Une conscience capable de guérir ?
Un espace psychique accessible, un imaginaire actif, une attitude marquée par la confiance et l’espoir facilitent la guérison, mais ne la garantissent en aucune manière. Certains individus qui répondent à tous ces critères n’en succombent pas moins à leur maladie : le travail d’élaboration mentale a ses limites. Par ailleurs, la documentation rapporte des cas de guérison où la pensée, sous forme méditative, entre autres, aurait joué un rôle déterminant alors que tous les espoirs médicaux réalistes avaient été abandonnés. Ces cas bien réels, quoique rares, soulèvent une foule de questions quant à l’influence de l’esprit sur le corps. Invoquer le travail psychique apte à mentaliser la tension émotionnelle ne suffit pas à rendre compte de ces phénomènes. Pour tenter de les expliquer, il faut aller un peu plus loin dans la compréhension psychophysiologique de la communication entre le corps et l’esprit.
Le pouvoir des états de conscience altérée
On désigne par « état de conscience altérée » cet état où la pensée éveillée est au plus proche de celle du rêve : les perceptions extérieures sont réduites au minimum, la volonté et la pensée logique sont muselées, les limites du soi disparaissent et l’imaginaire s’active dans une très grande mouvance. Cet état de fluidité extrême apparentée à l’état hypnotique est une caractéristique de l’esprit humain au même titre que la veille, le sommeil et le rêve, et nous sommes tous susceptibles de l’éprouver. Au moment de l’endormissement ou à l’instant du réveil, on peut parfois atteindre un état de conscience altérée : toutes les perceptions se mêlent, le passé, le présent, le haut, le bas se confondent, le temps, l’espace et l’identité personnelle n’ont plus de sens. Le contact avec la nature déclenche parfois de tels états : en contemplant la beauté d’un paysage, alors que nous ressentons un profond sentiment de bien-être et de paix, soudain, nous éprouvons une forte impression d’union profonde avec le reste de l’univers, comme si les limites de notre être n’existaient plus. En écoutant de la musique aussi, il arrive que l’on sente son Moi se dissoudre : on a la sensation d’être dans la musique, de se confondre avec elle. Ces moments de confusion ne durent habituellement que quelques secondes. Il arrive que des états semblables se produisent spontanément et durent plus longtemps. Par exemple, des artistes éprouvent ces états aigus d’éveil et de conscience en période de création : ils perdent la notion du temps, ne ressentent ni la fatigue ni la faim, leurs douleurs corporelles disparaissent. Certains affirment même se sentir régénérés au sortir de telles périodes. Il semble toutefois que c’est dans la transe hypnotique et l’état méditatif que l’esprit atteint le degré de fluidité et l’étendue du spectre de conscience le plus élevé. Dans cet état de calme profond, les frontières charnelles de la conscience cèdent la place à un sentiment d’union intime avec l’univers, sans limites de temps ni d’espace. On a ici le plus haut niveau de conscience altérée, la plus grande fluidité que puisse atteindre l’esprit.
Il semble que ce soit dans cet état de conscience bien particulier que l’esprit parvient à déployer au maximum ses pouvoirs étonnants sur la physiologie. En méditation, d’importantes modifications physiologiques se produisent. Par exemple, les chercheurs ont observé une diminution marquée du rythme cardiaque et de la tension artérielle, signe d’une grande détente, de même qu’une activité cérébrale plus synchronisée qui favorise au maximum la fluidité33. Ces modifications physiologiques peuvent aller jusqu’à enclencher très rapidement un processus de guérison. La méditation semble aussi avoir des effets à long terme sur la physiologie. On a noté une augmentation des capacités mnémonique, auditive et respiratoire, une baisse du taux de cholestérol sanguin, une augmentation de l’efficacité et de la résistance du système cardiovasculaire. Les moines bouddhistes qui pratiquent régulièrement la méditation zen sont moins souvent malades et guérissent plus rapidement lorsqu’ils le sont34. Tout comme la méditation, l’hypnose permet également d’agir sur la physiologie de façon étonnante. Dans un état de transe profonde, le corps peut produire sur demande des endorphines capables de bloquer les sensations douloureuses à une vitesse instantanée. On a tous déjà entendu parler de ces personnes qui, en état d’hypnose, peuvent marcher sur des tisons ardents sans se brûler. C’est ce pouvoir de l’hypnose qui est mis à profit pour remplacer l’anesthésie chimique lors d’opérations chirurgicales.
