Quelques notions d'acupuncture
Les points d’acupuncture, les méridiens, le Inn et le Iang sont des vocables bien connus. A quoi correspondent-ils ? Dans quelle mesure sont-ils compréhensibles et acceptables pour un esprit scientifique ?
La seule façon de faire accepter l’acupuncture par le corps médical est paradoxale. Il s’agit de déclarer que tous ces vocables ne correspondent à rien de réel !
Le point de vue suivant, développé par F. Mann dans son livre « Scientific aspects of acupuncture » ne manque pas de charme à mon sens.
Il écrit en guise d’introduction :
« Quand j’ai commencé à étudier l’acupuncture en 1958, je l’ai fait à la manière traditionnelle chinoise. A cette époque, une approche scientifique de l’acupuncture existait à peine. Je suis donc entré dans les chemins du Inn et du Iang, des 5 éléments et des autres considérations de cette médecine efficace mais pleine de contes de fées.
J’ai même passé 10 ans à apprendre à lire le chinois médical afin d’être capable de lire avec mon professeur chinois les livres anciens et modernes dans leur langue d’origine. De plus, cela m’a permis de pénétrer moi-même la mentalité et le mode de pensée de cet art médical traditionnel.
Après quelques années je sentais que je maîtrisais dans une certaine mesure le sujet : je savais ce que les anciens disaient et également ce qui était enseigné à notre époque tant en Orient qu’en Occident.
C’est seulement à ce moment que j’ai commencé à examiner sérieusement la validité de tout ce que j’avais appris. Je découvris ainsi que la plupart des connaissances acquises étaient du domaine de la fantaisie.
Dans ce livre (écrit-il) je montrerai que les points d’acupuncture n’existent pas, que les méridiens n’existent pas et que la plupart des lois de l’acupuncture concernent des notions qui n’existent pas.
… et cependant l’acupuncture donne de bons résultats — je lui consacre à peu près 100 % de mon temps ! »
Comme le lecteur l’aura compris, le paradoxe réside dans le fait de considérer une théorie comme complètement fausse d’une part, et d’autre part d’affirmer que malgré cela les résultats pratiques sont bons.
En fait, F. Mann va un peu trop loin. Les trois concepts cités au début de ce chapitre ne sont pas totalement fantaisistes. Ils reposent, malgré leur apparente étrangeté, sur l’observation rigoureuse et méthodique des faits.
C’est au contraire un des mérites de la théorie de l’acupuncture que d’avoir pu il y a si longtemps déjà énoncer certains principes toujours d’actualité, et d’avoir pu observer certains phénomènes du fonctionnement du corps humain qui sont redécouverts de nos jours.
Cette façon radicale de remettre en question la théorie de l’acupuncture, comme le fait F. Mann est en réalité le fait de peu d’acupuncteurs. En effet, accepter tels quels les concepts cités au début de ce chapitre semble fort tentant, non seulement pour la plupart des auteurs chinois, mais aussi pour la plupart des acupuncteurs occidentaux. Constatant chaque jour l’action thérapeutique de l’acupuncture, ils tiennent le raisonnement suivant : si un système donne des résultats, ce système
doit être correct, la théorie de l’acupuncture doit être exacte.
Ainsi, non seulement sont acceptés sans trop broncher les concepts évoqués tels qu’ils sont décrits dans les livres traditionnels chinois, mais sont également avalisées toutes les nombreuses théories des anciens traités d’acupuncture (la complexité de ces théories explique la longueur de l’enseignement de l’acupuncture). Ceci dit, même chez les praticiens traditionnels existe à des degrés divers une tendance à la remise en question des idées reçues. Au contact de la science occidentale, les auteurs chinois eux-mêmes se sont mis à l’art de la critique scientifique.
Cette double tendance se retrouve par exemple dans le traité d’acupuncture édité par « l’institut de Médecine traditionnelle chinoise de Shangaï » . La discussion scientifique n’occupe cependant qu’un vingtième de la longueur du texte. Cette discussion n’amènera jamais les auteurs de ce livre récent à remettre les concepts d’acupuncture vraiment en question.
Nous allons maintenant aborder les trois notions citées, en précisant plusieurs points de vue.
- Le traditionnel.
- Un essai de définition contemporaine mais encore fort attachée au traditionnel.
- L’avis de l’institut de Shangaï.
- L’avis de l’auteur de cet ouvrage.