Le point d'acupuncture
Définition traditionnelle
Dès l’âge de la pierre en Chine (c’est-à-dire 10 000 à 4 000 années avant J.-C.) (3), les médecins avaient découvert au niveau de la peau et des muscles l’existence de points douloureux. Une deuxième constatation était faite parallèlement : la pression ou la piqûre de ces points douloureux soulageaient le patient.
C’est ainsi qu’au cours de milliers d’années de pratique médicale quotidienne ont été répertoriés plus de 300 points réflexes.
A cette époque, seuls les points étaient connus, les notions de méridiens, d’énergies, etc. n’avaient pas encore été élaborées.
A cette époque les points furent appelés :
- Bian
- Jiu
- Shu
Bian signifie : soigner au moyen de poinçons de pierre ;
- Jiu : cautériser (c’est-à-dire chauffer) ;
- Shu : point.
Si pendant toute une époque les praticiens se sont contentés de traiter les points trouvés, lentement est apparu le besoin de théoriser, de systématiser la pratique. C’est ainsi que sont nées les notions d’énergie, de méridiens et l’ensemble des lois de la physiopathologie de l’acupuncture. Dans le premier ouvrage d’acupuncture qu’on ait pu retrouver, le Huangdi Nei Jing, les points d’acupuncture sont appelés :
- Mai Gi Suo Fa : source de l’énergie
- Gi Xue : trou d’énergie
Le point porte alors un nom qui désigne sa fonction présumée et qui inclut dans sa définition le progrès théorique fait.
Définition contemporaine
Les praticiens européens et surtout les praticiens français ont essayé d’objectiver la réalité supposée des points d’acupuncture.
Deux hypothèses principales ont été avancées :
1) L’hypothèse anatomique
Les points d’acupuncture ont des structures microscopiques qui leur sont caractéristiques. Ceci implique que le point existe vraiment.
2) L’hypothèse électrique
Le point d’acupuncture est un point de moindre résistance au passage du courant électrique.
Pour objectiver cette moindre résistance supposée au passage de courants électriques des points d’acupuncture, on a construit des « détecteurs de points >; Ces appareils, assez nombreux sur le marché, ce qui prouve le succès que la thèse a recueilli, débitent des courants continus de quelques mV et quelques mA.
Pratiquement : on promène l’électrode dans une région où l’on sait que se trouve un point d’acupuncture. A un certain moment, on détecte en effet une zone de 1 mm2 où le courant passe, alors que tout juste à côté il ne passe pas. Le passage du courant déclenche un signal sonore et le praticien dit au patient aussi interrogatif qu’admiratif : c’est le point !
Avis de l’institut de Shangaï
Concernant l’hypothèse anatomique
Les recherches actuelles sont essentiellement destinées à expliquer les relations existant entre les points et certains constituants anatomiques. Autrement dit : aucun état n’est fait de la découverte de structures anatomiques propres aux points ; on s’attache seulement à souligner leur proximité des réseaux nerveux, vasculaires et lymphatiques. D’autres publications scientifiques chinoises rapportées au symposium de Pékin de 1979 signalent n’avoir découvert aucune structure spécifique sous les points d’acupuncture.
ton général semble être celui de scepticisme concernant la valeur des différentes théories électriques.
Il y est écrit : « du fait que les phénomènes électriques observés au niveau des points d’acupuncture et des méridiens ne sont pas identiques, les chercheurs chinois ont des opinions différentes » .
Il semble ainsi que malgré l’attachement des différents auteurs chinois à la notion de point (et de méridien), se dessine une tendance à considérer le point comme une zone réflexe sans caractéristiques anatomiques propres. Ceci n’empêche pas le fait que les points soient situés pour un certain nombre à proximité de ramifications nerveuses importantes.
4. Avis de l’auteur
Les hypothèses anatomiques et électriques impliquent non seulement que le point d’acupuncture existe réellement, mais de plus qu’il a une superficie de ± 1 mm2 (la superficie de l’électrode).
Ceci est peu vraisemblable car les Chinois eux-mêmes n’ont jamais pu définir les points d’acupuncture avec une précision aussi grande, ils n’avaient d’ailleurs pas de détecteur électrique à l’époque de la rédaction du Nei Jing.
Donnons quelques exemples de description anatomique de points :
1) GI.l : (gros intestin 1)
Localisation : à ± 2 mm en arrière de la racine de l’ongle de l’index, du côté du pouce.
La description de l’emplacement du 1er point du méridien du cœur est, elle, plus vague :
2) C.I. (cœur 1)
Localisation : le bras levé, il est situé au centre du creux de l’aisselle.
Quant à la description de la localisation du 30e point du méridien de la vésicule biliaire, elle diffère d’un manuel chinois à un autre :
3) VB. 30 :
- D’après le « Précis d’acupuncture chinoise » de l’académie de Médecine chinoise de Pékin, le point se trouve au tiers externe de la ligne unissant le sommet du grand trochanter à l’hiatus du canal sacré (le patient est couché sur le côté).
- D’après un autre ouvrage chinois dont la planche est reprise dans le livre du docteur Lebarbier, « L’acupuncture pratique », le 30 VB se trouve sur le sommet du grand trochanter (le patient est également couché sur le côté).
Ainsi, si la description du GI. 1 est précise, celle du C. 1 l’est moins et quant à celles du VB. 30, elles varient nettement.
Or, dans la pratique, les 2 localisations données du 30 VB sont opérationnelles car le point d’acupuncture est en fait une petite zone de revêtement cutané plutôt qu’une zone réellement punctiforme. Plutôt qu’une structure réelle il s’agit d’une zone de référence, d’un territoire nerveux à stimuler, territoire qui, lui, est bien précis.
Dans la pratique, rares sont les acupuncteurs qui déterminent l’emplacement des aiguilles avec une précision de 1 mm2.
Ils ne le font pas car c’est en réalité fastidieux et par ailleurs inutile.
Il faut cependant bien comprendre que si le point d’acupuncture n’est probablement pas aussi précis qu’l mm, le territoire nerveux à stimuler est, lui, bien délimité.
Quelle serait donc la réalité des points ?
Même ceux qui pensent que les points d’acupuncture n’existent pas, passent leur temps à les utiliser !
Comment justifier cette attitude paradoxale ?
1° Le point n’existe pas, mais la zone dans laquelle il est supposé se trouver est bel et bien une zone réflexogène.
2° Si le point n’a pas d’existence réelle, il peut avoir cependant une existence conventionnelle : il n’existe pas, mais on fait « comme si » car on a besoin du support théorique des lois de l’acupuncture pour savoir où disposer les aiguilles. La neurologie moderne, même si elle commence à mettre à jour les mécanismes d’action de l’acupuncture, est toujours incapable d’indiquer les zones du corps à puncture.
3° C’est une façon commode de définir les zones de la peau qu’il faut piquer. Il faudrait sinon à chaque fois repréciser les repères anatomiques (ou les territoires nerveux) à stimuler !