Oligo-éléments:petits et indispensables
Certains de ces éléments sont bien connus : qui ignore qu’un manque de fer entraîne une anémie et quel dentifrice oserait avouer une composition dépourvue de fluor anticarie ? Qui aujourd’hui n’a pas entendu parler du sélénium, présenté par les marchés de la parapharmacie comme «anti- vieillissement», voire remède de prévention du cancer ? Les médecins ont par ailleurs reconnu de longue date le rôle déterminant de l’iode pour le bon fonctionnement de la thyroïde. Certains métaux, longtemps considérés uniquement comme des toxiques, pourraient avoir eux aussi un rôle physiologique, tels l’arsenic, le plomb ou l’étain ; d’autres, tels l’or ou l’argent, n’ont jamais été retrouvés à l’état naturel dans l’organisme mais peuvent y exercer dans certaines conditions des effets favorables.
La médecine classique utilise les oligoéléments comme remèdes pour traiter les carences qu’elle est capable de détecter.L’oligothérapie issue des travaux de Ménétrier n’a pas le même objectif. Elle s’efforce plutôt de reconstituer les conditions d’un équilibre de l’organisme dans son ensemble en lui apportant le plus souvent un mélange d’oligoéléments. Les héri tiers de Ménétrier insistent davantage sur la fonction de catalyseur des oligo-éléments, c’est-à-dire d’intermédiaire des réactions biochimiques à l’intérieur de l’organisme. Les héritiers d’Henri Picard, eux, entendent surtout rendre à l’organisme, par le biais des oligo-éléments, une vitesse de réaction favorable à une défense efficace contre les agressions.
Le choix des oligo-éléments s’appuiera souvent sur l’observation du «terrain», considéré comme fondamental et exprimé par Ménétrier sous la forme de «diathèses», correspondant à des façons spécifiques de réagir.
Ménétrier distingue quatre diathèses, chacune appelant la prescription d’un ou de plusieurs oligo-éléments spécifiques. Autour des complexes de base ainsi définis, associant diversement manganèse, cuivre, cobalt, or, argent, zinc et nickel, Poligothérapeute ajoute des oligo-éléments complémentaires en fonction des symptômes observés, parmi lesquels le soufre, l’iode, le phosphore, le magnésium, le potassium, le lithium, le fluor…
Médecine de fonction ou médecine d’organe ?
Leur utilisation, qui repose encore largement sur des bases empiriques, ne fait pas l’unanimité chez tous les thérapeutes.
On peut cependant souligner quelques grandes tendances. Le principe «fonctionnel» tel qu’il a été développé par Ménétrier, voit essentiellement dans l’oligothérapie un bon moyen de donner à l’organisme malade ou menacé de quoi se guérir lui- même et l’utilise essentiellement dans des troubles fonctionnels, c’est-à-dire sans substrat organique mesurable. Mais certains oligothérapeutes défendent l’utilisation des oligo-éléments dans des maladies organiques. Les diathèses y perdent de l’importance et les oligo-éléments prescrits se diversifient.
En France, par exemple, le docteur Henri Picard préconisait l’utilisation des oligo-éléments à l’intention des arthrosiques qui fréquentaient la station thermale où il était médecin et dont il voulait surtout au départ améliorer l’état général selon les principes de Ménétrier.
Pour les médecins de son école, les oligo-éléments interviendraient non seulement pour ralentir les processus de destruction à l’œuvre dans cette maladie de l’articulation, mais seraient capables dans une certaine mesure, d’améliorer l’état des articulations touchées.
C’est aussi dans le domaine du vieillissement que se développe le traitement par les oligo-éléments, considérés comme aptes à accélérer la plupart des processus biochimiques de l’organisme, et notamment ceux qui contribuent à la réparation de l’ADN, à la lutte contre les radicaux libres, à la reconnaissance du soi et de l’étranger par l’organisme. Certains oligothérapeutes préconisent donc, dès l’âge de 35 ans parfois, un apport systématique et prolongé d’éléments parmi lesquels le sélénium, reconnu actif dans la lutte contre les radicaux libres.
Dresser le bilan de ses oligo-éléments
Il importe cependant de distinguer l’oligothérapie proprement dite, qui utilise des doses infimes, sans risque de surdosage, de l’offre croissante des «compléments alimentaires», dont certaines préparations ne sont pas totalement dénuées de risques, du fait d’un excès possible, d’un déséquilibre entre les oligo- éléments ou d’interactions fâcheuses avec d’autres médications. La confusion est d’autant plus facile que les uns comme les autres recourent à un même raisonnement, selon lequel l’alimentation actuelle, reposant sur des produits trop souvent pollués, raffinés, industrialisés, serait trop pauvre en oligoéléments.