Les découvertes du Dr Fitzgerald
À l’origine, le Dr Fitzgerald avait été intrigué par une constatation : tantôt il était capable de mener une opération du nez ou de la gorge sans occasionner une trop grande douleur chez le patient ; tantôt, sur une intervention similaire, il déclenchait une très grande souffrance. Il s’aperçut que, dans le premier cas de figure, le patient avait appuyé sur certaines parties de sa main ou que, lors de l’examen préalable à l’opération, lui-même avait exercé une pression sur certaines zones, ce qui avait inhibé la douleur dans d’autres régions du corps. Le temps aidant, Fitzgerald parvint à établir une carte de ces emplacements. Il divisa le corps humain en dix zones d’énergie longitudinales, ou plus exactement en deux fois cinq zones, de part et d’autre d’une ligne médiane partageant le corps en deux. Chaque zone ainsi définie correspondait à l’un des orteils. La zone 1 partait du gros orteil et remontait tout le long du corps pour aller jusqu’au cerveau et redescendait jusqu’au pouce via le bras. La zone 2 allait du deuxième orteil à l’index en passant par le cerveau, la zone 3 du troisième orteil au majeur, et ainsi de suite, toujours via le cerveau. La description ainsi faite n’avait aucun caractère impératif, puisqu’il était possible de parler d’un itinéraire inverse, partant d’un doigt de la main et passant par le cerveau pour arriver à l’orteil correspondant. Toutes ces zones traversaient le corps humain de l’avant vers l’arrière ; loin d’être de simples lignes, elles constituaient dans l’organisme des sections de largeur identique. À la différence des nerfs, elles ne se croisaient pas au niveau de la tête : ainsi, le côté droit de la tête et du cerveau se trouvait relié aux zones correspondantes du côté droit du corps. En exerçant une pression sur une ou plusieurs zones dans une région donnée, il était possible d’inhiber la douleur dans d’autres zones situées dans la même région. Sans en être conscient, on a souvent tendance à appliquer ces fondements de la thérapie de zone dans une réaction automatique à la douleur. Pourquoi les gens serrent- ils les dents ou se mordent-ils les lèvres quand ils ont mal ? Tout simplement quand ils ont mal ? Tout simplement parce que, ce faisant, ils stimulent les zones susceptibles de soulager la douleur. De même, un patient assis dans un fauteuil de dentiste va agripper les bras du siège au moment où on le soigne :En exerçant ainsi une pression sur certaines zones de la main, il va pouvoir apaiser la douleur qu’il ressent au niveau de la bouche. Il existe bien d’autres réflexes du même ordre : par exemple, quand on se mord le pouce après s’être fait mal à ce doigt, ou, ce qui est plus manifeste encore, quand on se frotte instinctivement une région du corps meurtrie. Au départ, la thérapie de zone consistait à exercer une pression sur les régions du corps dont les os étaient peu protégés par la chair : par exemple, les articulations des pieds et des mains, et tout particulièrement les phalanges. Le niveau de pression nécessaire pour soulager la douleur était suffisant pour provoquer une autre douleur, supportable, mais pas suffisamment prononcée pour léser aucun tissu sous-jacent. Cette pression, qui oscillait entre 1 kg et 4,5 kg, devait être appliquée selon une durée variable ; en général, de trente secondes à cinq minutes, plus parfois. On utilisait souvent, pour provoquer une constriction, un certain nombre d’accessoires destinés à obtenir une pression constante : ainsi, il était fréquent de recourir à des pinces à linge ou à des bracelets élastiques pour serrer les articulations des doigts. Dans ce cas, il était impératif d’ôter ces instruments dès que l’on constatait l’imminence ou l’apparition d’un bleuissement des chairs des orteils, des doigts de la main ou de toute autre partie du corps. Il était par ailleurs recommandé de masser ensuite les régions ainsi soumises à striction, afin de rétablir une circulation sanguine normale. Pour exercer une pression, on utilisait également les pouces ou les ongles des mains, une sonde à bout rond ou l’extrémité d’une brosse à dents. On se servait aussi de peignes métalliques dont on appuyait les dents sur des zones déterminées de la main. Si c’est principalement au niveau des mains que l’on provoquait une constriction, il était possible d’utiliser les bracelets élastiques pour d’autres articulations : par exemple, celles des orteils, des chevilles, des poignets, des genoux et des coudes. Par ailleurs, certains praticiens stimulaient les zones grâce à des accessoires électriques. Avec l’avancée des recherches, il se confirma que, en exerçant une pression aux extrémités des doigts et des orteils, il était possible de soulager la douleur dans n’importe quelle partie de la zone correspondante. En effet, les sections antérieure et postérieure de chaque zone du corps se recoupent aux extrémités des doigts et des orteils ; donc, en agissant sur ces extrémités, il est possible d’atteindre les parties antérieure et postérieure de l’organisme. La partie antérieure du corps est représentée sur le dos de la main et le dessus du pied, tandis que la partie postérieure l’est sur la paume et la plante du pied. Les côtés des doigts et des orteils, qui jouent eux aussi un rôle, sont reliés aux régions externes de chaque zone correspondante. On trouva que, dans certains cas, quand on exerçait une pression, la douleur dans la zone en cours de traitement augmentait, plutôt quelle ne diminuait. Plus tard, on expliqua ce fait comme l’indication qu’il existait dans la zone considérée une infection ou même un cor ou un cal, et qu’il fallait donc traiter la cause de ce problème avant de pouvoir obtenir une atténuation de la douleur par pression. Ceci impliquait l’éventuelle ablation du cor ou du cal, ou un traitement de la cause du problème, à l’aide de la thérapie par pression ; mais celle-ci entraînait une douleur plus grande jusqu’à rétablissement. Le Dr Fitzgerald décrivit par ailleurs l’existence, sur la langue, de dix zones longitudinales qui, ici encore, se divisaient en deux groupes selon une ligne médiane. Une pression exercée sur le dessus de la langue dans les différentes zones affectait la partie antérieure du corps. À l’inverse, une pression sur le dessous de la langue affectait les zones correspondantes de la partie postérieure de l’organisme.