L’esprit, à la condition d’atteindre un état de conscience altérée, aurait donc un pouvoir organisateur sur la matière apte à venir à bout du chaos occasionné par la maladie. Cependant, l’exercice de ce pouvoir est aléatoire et son effet est impossible à prévoir et à contrôler. Si notre cerveau est en principe capable d’atteindre cet état de fluidité extrême, il va sans dire qu’un long entraînement est nécessaire pour y parvenir. Cependant, même le plus grand adepte de la méditation ou l’individu le plus habile à entrer en transe hypnotique ne peut être certain d’influencer la physiologie et, quoi qu’il en soit, il ne pourra empêcher toute souffrance ni contrer à jamais la maladie et la mort.
Un pouvoir exercé par-delà la distance
En état de conscience altérée, l’esprit influe sur la physiologie de son propre corps. Fecteau (2004) rapporte des observations encore plus étonnantes du pouvoir que peut avoir à distance un esprit sur le corps d’un autre. Elle relate, entre autres, le cas d’une mère qui, alors qu’elle écrit une lettre à sa fille pensionnaire dans une ville éloignée, ressent tout à coup une intense brûlure à sa main sans aucune raison. Peu après, elle reçoit un téléphone du collège où étudie sa fille : on lui annonce que celle-ci vient de se brûler accidentellement la main avec de l’acide pendant une expérience de chimie. La « communication » entre la mère et la fille a été instantanée : sans que la mère sache pourquoi, son cerveau a réagi en sympathie au corps blessé de sa fille en ressentant sa douleur comme si c’était la sienne, et ce, à peu près au même instant où celle-ci a eu l’accident. La fille a-t-elle pensé à sa mère à ce moment? L’histoire ne le précise pas.
De tels phénomènes de perception extrasensorielle, bien que peu courants, se produisent la plupart du temps entre des personnes intimement liées, même lorsqu’elles sont très éloignées l’une de l’autre. Les personnes qui en sont l’objet ne sont pas toujours en état de conscience altérée. Parfois, ces phénomènes se présentent sous forme de rêves prémonitoires. Je me souviens d’une patiente qui avait vu en rêve son père s’écrouler par terre. Réveillée en sursaut par ce cauchemar, elle a entendu le téléphone sonner : sa mère lui annonçait que son père venait de faire un infarctus. Il semble qu’ici le cerveau de cette femme avait été avisé de ce qui se passait dans le corps de son père, exactement comme s’il se fut agi du sien propre. La documentation foisonne de témoignages de télépathie, perception extrasensorielle, rêve prémonitoire ou autres. Peut-être vous est-il arrivé de vivre personnellement une ou des expériences de ce genre. Elles vous ont troublé pendant un moment, puis vous les avez oubliées, les mettant sur le compte du hasard ou de la coïncidence. Peut-on expliquer scientifiquement ces phénomènes étranges qui, bien que rares, surviennent malgré tout de manière assez universelle ? La biologie et la psychanalyse atteignent ici leurs limites. Des chercheurs en neuropsychologie et en biologie s’y sont intéressés. Les théories explicatives qu’ils ont conçues s’inspirent des découvertes de la physique quantique concernant la composition et le fonctionnement de la matière. Afin de les suivre dans l’élaboration de leur pensée, je vous propose un détour par quelques notions de physique. Vous risquez d’être surpris par l’audace de certaines de leurs hypothèses et d’être ébranlé dans vos convictions, mais si vous attachez bien vos ceintures et avez le courage de me suivre jusqu’au bout, ce voyage au cœur de la matière vous apportera sinon des réponses claires, du moins matière à réflexion.
