Les comas diabétiques
Le diabète sucré se définit comme une augmentation anormale de la quantité d’un sucre précis (le glucose) dans le sang. Normalement, lorsque la glycémie (concentration de glucose dans le sang) augmente, le pancréas envoie de l’insuline dans le sang, et la glycémie revient à la normale. Chez les diabétiques, le pancréas ne parvient pas à fabriquer suffisamment d’insuline, ou bien cette insuline est rendue inefficace par les tissus graisseux qui la détruisent. Dans les cas extrêmes, le pancréas ne fabrique plus du tout d’insuline. Le traitement consiste, suivant les cas, à prescrire des médicaments qui augmentent l’efficacité de l’insuline fabriquée par le pancréas, ou à administrer directement l’insuline qui manque à l’organisme.
Le coma diabétique par manque d’insuline
Il ne survient que chez les diabétiques dont le pancréas ne fabrique plus du tout d’insuline et qui sont donc obligatoirement traités par l’insuline. À l’occasion d’une diminution ou d’un arrêt inconsidéré du traitement, ou encore à l’occasion d’un excès alimentaire, la quantité du sucre dans le sang s’élève beaucoup trop. La même chose peut se produire en cas d’infection accompagnée de fièvre, en cas de stress important, de grossesse et, bien entendu, si on ignore encore que le malade est diabétique et, par conséquent, qu’il n’est pas traité ! Comme la quantité de glucose s’élève dans le sang, une partie traverse le rein et gagne les urines, entraînant beaucoup d’eau. Le malade se met donc à uriner énormément (polyurie), ce qui entraîne une déshydratation (manque d’eau). L’organisme tente de compenser en augmentant la soif : le malade boit beaucoup (polydipsie) et mange aussi beaucoup (polyphagie). Mais toutes les cellules de l’organisme souffrent. Le malade se sent de plus en plus fatigué, il souffre parfois de nausées et de vomissement ou de douleur au ventre ; sa température baisse, il respire mal, et finit par somnoler avant de plonger dans un coma profond et calme : le coma acido-cétosique. Le diagnostic précis est malaisé. Il importe de savoir qu’une soif et une faim excessives, accompagnées de fréquentes envies d’uriner, sont des signes annonciateurs d’un coma diabétique, afin de consulter à temps un médecin. En cas de troubles modérés de la conscience, le repos assis ou semi-allongé est recommandé en attendant un avis médical, et en cas de coma, la position latérale de sécurité est essentielle. Le diagnostic médical repose sur la constatation d’une augmentation importante du taux de sucre (glucose) dans le sang (hyperglycémie), et de la présence d’acétone dans les urines. L’hospitalisation est urgente. Le traitement consiste à apporter au malade la quantité précise d’insuline dont il a besoin, mais aussi les liquides et divers éléments qui lui manquent (par exemple des bicarbonates), grâce à d’importantes perfusions. Si la respiration fonctionne trop mal, il est parfois nécessaire d’intuber le malade (d’introduire une sonde dans sa trachée) pour permettre une ventilation artificielle. L’ensemble de ce traitement complexe est généralement mené en réanimation.
Le manque de glucose peut aussi entraîner un coma
Une baisse importante de la quantité de glucose dans le sang (hypoglycémie) peut se produire dans de nombreuses circonstances. Soit parce que le malade a reçu une quantité trop importante d’insuline ou de médicaments antidiabétiques. Soit parce qu’il a dépensé plus de glucose qu’à l’ordinaire, en raison d’un effort physique inhabituel ou en raison d’une prise excessive de bois- sons alcoolisées. Soit encore parce qu’il a sauté ou retardé un repas. En l’absence de glucose, les cellules s’arrêtent rapidement de fonctionner, et en particulier les cellules les plus complexes et les plus fragiles de l’organisme : celles du cerveau. Si vous êtes près d’un diabétique au moment où apparaissent les symptômes de l’hypoglycémie, dépêchez-vous de lui faire manger ou de lui faire boire quelque chose de sucré. L’idéal est évidemment du glucose, et beaucoup de diabétiques en transportent avec eux, sous forme de tablettes à croquer ou de boisson. Le fait d’apporter à temps une quantité suffisante de glucose (plus quelques autres aliments, comme des biscottes) suffit à écarter le risque de coma hypoglycémique et à ramener l’état apparent de l’organisme proche de la normale. Dans le cas contraire, le malade va devenir rapidement somnolent, puis sombrer dans le coma. Dans ce dernier cas, allongez sans hésiter le malade en position latérale de sécurité et appelez, ou faites appeler, d’urgence un médecin ou les pompiers. Le diagnostic est assez facile pour le médecin, qui pourra tenter de faire remonter la glycémie (pour sortir le malade du coma) par une injection ou une brève perfusion. En cas d’échec, une hospitalisation urgente est indispensable.
