Les maladies de l'oreille : Les acouphènes: Les acouphènes
Qu’appelle-t-on acouphène ?
L’acouphène dénommé tinnitus par les Anglo-Saxons, est, de manière imagée, « l’oreille qui bourdonne, tinte ou siffle ». C’est en fait la perception auditive anormale d’un bruit au niveau de l’oreille, uni- ou bilatéral, continu ou intermittent, de tonalité variable et que, dans la très grande majorité des cas, le sujet est seul à entendre.
Cette large définition recouvre vraisemblablement des phénomènes de mécanisme et de nature variables.
A l’heure actuelle, on pense que plus qu’un bruit anormal, que l’on pourrait par exemple faire cesser, il s’agit en fait d’un message déformé en provenance de l’oreille en direction du cerveau et interprété comme un son. En effet, l’étude des bruits produits par l’oreille ne montre rien d’anormal dans la très grande majorité des cas chez les acouphéniques.
Quelles sont les différentes catégories d’acouphènes ?
Classiquement, on distingue :
– les acouphènes objectifs, ceux qui peuvent être entendus par l’entourage, soit à oreille « nue », soit par l’intermédiaire d’un stéthoscope. Par exemple : contracture des muscles des osselets ou souffle d’un anévrisme carotidien. Ces acouphènes représentent 5 % des cas environ.
– les acouphènes subjectifs, entendus par le seul sujet, qui représentent donc 95 % des cas.
– on pourrait adjoindre une troisième catégorie : les acouphènes justifiés ou objectivés c’est-à-dire ceux auxquels on retrouve une cause précise et un traitement efficace, même en dehors de toute audibilité par l’entourage : anomalie d’articulé dentaire ou béance d’une trompe d’Eustache, par exemple.
Quels sont les différents bruits entendus ?
Ces sons peuvent être de nature très variable. Il peut s’agir :
– de bourdonnements qui sont des vibrations d’une tonalité grave, plutôt rattachés à une cause mécanique.
– de sifflements de tonalité aiguë, plutôt rattachés à une cause d’oreille interne ou circulatoire.
– de claquements rapportés à une cause tubaire.
– de chuintements ou souffles, analogues au bruit d’une Cocotte-minute, eux aussi relevant de causes circulatoires.
– et enfin de grésillements ou de froissements de nature moins bien déterminée.
Cette sensation sonore peut être continue ou bien rythmée par la circulation, en concordance avec le cœur, la respiration ou la déglutition.
La combinaison entre ces différents éléments donne une très grande variété de sensations acouphéniques, correspondant à des mécanismes très différents.
Quelles sont les différentes intensités de l’acouphène ?
L’intensité d’un acouphène est très variable.
Elle peut être légère : l’acouphène est peu apparent, bien supporté pendant la journée, il gêne surtout allongé, dans le silence. Le retentissement sur la vie sociale, professionnelle, familiale, etc., est très modéré.
L’acouphène peut être plus important, il est alors gênant même pendant la journée, interférant avec les bruits de l’extérieur, pouvant parfois couvrir les sons. Il devient très gênant la nuit, en position allongée, surtout lorsqu’il est de tonalité aiguë.
Il devient parfois tellement insupportable, prenant tant de place dans la vie qu’il peut déclencher chez certains sujets des états dépressifs, voire des pensées suicidaires, parfois malheureusement mises en œuvre.
Il faut noter la variabilité possible de l’intensité d’un même acouphène dans le temps.
Quels sont les modes évolutifs d’un acouphène dans le temps ?
Les évolutions d’un acouphène peuvent être très variables.
Il peut s’agir d’un acouphène continu, avec des fluctuations ou des périodes de plus et de moins.
L’évolution peut se faire aussi en pointillé, alternant période avec acouphènes et période sans.
Il peut s’agir de variations brutales de l’intensité de l’acouphène, correspondant à des causes déclenchantes plus ou moins évidentes.
L’acouphène peut aussi alterner d’une oreille à l’autre ou être soit bilatéral, soit unilatéral.
Enfin, on peut assister à un changement plus ou moins rapide de tonalité ou de nature sonore de l’acouphène.
Quelles sont les causes d’un acouphène objectif ?
Il faut rappeler que les acouphènes objectifs ne résument que 5 % des acouphènes, ce qui est peu. Nous y adjoindrons les acouphènes objectivés de cause reconnue.
Il peut s’agir d’acouphènes de cause mécanique :
– spasmes des muscles des osselets donnant un bourdonnement grave
– trompe d’Eustache bouchée donnant des claquements d’oreille lors de la déglutition ou du bâillement
– trompe d’Eustache, au contraire, béante, donnant un acouphène rythmé par la respiration : l’air expiré vient taper contre le tympan
– on y rajoute le clic du voile, bruit entendu lors de la contraction de ce dernier, ou le claquement méniscal d’une articulation de la mâchoire.
Il peut s’agir d’acouphènes circulatoires par malformation ou anomalie circulatoire située à l’intérieur de l’oreille ou au niveau de la partie haute du cou ; le bruit du sang passant par cette malformation est entendu par l’oreille.
Enfin, il peut s’agir d’un bruissement déclenché par la parole ou la mastication et lié à un corps étranger ou à un bouchon du conduit auditif externe, mobilisé lors des mouvements de la mâchoire.
