Problèmes psychiques et acupuncture
L’acupuncture a une action remarquable sur toute une catégorie de problèmes psychiques. Cette action est liée d’une part à la libération des endorphines d’autre part à la libération de toute une série d’hormones et de substances chimiques cérébrales déjà découvertes ou à découvrir.
Domaine de l’acupuncture
Toutes les perturbations psychiques réactionnelles. Par réac- tionnel, on entend généralement : consécutif à des événements psychologiques traumatisants.
On peut classer ces états ainsi :
- Les états de stress : à prédominance d’anxiété , à prédominance de dépression
- Les états dépressifs proprement dits.
Cette classification est schématique comme toutes les classifications, car les patients appartiennent à des degrés divers aux trois catégories simultanément. L’intérêt de cette classification est d’ordre pratique : les points utilisés diffèrent d’après la prédominance d’une tendance ou de l’autre.
Fréquence de ces états réactionnels
Ils constituent la majorité des problèmes psychologiques rencontrés par le médecin généraliste. Ils sont fréquemment rencontrés également dans la clientèle des psychanalystes et des psychiatres.
Les états de stress
Grâce aux très nombreux travaux scientifiques de Hans Selye, le terme stress, qui est un terme courant de la langue anglaise, est devenu un terme médical à part entière.
Causes des états de stress
1.Causes psychologiques
a) Dans l’enfance
Des parents stressés eux-mêmes
Les contraintes de la scolarité : les examens, le surmenage scolaire
La mésentente des parents
Les changements trop fréquents dans la vie de l’enfant Certains problèmes psychologiques de l’enfant Le décès d’un proche etc.
b) A l’âge adulte
Certains ont tenté de classer les facteurs de stress par ordre d’importance. On obtient approximativement le tableau suivant :
- Décès du conjoint Divorce
- Abandon des drogues dures
- Séparation conjugale
- Condamnation à une peine de prison
- Décès d’un proche Maladie ou blessure Mariage
- Perte d’un emploi ou rétrogradation
- Conflits avec des supérieurs hiérarchiques
- Rythme de travail perturbant
- Réconciliation conjugale Mise à la retraite
- Changement de l’état de santé d’un membre de la famille
- Grossesse
- Arrêter de fumer
- Problèmes sexuels
Il faut ajouter : les problèmes psychologiques des relations inter-humaines (c’est-à-dire les névroses).
2) Causes physiques
Le bruit, les embouteillages, une chaleur ambiante trop importante, etc.
Conséquences des états de stress
Les causes de stress si elles sont bien diverses, aboutissent au même ensemble de symptômes :
1° Du point de vue biologique
Activation des glandes surrénales —؛► augmentation de la production d’adrénaline, de la cortisone et de ses dérivés.
2° Du point de vue clinique
- Apparition d’anxiété et de dépression
- Accélération et irrégularité du rythme cardiaque
- Augmentation de la tension artérielle
- Certaines angines de poitrine et certains infarctus
États de stress et psychisme
Un sujet stressé est tendu psychiquement et biologiquement. Si la cause du stress disparaît, tous les paramètres physiologiques reviennent à la normale : le sujet se détend à nouveau physiquement et psychiquement ou en tout cas revient au niveau de tension d’avant le dernier stress.
Mais, que se passe-t-il quand les stress ont été trop importants ou trop nombreux au fil des années ?
Le sujet reste stressé en permanence, reste tendu physiquement et psychiquement. Il reste prêt à répondre à tout moment à un nouvel événement traumatisant, même si raisonnablement aucun problème n’est à craindre. Il va d’ailleurs réagir de façon exagérée à n’importe quel nouveau stress, aussi petit soit-il la sonnerie du téléphone, un voyage en avion ou en ascenseur, une conversation avec un supérieur hiérarchique, des enfants un peu bruyants, un conjoint un peu nerveux etc. Tout va devenir insupportable, tous les petits événements de la vie vont être dramatisés, sans parler des événements importants. Le sujet se dit à bout de nerfs, prêt à craquer. Il n’en peut plus. Il est irritable, a tendance à la crise de nerfs ou à la crise de larmes. Tout l’angoisse et tout le déprime.
On aura ainsi un tableau soit à prédominance d’angoisse, soit à prédominance de dépression. La cause de ces états étant la même, le traitement sera identique.
