Le plaisir par internet
Retour sur le malaise dans la civilisation
« Il n’est point entré dans le projet de la civilisation que l’homme soit heureux. » Sigmund Freud, Malaise dans la civilisation.
Comment définir le plaisir ? Le plaisir est tout ce qu’il y a de plus subjectif. Ce qui est plaisir pour l’un ne l’est pas pour l’autre. Il n’y a pas de recette pour le plaisir. Heureusement peut-être. Freud donne d’ailleurs du plaisir une définition par défaut. Le plaisir serait d’abord une absence de déplaisir : et, du coup, le principe de plaisir freudien est avant tout un principe de non-déplaisir. Le déplaisir, par contre, est moins énigmatique. Il s’impose même trop souvent. Comme pour cette femme qui fréquente des sites de rencontres qui lui programment un bonheur garanti. Elle commence à échanger des messages, s’imagine un partenaire, met en scène une rencontre. Elle construit des scénarios, donne un visage à cet homme qui lui répond, dont elle construit une identité qui correspond à ses propres repères imaginaires. Il ne sera pas comme son mari qui n’a cessé de la tromper en lui reprochant son indifférence. Pas non plus comme ce parent qui l’engageait comme jeune adolescente dans des demandes perverses dont elle ressortait mortifiée, dans le dégoût. Le déplaisir, elle le connaît jusqu’a la nausée. Elle veut se construire une vie autre. Finalement elle rencontre l’homme du site Internet, puis plusieurs autres. Chaque fois elle retombe sur un point qui remet en jeu son histoire, sous une forme ou sous une autre. Elle vise un plaisir nouveau, mais qui la renvoie aux allées du déplaisir qu’elle a tant de fois parcourues. Cette répétition du déplaisir rend sa recherche du plaisir de plus en plus énigmatique.