Pourquoi notre visage n'est-il pas symétrique ?: visage pas symétrique
Tous les organismes vivants, et singulièrement les animaux, sont conçus selon le principe de symétrie. Chez l’homme, cette symétrie est bilatérale: de part et d’autre de l’axe de la colonne vertébrale, on trouve deux yeux, deux narines, une bouche en deux pièces, deux bras, deux reins, deux jambes. La tête elle-même est symétrique, organisée autour d’une ligne passant par le nez. La perfection n’étant pas de ce monde, cette symétrie, qui se met en place dans les tout premiers jours de l’œuf fécondé, n’est cependant pas tout à fait idéale. Les yeux ne sont que rarement équidistants, une oreille est toujours plus haute que l’autre, les narines ne sont pas semblables, la bouche est un peu déformée… Dommage! De nombreuses études ont en effet démontré que, quelle que soit la civilisation considérée, et pour tout critère retenu, sexe ou niveau socioculturel, la beauté est toujours fortement associée à la symétrie presque parfaite du visage.
Les évolutionnistes voient dans ce constat une adaptation typiquement darwinienne: la symétrie bien réalisée octroierait à ses bénéficiaires de meilleures chances de rencontrer lame sœur. En se reproduisant, ils transmettraient les bons gènes, responsables
de la bonne symétrie. Les beaux feraient des beaux. La symétrie serait donc entérinée par l’hérédité…
Certains généticiens assurent même qu’un visage symétrique serait rassurant pour qui le regarde car il administrerait la preuve que la croissance se serait parfaitement bien accomplie depuis la fécondation jusqu’à l’âge adulte. Non seulement les gènes de développement auraient admirablement mené leur travail, mais le système immunitaire et la machinerie de réparation des mutations de l’ADN auraient réussi à contrer la plupart des agressions. Ainsi, se reproduire avec des individus symétriques serait la promesse de faire hériter ses descendants de bon gènes, au moins pour moitié…
En outre, selon certains neurologues, il serait plus aisé de traiter les informations d’un visage symétrique. L’harmonie qui s’en dégage s’imprimerait plus facilement dans la mémoire. Une harmonie d’ordre fractal, pour quelques mathématiciens.
Une approche chiffrée donne une autre indication: la symétrie du corps entier joue également un rôle dans les critères de beauté. Le rapport taille/hanche idéal, que l’on tient pour indicatif de l’équilibre d’une stature, serait de 0,71 pour les femmes et de 0,95 pour les hommes. Toutefois, le rapport idéal déclaré par un sexe pour lui-même ne concorde pas avec celui avancé par l’autre sexe. Ces critères ne correspondent pas non plus à la réalité des peuples, alors que « tous », d’après les enquêtes, les considèrent comme justes. Le préjugé culturel, globalement favorable à la taille fine des Occidentaux, explique sans doute ce paradoxe.
Mais la symétrie n’est pas un critère exclusif de beauté, loin s’en faut ! La grandeur et la clarté des yeux, la finesse de la découpe du nez, la petite taille des oreilles et l’expressivité du visage – un caractère évolutif propre à tous les primates, espèce humaine bien comprise – sont d’autres facteurs d’importance pour les deux sexes de la plupart des peuples.
Néanmoins, l’attirance reproductive – qui n’est pas l’excitation sexuelle – est surtout fonction de l’appartenance sociale: on demeure souvent entre soi, dans le même village, la même vallée, le même niveau social, le même milieu professionnel, le même peuple, la même religion, le même parti politique.
Un autre critère important est la sexualisation: un homme serait attiré par un visage très féminin ; une femme par un visage typiquement masculin. Ce serait la preuve que les hormones sexuelles agissent correctement. On en verrait une illustration dans les cheveux: les couleurs sombres seraient associées à un caractère masculin. Les hommes bruns seraient aussi plus virils. À l’inverse, les femmes blondes seraient plus féminines que les brunes. Cela dit, la peau noire éveillerait plutôt le désir des hommes ; toutefois, il ne s’agirait pas d’une question d’hormones, mais de préjugés culturels. Chez les femmes, les jambes sont aussi un critère de beauté. Plus elles sont longues, plus elles attirent le regard des hommes. Or, les embryologistes nous apprennent que des membres courts à la naissance, par rapport à la moyenne, sont notamment dus à des carences alimentaires lors du développement embiyonnaire. Ainsi, de petites jambes, quoi que parfaitement symétriques, peuvent-elles cacher bien des soucis organiques.