Les maladies organiques
La frontière entre les maladies fonctionnelles et les maladies organiques est parfois un peu floue. Voici donc deux exemples de maladies que l’on peut considérer comme organiques et qui sont pourtant du domaine de l’acupuncture.
1er exemple : les poussées hémorroïdaires
Les veines hémorroïdaires sont dilatées, congestionnées et parfois hémorragiques. L’acupuncture peut, dans un pourcentage important des cas, exercer une action rapide, efficace et durable.
Prenons un exemple tiré de la pratique. Une patiente dans la trentaine, qui souffre d’un problème hémorroïdaire depuis de nombreuses années, consulte car elle est en poussée aiguë depuis trois semaines.
Dès la première séance (c’est-à-dire le lendemain), elle va mieux. Quelques séances complémentaires vont être pratiquées pour consolider le résultat.
Deux ans plus tard, la patiente enceinte de 8 mois, est à nouveau en poussée hémorroïdaire. Cette fois-ci le bébé, en appuyant sur le réseau veineux du petit bassin et en faisant ainsi obstacle au retour du sang dans les veines hémorroïdaires, est la cause déclenchante.
Malgré la présence du bébé, la patiente est soulagée dès la première séance et ne juge pas utile de revenir.
Elle me téléphone après l’accouchement pour signaler que le passage du bébé a à nouveau déclenché une poussée hémorroïdaire. Une seule séance ramène immédiatement les choses en ordre. La patiente n’a plus eu de poussées hémorroïdaires depuis 2 années, époque de l’accouchement.
Traitement effectué
MC. 6 (« maître du cœur » ou « péricarde » 6) R. 2 (reins 2)
MC. 7 (« maître du cœur » 7) V. 67 (vessie 67)
F. 8 (foie 8)
Le péricarde est l’enveloppe fibreuse qui entoure le cœur. Sa fonction est purement protectrice.
Il semble évident que les auteurs chinois contemporains considèrent le péricarde uniquement comme une enveloppe fibreuse et non comme un organe à part entière (qui mériterait d’avoir un méridien à lui tout seul).
Les appellations « péricarde » et « maître du cœur » reflètent toutes les difficultés auxquelles sont confrontés les acupuncteurs lorsqu’ils veulent tout à la fois traduire et actualiser les anciennes conceptions de la médecine chinoise.
Comment s’est fait le choix de ces points ?
- En respectant les règles traditionnelles (voir exemple du nerf trijumeau),
- En tenant compte des rôles attribués à chaque point d’acupuncture par les traités d’acupuncture (ces rôles étant eux- mêmes dépendant des règles traditionnelles).
Point de vue occidental :
Les points V. 67, F. 8 et R. 2 sont situés sur des territoires radiculaires relativement proches de celui des veines hémorroïdaires. Les actions de MC. 6 et MC. 7 sont quant à elles inexplicables en neurologie actuellement.
2e exemple : les sinusites frontales
Les sinusites sont les seules maladies infectieuses à répondre à l’acupuncture (les maladies infectieuses sont classées dans le groupe des maladies organiques).
Que se passe-t-il lors d’une sinusite frontale ? On assiste à une congestion des canaux d’évacuation des sinus. La sinusite aboutit à une grande production de mucosités qui, ne
pouvant quitter les cavités sinusales, s’y accumulent. Cette accumulation de mucosité augmente la pression à l’intérieur des sinus, ce qui est probablement une des causes majeures des douleurs.
L’acupuncture permet une décongestion de ces canaux et ainsi une évacuation des sécrétions des sinus. On supprime de cette façon la douleur. Dans un grand nombre de cas, l’infection est d’origine virale et guérit d’elle-même. On évite ainsi toute prise d’antibiotiques ou toute ponction des sinus.
Par ailleurs, l’acupuncture prévient les rechutes, ce qui se constate aisément dans les cas de sinusites chroniques. Cette capacité de l’acupuncture de prévenir les rechutes est difficilement explicable actuellement.
Que l’infection puisse guérir spontanément ne doit pas étonner le lecteur. Toutes les infections virales des voies respiratoires guérissent spontanément (sauf si elles se compliquent d’une surinfection microbienne). Les maladies microbiennes elles-mêmes peuvent parfois guérir sans antibiothérapie. C’est ce qui se passait avant la découverte des sulfamides et des antibiotiques. Ceci dit, les antibiotiques dans le cadre des maladies microbiennes sont à prescrire dans de très nombreux cas, car le taux des complications de ces maladies est très élevé.