L’acupuncture, en faisant très facilement disparaître l’état de stress du sujet, lui rendra immédiatement une vision dédramatisée de la réalité. Ainsi en rendant au patient un système nerveux équilibré, on lui permettra d’affronter à nouveau normalement les petits et les grands aléas de l’existence.
2. Les dépressions réactionnelles Causes
Ce sont tout simplement des événements tristes dans la vie du sujet qui entraînent ce type de dépression. Il peut s’agir de l’accumulation de petites raisons objectives d’être triste, ou de la survenance d’un événement majeur, tel le décès d’un être cher.
Tableau clinique
Le patient stressé, même quand il est dépressif, conserve son dynamisme.
Le patient dépressif est ici au contraire vite fatigué, sans ressort.
Contrairement aux états de stress, dans ces états purement dépressifs on n’a ici aucune modification des taux d’adrénaline et de cortisone, le rythme cardiaque reste normal, de même que la tension artérielle qui au contraire a tendance à baisser.
Traitement des états psychiques décrits
Si j’ai esquissé cette classification, ce n’est pas pour faire mieux que les gros traités de psychiatrie.
C’est seulement pour refléter la pratique.
Cette classification est effectivement nécessaire pour déterminer les points d’acupuncture à utiliser.
Dans les traités d’acupuncture, un grand nombre de points sont répertoriés comme ayant une action sur le psychisme (plus de 60).
De tous ces points, chaque praticien en sélectionne certains dont il apprend à la longue l’effet plus ou moins spécifique sur tel ou tel symptôme psychologique. Exactement comme avec les médicaments où chaque praticien a ses médicaments préférés, c’est-à-dire ceux qu’il croit les meilleurs et dont il a appris à connaître les modalités d’action.
Il se fait que les points utilisés sont totalement différents lorsqu’il s’agit de traiter un patient stressé (dépressif ou non) ou un patient simplement dépressif.
Tout l’art consiste à évaluer quel pourcentage de la symptomatologie chez un patient donné est du ressort du stress, quel pourcentage est du ressort de la dépression (il va sans dire qu’il faut avant tout décider si le problème posé est du ressort de l’acupuncture).
A la différence entre les deux tableaux cliniques et biologiques, correspond de toute évidence une biochimie cérébrale fort différente.
Il n’est ainsi pas étonnant que les territoires nerveux à stimuler (via les points d’acupuncture) soient eux aussi différents.
Efficacité de l’acupuncture dans le domaine psychique
Le taux de réussite dans ce domaine avoisine le taux général de réussite de l’acupuncture, c’est-à-dire 80 % de bons résultats (si le problème psychologique est bien réactionnel).
Un schéma raisonnable de première approche du patient « nerveux ».
Durée d’action du traitement
Une fois effectuées de 10 à 15 séances, le traitement est généralement arrêté. La durée de l’amélioration obtenue va dépendre des facteurs suivants :
- La durée d’évolution de la perturbation de l’état psychique traité
- La persistance ou non des causes
- La survenance ou non d’autres événements traumatisants importants
- La sensibilité du sujet aux facteurs de stress.
Dans la pratique, le patient est « soulagé » pour des périodes allant de quelques mois à de nombreuses années. Tôt ou tard, des stress majeurs se produisent dans la vie de chacun et quelques séances complémentaires pourront à nouveau aider le patient.
Pharmacologie et acupuncture
Les travaux concernant la chimie du cerveau sont en plein essor. De nombreuses nouvelles substances à action favorable sur le psychisme vont être découvertes.
Mais les médicaments remplacent généralement des substances normalement produites par l’organisme. Or il est très difficile d’administrer à un sujet les doses exactes des substances dont il a besoin. De là par exemple la persistance d’un état de somnolence au réveil souvent rencontré après la prise de somnifères.
L’acupuncture, lorsqu’elle agit, redonne à l’organisme la possibilité de fonctionner harmonieusement en permettant au cerveau de sécréter à nouveau et en quantités adéquates les nombreuses hormones cérébrales à action sur le psychisme.
Lorsque le cerveau fonctionne à nouveau harmonieusement, il adapte parfaitement ses sécrétions aux besoins de l’organisme. Il n’y a pas « d’effets secondaires ».
De là il me semble que dans le domaine des maladies fonctionnelles, on ne pourra jamais mieux faire que l’acupuncture (sauf dans les 20 % d’échecs bien sûr).
Quant aux patients présentant des maladies qui ne sont pas du ressort de l’acupuncture, ils continueront à bénéficier des progrès de la recherche en pharmacologie.