Un univers vivant
Hubert Reeves, astrophysicien, explique que, pour la physique moderne, l’histoire de l’univers est celle de la matière qui s’organise35. Au début, c’est le chaos : rien n’est organisé, il n’existe aucun organisme vivant, aucune molécule ni atome chimiques, il n’y a qu’une grande purée informe de particules élémentaires, infiniment plus petites que les atomes. Petit à petit, une grande énergie va rassembler les particules, les regrouper pour former des systèmes de plus en plus organisés, en partant des atomes jusqu’à l’être humain, système le plus complexe et le plus évolué que l’on connaisse. Tous les systèmes, autant la pierre que les cellules de notre corps, sont composés des mêmes constituants, des mêmes particules, atomes et molécules. Ils ne diffèrent que par la complexité de leur organisation. Cette façon de concevoir la création de tout ce qui existe dans l’univers oblige à redéfinir ce qu’est la vie. On a toujours fait une démarcation nette entre la matière inerte, comme la pierre, et la matière vivante, comme les plantes, les animaux et les humains. Mais puisque tous ces systèmes, les organismes vivants autant que la pierre, sont constitués des mêmes éléments, où doit-on faire la démarcation et en vertu de quel critère ? Pour les scientifiques d’aujourd’hui, la vie n’est pas une caractéristique des seuls organismes biologiques. Elle serait plutôt cette force, cette énergie autonome qui pousse les particules à s’organiser, à se complexifier de plus en plus. Autrement dit, l’univers lui-même est vivant, la vie existe en nous et tout autour de nous.
La physique quantique, celle qui s’intéresse à l’infiniment petit, nous apprend des choses encore plus surprenantes. Lorsqu’on pénètre au cœur de la matière, dans les plus infimes parties constituantes de l’atome, au lieu de rencontrer du solide et de l’inerte, on observe que même la pierre grouille de vie (d’énergie) et que les lois qui la régissent sont déroutantes. Les particules subatomiques ne s’y présentent pas comme des objets solides immuables, mais comme des paquets d’énergie indéfinis et vibrants, agissant parfois comme des particules compactes, parfois comme des ondes, et parfois comme les deux à la fois. La probabilité qu’une particule prenne une forme précise plutôt que de se présenter comme une onde est aléatoire, et le passage d’un état à 1 autre est instantané. Autrement dit, quand on pénètre profondément dans la matière, elle n’est plus matière, mais une formidable énergie qui représente une myriade de possibilités évoluant toutes en même temps. Plutôt que d’être un univers de certitude statique, le monde est incertitude et imprévisibilité. L’univers subatomique offre encore une autre caractéristique étonnante que les physiciens appellent la non-localité. Deux particules, une fois qu’elles ont été en contact, gardent entre elles un lien même après avoir été séparées par la distance, de sorte qu’un électron isolé, par exemple, peut avoir un effet instantané et à distance sur une autre particule. En vertu de ce principe, les agissements de n’importe quelle particule ont un effet immédiat sur l’ensemble des autres, peu importe la distance qui les sépare. Comme toutes les formes d’organisation dans l’univers sont constituées des mêmes particules élémentaires régies par cette règle de non-localité, certains scientifiques pensent que tout dans l’univers, les êtres humains y compris, serait relié dans une sorte de réseau complexe et entretiendrait des relations d’interdépendance, indivisibles à jamais.
Une intelligence dans l’univers?
