Repousser les limites de l'âge
Vieux mythe que celui de la fontaine de jouvence dans laquelle, selon la légende, il suffisait de se plonger pour bénéficier d’une éternelle jeunesse. Les progrès scientifiques ne nous promettent pas encore l’accès à ce rêve, mais ils parviennent déjà à ralentir les ravages de l’âge. À Milwaukee, aux États-Unis, un traitement à base d’hormones de croissance est parvenu à freiner spectaculairement certains effets du vieillissement : la réduction du volume des muscles, raffinement de la peau, l’accroissement des masses graisseuses, autant de signes de sénescence dont l’apparition a été effectivement ralentie.
Malheureusement, toutes les parties de notre corps ne vieillissent pas au même rythme. Nos cellules ne subissent pas uniformément les ravages du temps. Les vaisseaux sanguins, les poumons, les articulations sont touchés avant d’autres éléments comme la peau ou le cerveau. Voilà pourquoi toutes les tentatives de lutte contre le vieillissement général de l’organisme étaient jusqu’alors vouées à l’échec. Désormais les recherches les plus sérieuses portent sur le ralentissement du vieillissement des cellules. C’est dans le noyau cellulaire qu’est programmé notre vieillissement, com- port de notre code génétique qui détermine la durée de vie de l’espèce humaine : au maximum de 110 à 120 ans. Si nous sommes rares à bénéficier d’une telle longévité: c’est parce que le programme génétique s’use lui-même peu à peu. La cellule ne parvient plus à le déchiffrer. Elle arrête de se diviser. Elle meurt. En outre, les maladies successives que nous subissons au cours de notre existence, aggravent nos risques de mourir plus tôt. En conséquence, même si la durée de notre vie est déterminée par notre hérédité, cela ne suffit pas à nous garantir une longévité record. Tout se passe comme dans une chaîne de construction automobile. Toutes les voitures qui en sortent sont absolument semblables, et pourtant, certaines d’entre elles dureront plus longtemps que d’autres. Tout dépendra de la façon dont elles seront utilisées.
Pour le vieillissement de notre corps, c’est tout comme. Même si nous naissons dans une famille où les centenaires sont nombreux, nous aurons des chances de vivre tout un siècle. Mais, hélas, nous vieillirons aussi en fonction de l’hygiène de vie que nous aurons, ou non, respectée. C’est notamment ce qui explique que Sa durée moyenne de vie est plus longue, en France, dans les départements où l’on consomme moins d’alcool. Et si les hommes vivent moins longtemps que les femmes, c’est parce qu’ils boivent plus et fument plus que leur compagne.
Conséquence optimiste : c’est en développant la prévention et en régulant notre mode de vie que nous réduirons peu à peu le rôle néfaste des pathologies qui altèrent la vieillesse. L’un des risques majeurs qui menace les personnes vieillissantes, c’est la sous-nutrition qui affaiblit l’organisme et empêche de conserver l’activité physique, la meilleure des préventions, la seule qui permet de conserver plus durablement une certaine autonomie. Mais attention aussi aux tentatives d’exploits sportifs tardifs, particulièrement dangereux après 50 et 60 ans ! Donc, proscrire les exercices physiques réclamant des efforts intenses (tennis, cyclotourisme). Préférer la marche, la gymnastique, la natation.
Grâce à cet entretien attentif, il est possible d’envisager de franchir avec sérénité le cap des 80 ans. Certains groupements et associations se sont créés pour favoriser la réussite de ce pari aujourd’hui possible : vieillir en gardant la forme.
Ces initiatives visent non seulement à préserver les retraités contre les effets du vieillissement biologique, mais aussi à leur épargner les redoutables conséquences psychologiques de la solitude et de la dépression. Certaines méthodes ont fait leurs preuves : stages de relaxation, cours de communication, gymnastique de la mémoire. Si de telles attitudes parvenaient à se généraliser, en s’appuyant sur la volonté des intéressés eux-mêmes, il n’y aurait bientôt plus de vieux, mais seulement des gens qui vivront plus âgés.