Thermalisme pédiatrique
Le thermalisme pédiatrique ne constitue pas un thermalisme à part mais il se distingue cependant du thermalisme adulte dans ses indications, ses modalités, ses spécificités [2],
Compte tenu des progrès de la médecine, la crénothérapie chez l’enfant et l’adolescent est aujourd’hui prescrite essentiellement dans le traitement des affections chroniques des voies respiratoires, en dermatologie et chez l’enfant énurétique.
Les pratiques thermales sont comparables à celles de l’adulte mais une cure pédiatrique requiert un regard différent et une approche particulière des conditions d’accueil, des structures médicales et de l’encadrement éducatif. La préparation du séjour thermal est une étape importante qui implique le médecin et la famille.
Affections des vois respiratoires
Faits et niveaux de preuves des des vois respiratoires
L’organisme de l’enfant est particulièrement sensible à l’action qualitative des eaux minérales (eaux sulfurées, eaux bicarbonatées chlorurées sodiques) (voir partie II. chapitre 7). La présence dans certaines eaux minérales d’éléments tels que l’arsenic, le sélénium, le cuivre peut impliquer une action pharmacodynamique au niveau des muqueuses.
Des enquêtes ont tenté d’apprécier l’efficacité des eaux minérales et des techniques thermales dans les indications ORL chez l’enfant. Scores cliniques, examens complémentaires (impédancemétrie, diaphanoscopie), suivi médical sur 1 à 3 ans, ont été retenus comme critères d’évaluation.
Les résultats observés semblent confirmer l’intérêt des eaux sulfurées lorsque le facteur infectieux est au premier plan [3, 11, 131 et l’action plus spécifique des eaux bicarbonatées arsenicales (La Bourboule) sur le terrain allergique [6, 10].
Dans l’asthme de l’enfant, l’efficacité clinique d’une cure thermale est évaluée sur le nombre de crises dans l’année suivant la cure, l’évolution de paramètres fonctionnels tels que l’exploration fonctionnelle respiratoire, la consommation de corticoïdes inhalés et l’absentéisme scolaire [7, 12]. La plupart de ces études cliniques ne résistent pas à la critique en l’absence de
groupes témoins et d’analyse des perdus de vue. Tl n’en va pas de même des études statistiques conduites par le Service national du contrôle médical et par des centres régionaux de Sécurité sociale qui ont confirmé le bénéfice obtenu chez l’enfant par la crénothérapie dans l’indication «voies respiratoires» avec des résultats jugés bons et très bons à 70%, toutes études confondues [I4|.
Il en est de même pour la dermatite atopique, dont l’évolution et l’amélioration clinique obtenues à court terme et à moyen terme sont appréciées sur l’indice d’évolutivité SCORAD, impliquant notamment le prurit, au moyen d’une échelle visuelle et par l’évaluation de la consommation en dermocorticoïdes |4, 18].
Indications du thermalisme pédiatrique
Il est classique de différencier la pathologie allergique de la pathologie infectieuse mais en réalité, les phénomènes allergiques et infectieux sont souvent étroitement liés.
Les rhinites et les rhino-sinusites avec obstruction nasale et mouchage souvent aggravées lors des poussées de surinfection, les rhinopharyngites ci répétition à l’origine de complications au niveau des sinus, des oreilles ou des bronches, les pharyngites chroniques diffuses, les otites aiguës à répétition sont des indications des cures sulfurées, à moins qu’un facteur allergique associé ne fasse discuter l’indication d’une station bicarbonatée.
Les rhinites allergiques, les rhino-conjonctivites et les rhino-sinusites avec épaississement muqueux radiologique et dont l’étiologie allergique est suspectée ou affirmée sont d’excellentes indications des stations thermales bicarbonatées si l’éviction des allergènes en cause ou la désensibilisation spécifique n’ont pas apporté les résultats escomptés. La polypose naso- sinusienne dans sa forme mineure, non chirurgicale, qui peut se voir chez le grand enfant dès l’âge de 10 ans, ainsi que la maladie de Widal (triade polypose-asthme-intolérance à l’aspirine) peuvent être améliorées par une cure bicarbonatée chlorurée sodique.
L’asthme est une des indications majeures de cure thermale chez l’enfant. Première maladie chronique de l’enfant, il touche plus de 10 % des scolaires. La précocité de son apparition et sa sévérité ont beaucoup augmenté, avec toutes les conséquences socio-économiques que cela implique : retard scolaire, retentissement sur la qualité de vie, hospitalisations. Dans le schéma thérapeutique de l’asthme léger et de l’asthme persistant modéré, la crénothérapie s’intégre parfaitement en complément d’un traitement de fond ou d’une désensibilisation spécifique ou encore en relais.