Pour tenter d’expliquer cette influence à distance, plusieurs scientifiques affirment qu’on ne peut pas invoquer le seul échange de force ou d’énergie puisque, en principe, l’intensité d’une force entre deux éléments diminue avec l’augmentation de la distance qui les sépare. Ils pensent plutôt que cette influence au-delà du temps et de l’espace se ferait par un échange d’information sous forme d’ondes extrêmement rapides. Cette théorie est basée sur l’idée qu’on ne peut invoquer le seul jeu du hasard des rencontres entre les diverses particules pour rendre compte du mouvement d’organisation dans l’univers. La manière dont elles s’agencent est trop précise et trop exacte à tout instant et depuis le début. Selon eux, il y aurait un principe organisateur de l’univers, une sorte d’intelligence dans la matière qui en orchestrerait l’organisation. C’est ce qu’on appelle la théorie de l’information. L’information serait une sorte de « langage » qui ferait que les molécules travaillent ensemble pour former les protéines, les acides aminés, les gênes, les cellules, les organes, et les organismes complets. Prenons simplement l’exemple de la croissance de l’embryon humain.
Comment les cellules savent-elles exactement où se placer et à quei moment le faire pour qu’un bras devienne un bras plutôt qu’une jambe, que les différentes parties du corps se développent au bec endroit, et ainsi de suite, jusqu’à ce que l’ensemble prenne la forrrt d un être humain ? On sait maintenant que c’est le code génétique, une information extrêmement précise inscrite dans l’ADN des gènes, qui orchestre ce merveilleux ballet. Mais pour s’activer, ce code exige aussi une ingénieuse méthode de communication entre les cellules dès les premiers moments du développement. On suppose que cette communication s’effectue au niveau des particules élémentaires selon les lois de la physique quantique. Cette théorie est partagée par des chercheurs de disciplines diverses, neuro- psychologie, biologie et physique, et permettrait d’envisager une explication plus globale de la vie sous toutes ses formes.
Précisons que la théorie de l’information ne fait pas l’unanimité dans la communauté scientifique. Certains refusent de l’endosser parce que, selon eux, on ne peut rejeter l’idée d’un agencement dû au hasard des rencontres et au jeu des forces actives dans l’univers puisque, même si notre compréhension de la création de l’univers a fait des bonds prodigieux, on ignore encore trop de choses à propos de ces phénomènes. Or on ne peut calculer la probabilité d’un événement tant qu’on ne sait pas exactement comment il se produit. Ces scientifiques refusent d’endosser la thèse d’une intervention intelligente dans l’univers parce qu’aucune preuve de son existence n’existe. Pour eux, cette hypothèse n’a aucun fondement scientifique et relève plutôt du domaine de la philosophie ou des croyances.
L’être humain quantique
Certains chercheurs s’inspirent de la théorie de l’information pour théoriser les rapports entre le corps et l’esprit. Suivons-les dans le développement de leur pensée. À partir d’études faites en laboratoire, ils notent que l’effet de l’esprit sur le corps est souvent très rapide. Ces résultats rejoignent les observations de phénomènes de guérison spontanées et de communication à distance où la rapidité du changement induit par l’esprit sur la physiologie est parfois étonnante. La théorie des cellules messagères qui, préci- sons-le, s’appuie sur la théorie de l’information, peut rendre compte de cette rapidité en ce qui concerne le pouvoir d’un esprit sur son propre corps, mais elle est insuffisante à expliquer l’influence à distance que peut avoir un esprit sur un organisme qui n’est pas le sien. Dean Radin (1997), neuropsychologue, développe une hypothèse explicative à partir des principes de la théorie quantique. Toutes les cellules de notre organisme, y compris celles de notre cerveau, sont composées de molécules biochimiques, elles-mêmes constituées de particules subatomiques régies par les lois de la physique quantique où l’on ne fait plus de distinction entre matière et énergie. En conséquence, Radin pense que l’influence de l’esprit sur le corps s’expliquerait par le fait que les particules subatomiques constituantes de nos cellules se manifesteraient tantôt sous forme matérielle, tantôt sous forme d’onde transportant l’information très rapidement. Cette hypothèse rendrait compte de la rapidité de l’influence de la pensée sur le corps propre. Les influences à distance d’un esprit sur un autre corps s’expliqueraient par le principe de non-localité qui veut que deux particules ayant déjà été en contact conservent un lien et s’influen- cent réciproquement même à distance.
