L'ostéopathie et la grossesse : La naissance
Il est désormais admis que la naissance représente pour l’enfant un traumatisme d’une importance considérable.
certains précurseurs, tel Frédérick Leboyer, ont contribué a faire comprendre au grand public l’intérêt d’une naissance sans violence et du contact à établir en douceur dès l’arrivée de bébé, par l’intermédiaire de ce merveilleux oulil : la main.
Le contact avec le nouveau-né
Dès la naissance, c’est la main qui tient l’enfant, le soulève, le manipule, le lave. Elle est l’instrument de communication qui relie l’univers du nouveau-né à celui des humains. C’est pourquoi les sages-femmes et les heureux parents doivent apprendre à toucher, sentir, palper, saisir cet enfant qui, pendant neuf mois, a été massé par le liquide amniotique et les parois utérines de la maman.
De nombreuses jeunes femmes, ravies que le travail soit parvenu tant bien que mal à son terme, ignorent ou veulent oublier cette violence subie par le tout-petit, craignent de mal faire, de ne pas savoir, de paraître ridicules. Et, pourtant, la méthode de l’accouchement sans violence, celle du bain à la naissance sont des pratiques qui se répandent d’année en année (ce qui n’exclut pas la médicalisation de l’accouchement, différente de la surmédicalisation : trop, c’est trop…).
Les jeunes parents hésitent à employer les gestes de l’amour et à reproduire, de la main, ce mouvement (la notion de mouvement est décidément omniprésente) que l’utérus, jusqu’à la veille de l’accouchement, a exercé sur l’enfant : un massage lent mais ferme, appliqué de préférence sur le dos du bébé qui, durant la gestation, est resté en contact permanent avec les parois utérines.
L’enfant vient de paraître. Le voilà lové sur le ventre de sa mère. Les parents, émus, se sourient. Et déjà la maman,
instinctivement, masse le dos de son bébé ou, plus simplement, pose ses mains en coupe autour de lui, et ses doigts lui parlent, calmant ses angoisses, prouvant tout leur amour et leur attachement. il retrouve les sensations ressenties in utero, près des viscères, baigné dans un univers de lenteur appuyée, afin que ce passage vers cet autre monde – car pour lui débute la « vraie » vie – se déroule au mieux.
L’angoisse face à l’inconnu s’estompe, l’enfant se voit épaulé, assisté, aidé pour commencer son parcours. La palpation exercée par les parents d’un nouveau-né a ceci en commun avec l’ostéopathie qu’elle écoute, apaise, voire guérit de l’anxiété. Il sent la présence de cette mère qui l’a entouré durant neuf mois. Le père, dont il a entendu, à maintes reprises, la voix, le masse désormais. La sérénité, le calme les envahissent tous les trois, grâce à ce merveilleux outil à ressentir et à donner : la main.
Les déformations crâniennes lors de l’accouchement
D’un point de vue physiologique, la naissance reste égale-ment un traumatisme pour l’enfant qui, « expulsé » – c’est dire la violence de l’acte -, subit des pressions considérables, notamment au niveau des parois crâniennes. Par bonheur, l’enfant n’a pas achevé son développement osseux.
La morphologie du crâne d’un fœtus de neuf mois est adaptée à subir ces poussées : les os, bien souples, consti-tuent un sac membraneux. Ils ne sont pas encore suturés entre eux, mais réunis par des cartilages et présentent des fontanelles, c’est-à-dire des interstices prévus pour permettre un certain mouvement. Plus tard, la voûte crânienne se développera, sans toutefois se rigidifier totalement.
La nature semble alors bien faite : l’enfant subit des pressions qui lui permettent d’orienter son crâne dans une position adaptée à sa naissance, c’est-à-dire parallèlement à la face antérieure du bassin. Malgré tout, l’occiput, situé a l’arrière de la tête, garde en mémoire la trace de ce passage, les os se tassent, se chevauchent, se déplacent : l’os du pubis ou le sacrum de la mère peuvent entraver le passage, forçant ceux de la boule crânienne à modifier leur position. De même, l’intensité de la pression utérine s’inscrit dans les tissus osseux, causant des dommages souvent bénins, facilement corrigibles par l’ostéopathie.
Ce modelage de la boîte crânienne ne revêt pas que de mauvais aspects, puisqu’il contribue à stimuler le MRP, dont la qualité est modifiée en cas de naissance par césarienne.Le rôle de l’ostéopathie sera alors de relancer le mouvement, qui lui-même agit sur le phénomène d’homéostasie. Mais tout ne se passe pas toujours au mieux. Dans certains cas, que nous allons tenter de regrouper, nous avons affaire à une naissance difficile, entraînant divers traumatismes qu’un phénomène d’homéostasie non relancé ne parvient pas à résorber seul. Comme le phénomène d’homéostasie dépend en grande partie de l’action du MRP, qui lui-même agit sur les structures de la boîte crânienne, le thérapeute veillera à contrôler, éventuellement à relancer le mouvement.
La consultation post-partum
Elle devrait être systématique, car les déformations, même si elles sont insoupçonnables ou bénignes, sont iné-vitables. Certains traumatismes sont visibles à l’œil nu, comme la déformation du crâne de l’enfant. Les asymétries sont criantes, elles peuvent disparaître d’elles-mêmes sous l’action du MRP et si l’enfant a été mis au sein ; en effet, on a vu que l’action de téter permet aux structures du crâne de reprendre leur forme initiale. D’autres sont muettes et peuvent survenir même si la naissance a été heureuse cl normale, se développant sournoisement et créant des chaînes d’adaptation lésionnelles et leurs multiples conséquences. L’ostéopathe contrôle donc que toutes les structures ont repris leur place, les réajuste si besoin est, avant apparition des symptômes et de la maladie.
Pour certains parents peu rompus à ce genre de pratique, ces manipulations sembleront saugrenues, voire inutiles. Il, pourtant, elles auront permis à l’enfant d’échapper à certains troubles tels que les otites à répétition, les coliques, la régurgitation… Hélas, ce procédé efficace n’est pas encore entré dans les mœurs, et de nombreux enfants développent handicaps, maladies et retards qui peuvent ou auraient pu être évités.
Le manque d’information des parents et la non-reconnaissance de l’ostéopathie comme une thérapie douce et non dangereuse représentent les deux causes essentielles de cet état actuel.