L'ostéoporose : L'anorexie mentale
L’anorexie mentale est un trouble psychiatrique compliqué de manifestations endocriniennes responsables de l’ostéoporose. Elle affecte surtout les femmes jeunes. Sans doute sous-estimée car non recherchée, masquée ou inavouée, elle concerne probablement plus de 1 % des adolescentes et des femmes jeunes.
Le diagnostic
Les signes cardinaux de l’anorexie mentale sont l’amaigrissement et l’aménorrhée, généralement de type secondaire, et qui est en grande partie le responsable de la perte osseuse. Si l’affection
peut guérir, elle devient chronique une fois sur deux : huit ans après le diagnostic, 48 % seulement des malades ont retrouvé leur poids et un rythme menstruel normal.
Le diagnostic pourra être évoqué par l’interrogatoire s’il existe des troubles du comportement alimentaire, des anomalies des règles, la notion d’un amaigrissement récent chez une femme jeune.
Les complications osseuses
La perte osseuse de l’anorexie mentale est précoce, et affecte l’os trabéculaire et cortical. Elle est proportionnelle à la sévérité (en fait à la perte de poids) et à la durée de l’aménorrhée. Elle est d’autant plus importante que le début de la maladie se situe avant la fin de l’acquisition du pic de masse osseuse (soit 18 ans). Dans les cas les plus sévères, parfois dès l’adolescence, la perte osseuse se traduit par des fractures similaires à celles de l’ostéoporose post- ménopausique : tassements vertébraux, fractures de côtes, de l’avant-bras, du col fémoral, du bassin.
Le retentissement osseux est apprécié par l’examen densitométrique et un bilan biologique minimum recherchant des signes d’hyperremodelage en rapport avec l’hypo-œstrogénie, et des signes fréquemment associés de carences vitaminique D et protéique.
Agir précocement
La prise en charge précoce permet d’agir sur un processus de perte osseuse initialement réversible : dans le meilleur des cas, il peut se produire un retour à un poids supérieur à 85 % du poids idéal, qui s’accompagne le plus souvent du rétablissement des cycles menstruels. Le traitement œstrogénique représente une alternative à la reprise de poids, cependant moins efficace que celle-ci pour augmenter la masse osseuse.
Les athlètes aménorrhéiques
Certaines situations d’entraînement intensif, rencontrées chez les marathoniennes, les nageuses ou les danseuses, peuvent produire une inversion des effets positifs du sport, sur un terrain volontiers prédisposé (maigreur, stress).
Il existe chez elles des troubles menstruels, a minima une phase lutéale courte et une diminution de la densité osseuse, au maximum, une aménorrhée et une ostéoporose clinique. L’alerte peut être donnée par des fractures de fatigue des os porteurs (métatarses, calcanéum). Ces événements incitent à la réalisation d’une densitométrie.
Le profil biologique reflète les anomalies métaboliques : hypo- ostéogénie, diminution de FSH et LH, hypercorticisme, augmenta- lion de l’IGFl, augmentation de l’ostéocalcine, témoin de l’hyperrrmodelage.
En pratique, la surveillance du poids et de l’indice de masse corporelle chez les athlètes lors des visites sportives, est importante. On conseillera une contraception fondée sur la pilule oestro-progestative.