Ostéopathie:philosophie ou technique ?
En fondant l’ostéopathie le 22 juin 1874, AT Still proposait une réponse à la question de savoir s’il était dans l’ordre des choses que l’être humain soit sans solution individuelle possible face à l’adversité qu’est la maladie.
Cette réponse se résume en quelques phrases, devenue souvent des slogans: « la structure gouverne la fonction », « trouvez la lésion corrigez là et laissez Dame Nature agir. » « Le corps recèle sa propre pharmacie ». Et autres….
En proposant à tout un chacun de lui enseigner cette science et cette philosophie, il prenait le risque de transmettre uniquement des techniques à ceux que la philosophie embarrassait.
De ce fait se sont développés deux courants revendiquant l’ostéopathie:
– Les techniciens, prétendant « corriger » tout ce qui empêchait le mouvement, prétendant redresser la structure.
– Les stilliens, à la recherche d’un équilibre perdu se manifestant par un collection symptomatique chez les patients.
Les premiers provoquaient chez Still la tristesse et la colère et ne sont probablement pas étrangers à son AVC.
Ils ont ainsi traversé l’atlantique pour proposer à l’Europe une vision orthopédique de l’Ostéopathie. Elle permettait, en même temps, d’adjoindre ces techniques à d’autres approches, ce qui est en totale contradiction avec l’enseignement et la philosophie de Still qui avertissait: » La maison de l’ostéopathie est si petite que si l’on y fait rentrer d’autres approche, autant d’ostéopathie en sort. »
Pendant ce temps les stilliens faisaient leur bonhomme de chemin, sous le regard plus ou moins méprisant des techniciens.
C’est ainsi que se développa l’idée d’une pratique ostéopathique complémentaire d’autres pratiques.
Entre le besoin vital des ostéopathiques européens d’être reconnus, et la colonisation médicale hégémonique, les trente dernières années du 20ème siècle furent occupées par la mise en valeur de la pratique ostéopathique démontrant sa supériorité sur de nombreuses approches orthopédiques.
C’est ainsi que l’ostéopathie s’est trouvée réglementée, en France notamment. Comme une pratique, plus qu’une thérapeutique du corps global et de son équilibre comme le démontre l’esprit Stillien.
140 ans plus tard, le long chemin de Still reste à emprunter.