Chez l’adolescent, l’asthme débute généralement dans la seconde enfance puis, après une accalmie apparente à la puberté, réapparaît vers l’âge de 15 ans, en association ou en alternance avec une pathologie naso-sinusienne et/ou cutanée. Le tabagisme passif ou actif, la non-observance du traitement, le déni de la maladie, l’échec ou le refus d’une désensibilisation, sont autant d’arguments en faveur de la prescription d’une cure thermale. Comme chez l’adulte, l’asthme persistant sévère, corticodépendant, n’est pas une indication de cure thermale mais une indication de cure climatique.
La trachéite spasmodique s’exprime de façon chronique chez des enfants souvent à terrain allergique et dont l’hyper-réactivité bronchique est bien démontrée par les tests de provocation bronchique non spécifique. Rarement isolée, elle est le plus souvent l’expression d’une infection respiratoire haute chronique, d’un reflux gastro-œsophagien ou l’équivalent d’un asthme.
Les bronchites à répétition, isolées ou succédant à des rhinites, ainsi que les toux habituelles sans hyper-réactivité bronchique, sont de bonnes indications de cure thermale soufrée.
Les bronchites spastiques ou asthmatiformes sont souvent concomitantes à des infections ORL virales justiciables d’une cure thermale bicarbonatée arsenicale, active à la fois sur les sphères bronchiques et ORL et susceptible de prévenir le passage à la chronicité.
Pratiques thermales du thermalisme pédiatrique
Voisines de celles effectuées chez l’adulte, elles varient suivant les équipements et surtout en fonction de l’âge de l’enfant.
Un personnel soignant formé, l’entourage familial et/ou infirmier faciliteront la mise en confiance et l’obtention d’une bonne adhésion de la part de l’enfant.
Les soins d’hydrothérapie locale demandent la coopération de l’enfant. Le bain nasal à la pipette, très utile, peut être réalisé facilement dès l’âge de 3 ans, surtout si l’enfant a déjà l’habitude des lavages au sérum physiologique. L’irrigation nasale est effectuée correctement dès l’âge de 6 ans. Les aérosols et les humages, ainsi que les nébulisations rhinopharyngées sont en général bien tolérés.
D’autres techniques ORL (insufflation tubaire, douche pharyngienne, lavage de sinus par la méthode de déplacement de Proëtz…) relèvent de la compétence du médecin thermal et de son savoir-faire.
L’inhalation collective chaude, le «brouillard», peut être prescrite dès le plus jeune âge mais nécessite la présence d’un adulte auprès du petit enfant. À partir de 5 ans, une explication et une préparation ludique du soin doivent être données par le médecin.
L’ingestion quotidienne d’eau thermale est spécifique à certaines stations. Les quantités ingérées tiennent compte de l’âge, du poids et des réactions individuelles.
Dermatologie
Indications du dermatologie
La dermatite utopique est la principale forme d’eczéma justiciable de la thérapeutique thermale. Cette affection doit être traitée le plus précocement possible et l’enfant même très jeune, dès l’âge de 5 mois, peut bénéficier d’une cure thermale.
La dermatite atopique sévère de la petite enfance peut persister à l’adolescence et s’accompagner d’une rhinite et/ou d’un asthme allergique. C’est le syndrome dermo-respiratoire qui est une excellente indication de cure thermale mais implique que la station thermale soit agréée dans la double orientation «voies respiratoires/dermatologie».
Le psoriasis de l’enfant représente une excellente indication de cure thermale. Les cures successives montrent que la date des récidives est reculée, les poussées souvent moins intenses et plus espacées avec possibilité de blanchiment pendant plusieurs années.
Les séquelles de brûlures sont devenues des indications de cure thermale dermatologique. L’amélioration obtenue permet une meilleure mobilisation et facilite la réinsertion familiale et sociale.
Pratiques thermales du dermatologie
L’hydrothérapie générale et les bains en particulier sont très appréciés par les enfants quel que soit leur âge. Dans la dermatite atopique et le psoriasis, la douche filiforme, soin essentiel, sera «dosée» dans son application et sa durée par le médecin thermal lui-même en fonction de l’importance des lésions et de la tolérance cutanée.