Une tradition rurale
Les thérapeutiques d’origine populaire sont d’une grande diversité et les guérisseurs traditionnels font très souvent appel à plusieurs d’entre elles en même temps. La plupart des figures du guérissage traditionnel sont bien connues de tous : celle du magnétiseur, qui soigne avec son «fluide», celle du radiesthésiste, qui perçoit les «ondes», celle du connaisseur des plantes, avec ses «remèdes de grand-mère», celle du «panseur de secrets», qui détient des formules qui guérissent, celle du rebouteux, qui sait comment manipuler les corps, celle du désenvoûteur, qui sait contrer la sorcellerie, celle, enfin, des guérisseurs d’inspiration religieuse qui font appel à la prière, à la foi, à l’intercession des saints guérisseurs ou au pèlerinage. Autour de ces savoirs, pas de constructions médicales savantes, mais des pratiques privées, locales, bien souvent non professionnalisées. La médecine officielle ainsi que la plupart des médecines parallèles reposent, quant à elles, sur des systèmes théoriques élaborés : ces dernières ont d’ailleurs leurs lieux d’apprentissage (universités, écoles, cycles de formation, etc.), passages obligés pour leurs thérapeutes en formation. Dans un univers rural clos sur lui-même, à une époque ou les médecins étaient moins nombreux que de nos jours, ces guérisseurs populaires étaient souvent considérés comme amis ou confidents : on allait les voir non seulement pour des problèmes de santé, mais aussi pour les affaires de famille ou les questions touchant à la vie de la collectivité.
Le médecin, homme de science, était consulté dans les cas graves ou lorsque le guérisseur avait échoué. La place occupée par les médecines populaires a évolué en suivant le sort des cultures paysannes. Avec, entre autres facteurs, l’essor extraordinaire des moyens de communication, les progrès considérables de la médecine et de la chirurgie, le développement généralisé de l’assurance maladie, la situation des guérisseurs s’est en partie inversée, si bien qu’aujourd’hui, ce sont eux qui sont en général consultés en second recours, là où la médecine officielle a échoué. Raison pour laquelle les guérisseurs subsisteront.