Intégration sociale
Comme on s’en doute, ces jeunes éprouvent plus de difficulté que les autres à s’intégrer socialement. À l’adolescence, ils se comportent en général de façon satisfaisante lorsqu’ils se trouvent un emploi d’été. Cependant, à l’âge adulte, ils parviennent plus difficilement que les autres à obtenir et à conserver un emploi. Ils sont aussi beaucoup plus portés à quitter spontanément un emploi et ont plus de difficulté à s’entendre avec leurs collègues de travail et leur patron.
En ce qui a trait à la vie conjugale, les séparations et les divorces sont plus fréquents dans les couples où l’un des deux membres souffre d’hyperactivité.
Peut-on prévoir, lorsqu’on évalue un enfant, les possibilités qu’il présente ces complications? Pas de façon absolue malheureusement, mais certains aspects peuvent nous rendre plus optimistes. Par exemple, si l’enfant provient d’un milieu favorisé socialement et financièrement, ses chances de bien s’en tirer sont meilleures, en raison du soutien que ce milieu est en mesure de lui apporter. La capacité intellectuelle de l’enfant et l’absence de troubles spécifiques d’apprentissage joueront aussi un rôle positif. En effet, plus l’enfant est intelligent et moins il a de difficultés surajoutées, plus il pourra réussir à l’école malgré son handicap. Cette plus grande réussite scolaire permettra de diminuer la frustration et l’agressivité, donc d’améliorer le pronostic.
La présence et l’étendue des troubles de comportement risquent de leur côté d’aggraver le pronostic. Ce risque est encore plus grand si, à l’adolescence, ils ont des démêlés avec la justice. D’un autre côté, l’attitude que le milieu adoptera à leur égard contribuera à réduire la possibilité d’une issue défavorable. Plus les intérêts de l’enfant seront privilégiés, plus les adultes de son entourage l’appuieront, plus on utilisera les ressources de la communauté, et moins on risquera de complications. Je reparlerai au chapitre VII du rôle du milieu scolaire à ce propos.
Les parents ont, eux aussi, un rôle à jouer. Plus ils amélioreront leur attitude face à l’enfant, et ce dans le sens que je proposerai au chapitre VI, plus ils influenceront positivement l’avenir de leur enfant.
Une étude récente12 nous ouvre un espoir nouveau pour l’avenir de tous les enfants handicapés, y compris les hyperactifs. Des chercheurs ont interrogé un groupe de jeunes adultes handicapés depuis l’enfance et leur ont demandé ce qui avait le plus contribué à leur succès dans la vie. La plupart ont cité en premier lieu la relation qu’ils avaient eue avec un adulte ne faisant pas partie de la famille. Pour certains, c’était l’entraîneur de baseball qui les faisait jouer malgré leur pauvre coordination; pour d’autres, c’était le chef scout qui les acceptait tels qu’ils étaient ou encore le voisin qui les aidait quand la situation familiale était plus difficile. Quel que soit le type de handicap de l’enfant, la réponse était la même.
Le Gordon explique que le fait de se sentir accepté et valorisé par un adulte qui n’est ni le père ni la mère, semble recouvrir l’estime de soi de ces jeunes d’une enveloppe protectrice très solide. C’est comme si l’amour des parents était considéré par l’enfant comme simplement normal, mais que l’attention d’une personne qui n’y est pas tenue par les liens du sang soit extrêmement valorisante. Il termine par cette phrase: «Les enfants qui ont des besoins spéciaux ont besoin de retrouver sur leur route des gens spéciaux.»
Dans notre monde où l’on entend si souvent parler des dangers que représentent des adultes mal intentionnés qui s’intéressent à nos enfants, je trouve rassurant de voir que certains, mieux intentionnés, peuvent aussi aider des enfants sans autre motif que le bien de ces derniers. Je souhaite à tous les hyperactifs de rencontrer un jour sur leur chemin une de ces personnes capables de reconnaître leur valeur au-delà des symptômes qui dérangent.