Pourquoi l’acouphène prend-il plus d’importance le soir, au lit ?
Pour trois raisons.
D’abord parce que, en position allongée, le sang remonte à la tête et que cela peut favoriser certains acouphènes.
Parce que lorsqu’on est dans son lit, en général, on est dans le silence et que l’acouphène prend d’autant plus d’importance que l’oreille n’entend pas de bruits extérieurs.
Enfin, parce que la nuit entraîne plus ou moins consciemment une certaine anxiété et que des phénomènes comme les acouphènes prennent beaucoup plus d’ampleur.
Pourquoi est-il parfois ressenti dans la tête ?
« Ça me bourdonne dans le crâne ! » Cette phrase peut parfois prêter à sourire, et pourtant elle correspond bien à une réalité. Lorsqu’un acouphène est unilatéral, il est bien entendu ressenti au niveau de l’oreille ; jusque-là, tout paraît logique. S’il s’agit d’un acouphène bilatéral et d’intensité à peu près égale, il va se produire un
effet stéréophonique et cet acouphène sera ressenti entre les deux oreilles, plus d’un côté ou d’un autre suivant sa prédominance. D’ailleurs, un scanner pratiqué montrera qu’il n’existe aucune malformation vasculaire au niveau du cerveau proprement dit.
Quel est à long terme le devenir des acouphènes ?
Nous avons tous plus ou moins ressenti à certains moments des acouphènes, soit des claquements d’oreille, soit des sifflements, qui se sont spontanément résolus. C’est le cas de 90 % des acouphènes qui restent passagers et disparaissent comme ils sont apparus, soit spontanément, soit après un court traitement.
Dans 10 % des cas, l’évolution se fait dans la persistance et/ou l’aggravation dans la durée et l’intensité, ces acouphènes pouvant rester non gênants ou augmenter et devenir insupportables.
Dans les cas défavorables, l’évolution se fait vers la bilatéralisation de l’acouphène et une baisse d’audition conjointe qui ne fait qu’en augmenter l’importance. Il semble par ailleurs que l’on assiste petit à petit à une « centralisation » de l’acouphène qui remonte les voies auditives, et s’inscrit non plus au niveau de l’oreille mais au niveau du cerveau. Par exemple, l’acouphène de l’otospongiose ancienne peut persister même après un traitement chirurgical réussi de cette affection.
En dehors de toute cause, quelle piste peut-on suivre ?
Il faut bien le dire, dans la majorité des cas, on ne retrouve pas de cause précise à l’acouphène. On ne peut que soupçonner certaines orientations devant telle ou telle caractéristique de ce bruit. Trois grandes pistes peuvent être alors suivies :
– la piste circulatoire : l’acouphène serait en quelque sorte un signe de souffrance de l’oreille, déclenché par une baisse de l’oxygénation, à laquelle elle est particulièrement sensible, comme tout organe neurologique
– la piste nerveuse : l’acouphène serait assimilé à une douleur au niveau de l’oreille interne. Il serait alors un faux message un peu analogue à celui du membre fantôme de certains amputés et les traitements iraient donc dans ce sens
– la piste psychosomatique : l’acouphène serait le reflet d’un souvenir de l’enfance refoulé ou d’une anxiété liée au stress, le tout somatisé et justifiant un soutien psychologique.
Les troubles de l’articulé dentaire peuvent-ils donner des acouphènes ?
Les troubles de l’articulation entre les dents des deux mâchoires, qu’il s’agisse d’une déviation de la mandibule soit congénitale, soit après un accident, ou bien d’un déséquilibre dû à un vide dentaire postérieur, peuvent donner des acouphènes. C’est ce que l’on appelle le syndrome de Costen.
Il est lié sans doute à une hyperpression sur l’une des deux articulations de la
mâchoire et à l’irritation des filets du système nerveux végétatif et des vaisseaux qui entourent cette articulation, et qui sont perçues par l’oreille comme des sons. Un rééquilibrage par meulage dentaire ou prothèse comblant le vide dentaire entraîne souvent une diminution, voire une guérison de ce type d’acouphène.
Quels sont les rapports entre acouphènes et troubles de l’audition ?
Ils ne sont pas toujours conjoints : les acouphènes ne s’accompagnent pas obligatoirement de troubles d’audition.
Le plus souvent, une surdité de transmission s’accompagne d’acouphènes graves à type de bourdonnements, une surdité de perception s’accompagne d’acouphènes aigus à type de sifflements.
Dans certains cas d’acouphènes déclenchés brutalement, par exemple après une soirée techno, se surajoutent souvent, nous l’avons vu, des sensations douloureuses d’hyperacousie.
La baisse de l’audition n’est donc pas obligatoirement liée aux acouphènes ; dans tous les cas, lorsqu’elle existe, surtout si l’acouphène est ancien, il semble que ce dernier soit plus difficile à soigner et que les chances de guérison soient moins grandes.
Une certitude : il existe une balance entre l’écoute des bruits extérieurs et des bruits intérieurs, c’est-à-dire que, si l’audition baisse, l’acouphène prend plus d’importance. D’ailleurs, ne l’entend-on pas mieux dans le silence total ?
Vidéo : Les acouphènes
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