Médicaments anti-larmes et anti-jalousie
Que l’on ait tendance à faire des dépressions à certains moments particuliers de la vie génitale ou endocrinienne, c’est certain. On retrouve ; de patientes qui, à telle ou telle période du cycle ou de la vie génitale, ont eu telle ou telle affection psychologique. Comment les soigner?
Malheureusement, les psychiatres soignent surtout par la psychiatrie, de même que les endocrinologues soignent par l’endocrinologie, alors qu’en réalité il faudrait mêler les deux.
En gros, on peut dire qu’il existe une relation entre les cycles de l’hormonologie et la vie émotionnelle mais, au niveau de la thérapeutique traditionnelle, les résultats sont souvent décevants. Aussi, outre les traitemenls hormonaux, à manipuler toujours avec la plus grande minutie, chaque fois que c’est possible les médecines douces, associées à de très faibles doses d’antidépresseurs à court terme, semblent pour moi représenter les meilleures solutions, sans dérégler gravement l’organisme par de trop fortes doses médicamenteuses.
Après l’accouchement, par exemple, la jeune mère traverse une phase difficile de quelques semaines à quelques mois. Il faut prévenir les femmes, de façon qu’elles fassent elles-mêmes la part du feu entre les réalités et ce qui relève un peu de leur système endocrinien, de leur problème organique. Lorsqu’elles prennent conscience qu’elles sont un peu dépressives, mais que cela vient d’elles-mêmes, qu’elles majorent souvent des problèmes devant lesquels elles auraient eu en d’autres périodes un autre comportement, alors elles les assument mieux.
Il existe aussi des substances nouvelles qui réussissent d’une façon incroyable sur l’état émotionnel lié aux fluctuations hormonales. On trouve même certains médicaments contre la jalousie; cela paraît idiot mais ça marche, surtout lorsqu’on y associe du lithium en oligo-éléments.
D’autres médicaments, à des doses très faibles, réussissent particulièrement bien contre la tristesse; ils transforment l’humeur, le fond. Mais les mêmes produits jouent moins bien et dépriment les gens qui pleurent souvent. Être triste et pleurer, ce sont deux choses très différentes; l’une vient de la tête, l’autre du système neuro-végétatif. À celles qui ont envie de pleurer, je demande de prendre le même traitement qu’aux jalouses, au moment des envies de pleurer; eh bien, elles me disent qu’elles ne savent pas pourquoi mais leur envie passe. Ce sont des coupe-larmes, comme il y a des coupe-faim.
L’auriculothérapie agit également sur ces symptômes lorsqu’ils sont exagérés; mais il est toujours bon de « laisser sortir les pluies plutôt que de les garder», disait l’un de mes maîtres en milieu hospitalier. Il faut «que ça sorte» pour éliminer les humeurs fréquentes.
Le traitement hormonal est facile à prescrire, en fonction de telle femme pour tel moment du cycle. Elle prendrait de tel jour à tel jour (première partie du cycle menstruel) telle pilule équilibrant son taux d’estro- gènes, et de tel à tel jour (deuxième partie du cycle menstruel) telle autre pilule équilibrant aussi son taux de progestérone; la première contenant davantage d’estrogènes, et la seconde contenant plus de progestérone ou l’équivalent.
Quant à la psychothérapie, ce n’est pas en cinq minutes, entre deux portes, qu’on peut savoir si oui ou non un déséquilibre est très hormonal ou très psychique. Tout se tient, puisque le psychisme retentit sur le système endocrinien, et vice versa.
Ces retentissements réciproques imposent des thérapeutiques mixtes, mais on ne juge de chaque cas qu’après entretien sérieux, pas forcément très prolongé, dès lors que l’on n’a pas peur d’aller au fond des choses.