger de solide, même en petits morceaux, et même mixé. Il ne se nourrit que de lait enrichi (lait au chocolat) et de bouillons. A la rentrée des classes, il va à l’école deux jours. Le troisième jour, une crise d’angoisse le terrasse, et toute nouvelle tentative est un échec. Mathias vit douloureusement le conflit parental avec des violences verbales et physiques de son père contre sa mère, et Mathias est particulièrement inquiet pour sa mère qui souffre d’une maladie chronique grave.
Mathias souffre de plusieurs troubles anxieux associés : anxiété généralisée ancienne, phobies des transports et des ascenseurs, trouble anxieux post-traumatique avec phobie de l’eau et phobie de déglutition, et anxiété de séparation aggravée par la maladie de sa mère et le climat familial violent.
« Nous vous adressons ce courrier, car nous ne savons plus quoi faire et nous sollicitons votre aide. Notre fille, Manon,
14 ans, n’est plus scolarisée au collège depuis deux ans. Jusqu’en 6e, elle a suivi une scolarité ordinaire ; de la maternelle à la primaire, Manon semblait s’épanouir tranquillement. Pour sa sœur aînée (trois ans de plus), nous avions choisi un collège privé, nous avons donc inscrit Manon dans le même collège. Sa rentrée n’est pas apparue difficile ; elle a retrouvé des camarades du primaire et elle s’est fait rapidement d’autres amies. C’est après les vacances de la Toussaint que les premiers signes sont apparus
Le collège nous a appelé pour aller chercher Manon à l’infirmerie où elle avait été envoyée car elle se plaignait de douleurs abdominales. Dans les jours suivants, Manon était incapable de se rendre au collège le matin ; pâle, paniquée, elle s’enfermait dans les toilettes en criant : « vous pouvez me taper si vous voulez, je ne peux pas y aller ».
Nous avons essayé différentes choses, la douceur, la négociation, la force des consultations. Mais Manon refusait tous les rendez-vous avec les enseignants et avec la plupart des psychologues. A la rentrée de 5e, elle n’est pas allée au collège, ni à la rentrée de 4e.
Elle est scolarisée au CNED en 3e. Nous, les parents, nous assistons depuis plus de deux ans au naufrage de notre fille, impuissants. »
Grâce à l’évaluation en milieu hospitalier de cette jeune fille on a pu mettre en évidence différents phénomènes anxieux. En premier lieu, si la scolarité en maternelle semble avoir été sans problème, la scolarité en primaire a été émaillée d’épisodes de difficultés pour aller à l’école en raison de maux .entre itératifs que l’on peut mettre en relation avec une anxiété de séparation.
La perspective de l’entrée en 6e est vécue dans l’anxiété,et dès le début de l’année, Manon se sent angoissée. Manon souffre d’anxiété généralisée : elle appréhende toutes les nouvelles situations, elle dort mal, elle se sent fébrile et tendue.
En novembre, elle présente une attaque de panique brutale,pendant un cours, a priori sans facteur déclenchant. Elle manque l’école quatre ]ours et reste chez elle dans la crainte d’une nouvelle attaque de panique.
Puis elle retourne au collège ; elle est tenaillée par I angoisse de refaire une attaque de panique, mais finit l’année sans absence. Tout l’été, elle est en proie d’une part à I anxiété anticipatrice d’une nouvelle crise, d’autre part à une forte
anxiété de performance.
Le jour de la rentrée de 5e, une nouvelle attaque de panique la terrasse. Elle y retourne le lendemain mais se sent aussi mal. Elle interrompt sa scolarité et s’inscrit au CNED.
En parallèle, elle restreint son champ social car elle développe une phobie des transports en commun avec impossibilité
de prendre le bus et le métro.
Au total, cette adolescente souffre d’anxiété généralisée, d’attaques de panique, d’une phobie des transports. Elle reconnaît souffrir aussi d’anxiété de séparation mais arrive à la dépasser pour aller quelques jours avec des amies ; il n’y a pas de phobie sociale.