En s’appuyant sur la théorie de l’information, certains chercheurs, dont Radin, vont encore plus loin. Selon eux, cette théorie, qui, rappelons-le, suppose l’existence d’une intelligence dans l’univers, conduirait à une redéfinition de la conscience. Alors qu’on a toujours envisagé celle-ci comme une propriété de notre cerveau, une caractéristique fondamentalement humaine, ils suggèrent que la conscience serait assimilable à un continuum d’intelligence, une sorte de « conscience à l’état pur », non localisée dans un organisme précis, mais présente partout dans l’univers et traversant le temps et l’espace. Celle-ci serait préexistante à l’apparition de la vie biologique telle qu’on la connaît. S’étendant au-delà de l’individu, elle serait assimilable au champ d’énergie quantique qui influencerait la probabilité des événements. Plus la concentration de conscience serait grande, plus elle prévaudrait à l’organisation des systèmes. Notre propre conscience, telle qu’on l’éprouve quotidiennement, n’en serait qu’une infime manifestation. Sa force fluctuerait d’un instant à l’autre selon notre degré d’attention: assez bas en général, très élevé dans les états méditatifs ou hypnotiques. Radin propose que notre conscience, tout comme le photon est à la fois onde et particule, se présenterait sous deux états complémentaires. Dans les conditions habituelles, l’esprit serait particulaire, fermement localisé dans l’espace-temps ; cet état correspondrait au sentiment subjectif d’être une créature isolée et indépendante, notre Soi. Dans des conditions exceptionnelles, comme en profonde méditation ou en état de transe hypnotique, l’esprit serait plutôt ondulatoire, échappant à la localisation spatio- temporelle. Il ferait alors l’expérience d’une union intemporelle avec l’univers, dissolvant les limites du Soi individuel. Cette théorie trouve appui dans le témoignage des adeptes de la méditation qui affirment ne plus sentir leurs limites individuelles lorsqu’ils sont en état de méditation profonde. Par ailleurs, tandis que leur esprit atteint une clarté inégalée, ils ont l’impression de participer à une conscience élargie, universelle. Dans cet état ondulatoire, la conscience aurait le pouvoir d’influencer des systèmes physiques et matériels désorganisés, par exemple un organisme malade, en leur donnant plus de cohérence.
L’univers est-il vraiment doté d’une telle conscience chargée d’orienter son développement? Selon Hubert Reeves, c’est affaire d’interprétation : ceux à qui cette hypothèse plaît comme ceux qui la réfutent trouvent les arguments pour appuyer leur point de vue. À vous de décider si vous adhérez ou non à cette hypothèse explicative des rapports entre le corps et l’esprit. Pour ma part, sans y adhérer totalement, j’y trouve matière à réflexion pour expliquer des phénomènes étranges demeurés inexpliqués par la biologie et la psychanalyse et auxquels la clinique nous confronte assez souvent, comme les guérisons spontanées, la télépathie et les rêves prémonitoires. Le fait qu’aucune preuve scientifique n’existe encore pour en démontrer la véracité souligne une fois de plus que, en matière de communication entre le corps et l’esprit, bien des choses nous échappent et que toutes nos théories explicatives demeurent insuffisantes. Cette question est peut-être la plus complexe à laquelle nous ayons à faire face lorsqu’on tente de comprendre les infinies subtilités du fonctionnement humain. L’évolution de la science apportera peut-être dans l’avenir de nouveaux éclairages qui viendront confirmer ou infirmer cette hypothèse.