Trois comas par erreur de régime
On ne dira jamais assez que le régime alimentaire est un élément indispensable du traitement du diabète. Certaines erreurs de régime (et donc de traitement) peuvent conduire tout droit à deux types de comas : le coma dit «hyperosmolaire» et le coma dit «par acidose lactique». En voici quelques exemples. Monsieur Durant doit être traité par insuline et suivre (obligatoirement) un régime précis. Si le traitement est mal adapté (erreur de régime, dosage trop faible d’insuline, petite infection, etc.), la glycémie augmentera Monsieur Durant doit se faire de petites piqûres au bout du doigt tous les jours, pour contrôler sa glycémie et adapter en fonction de sontaux le régime à la situation. Mais il ne le fait pas. En l’absence de correction, l’hyperglycémie persiste et entraîne une augmentation de la quantité des urines. Le malade urine à présent jusqu’à 15 litres par jour. Il se déshydrate à vue d’œil et ses yeux s’enfoncent dans ses orbites cernées. Il devient irritable, puis somnolent. Finalement, la déshydratation provoque un coma «hyperosmolaire» profond, qui impose une hospitalisation en réanimation. Madame Dubois et madame Michel sont, quant à elles, toutes deux un peu âgées et bien en chair. Elles souffrent d’un «petit diabète» qui ne les inquiète guère. Le médecin leur a prescrit un régime (qu’elles ne suivent pas vraiment) et un traitement : des comprimés à avaler. Dans le cas de madame Dubois, ils appartiennent à la famille des sulfamides hypoglycémiants. Au fil des mois, comme elle mange toujours un peu trop, sa glycémie est remontée. Aussi, madame Dubois a pris un peu plus de comprimés, tout en continuant ses excès de table. Mais lorsque la glycémie monte trop, les comprimés deviennent non seulement inefficaces, mais nuisibles. Il a fini par lui arriver la même chose qu’à monsieur Durand : une déshydratation et un coma hyperosmolaire grave. Madame Michel, pour sa part, prend des comprimés hypoglycémiants de l’autre famille (il n’y en a que deux) : des biguanides. Elle aussi s’écarte régulièrement de son régime, et son médecin a augmenté la dose de ses médicaments. Mais avec l’âge, son organisme ne les élimine pas très bien. Il suffit alors d’un incident pour déséquilibrer gravement le diabète de madame Michel. Elle peut, par exemple, souffrir d’une petite infection respiratoire. Ou bien elle doit déménager et est obligée de faire plus d’efforts physiques qu’à l’ordinaire. Ou elle va à la plage et est victime d’un coup de chaleur. Ou encore elle se tord la cheville et doit avoir la jambe plâtrée, etc. Tous ces événements peuvent aboutir à un petit manque d’oxygène dans le sang (surtout chez une personne un peu forte). Et c’est l’engrenage : l’excès de glucose et le manque d’oxygène, plus un petit surdosage en médicaments, et le corps de madame Michel se met à transformer le glucose en acide lactique. Elle est alors prise de crampes, de douleurs diffuses, de maux de ventre, de diarrhée et de vomissements. Elle est énervée et s’agite dans la maison. Enfin, elle commence à somnoler, sa respiration s’accélère bizarrement et elle tombe dans un coma d’acidose lactique profond. Il faut l’hospitaliser au plus vite en réanimation.