L'âge auquel parler « pilule »
Pilule ou pas pilule à l’adolescence ? Les règles arrivent , la jeune fille est donc fécondable. Et il faut prévoir l’éventualité des rapports sexuels. J’ai vu de nombreux cas de ces fameuses mamans qui se croient les « copines » de leur enfant et s’imaginent qu’elle ne leur cache rien. Donc pas de confidences, pas de risques. Mais la réalité est généralement tout autre.
Ces mères se tranquillisent : « Moi, quand ma fille voudra la pilule, elle la prendra et je la lui donnerai. » Malheureusement, j’ai dans ma clientèle des exemples précis où une jeune fille se trouve enceinte et où la maman, qui pense que son enfant aurait dû le lui dire, s’estime trahie. Très souvent même, l’enfant, copine de la maman, fera des fausses couches ou des accidents dramatiques, sans que sa mère en soit avisée.
Dans nombre de mes consultations, la mère vient .ivec l’enfant : «deux amies». La maman veut assister, à la consultation mais, quand j’arrive à rester seul liente secondes avec la petite jeune fille dans mon cabinet d’examen, j’apprends souvent des drames.
Dans tous les milieux, ces mères « à la page » se trompent totalement sur cette intimité.
Voici comment il est possible de résoudre le problème. On sait qu’une jeune fille, même très amie avec sa mère, peut ne pas souhaiter lui dire qu’elle a passé le pas. La formule, puisque la mère est évoluée, ce n’est pas de dire à sa fille de prendre la pilule, car alors elle la pousse un peu vers un certain «gouffre», ou en tout cas vers un événement qui n’est pas indispensable.
II faut que cette maman la propose de façon que sa fille puisse la prendre sans avoir à le lui dire. On peut suggéer à la mère d’acheter une boîte de trois plaquettes île pilules, et de la montrer à sa fille avant de la ranger,
par exemple, dans la bibliothèque; mais surtout, de ne pas lui demander ensuite si elle l’a prise. En cas de besoin, la fille n’aura pas à passer par les confidences: « Maman ça y est, tu veux bien me donner cette pilule, puisque tu es ma grande copine ? »
Si la mère apprend un jour qu’elle l’utilise, tant mieux ou tant pis… De toute façon, si vous êtes vraiment intimes, votre fille voudra peut-être se confier à vous; sinon, elle trouvera toujours des moyens de dissimuler sa vie personnelle.
Physiologiquement, est-ce mauvais d’interrompre le cycle à quinze ans? Peut-être; mais il vaut encore mieux prendre la pilule à quinze ou seize ans que de faire une fausse couche.
Les autres moyens anticonceptionnels sont bien difficiles à employer. La petite jeune fille qui devient femme n’est pas armée, et il n’y a rien pour elle à part la pilule. Si elle est vierge, elle ne peut pas utiliser de contraceptifs locaux – et faire l’amour la première fois avec un préservatif, sans tendresse particulière, ce n’est pas l’idéal; en outre, le partenaire ne sera peut-être pas d’accord, et il faudra le convaincre. Au point de vue de la sensibilité, ce n’est pas l’idéal non plus – et on ne sait jamais comment ça se passe la première fois.
Ce qui est terrible, c’est l’acte sexuel pratiqué brutalement, sans caresses, sans tendresse, de façon inattendue ; et, lorsque la jeune personne est culpabilisée, cela donne de futures femmes frigides. À tant faire, autant le faire, tranquillement, et donc prendre la pilule.
Donc premier point: la maman parle pilule à sa fille et lui dit: « Prends-la quand tu veux, et tu me le dis uniquement si tu veux, mais tu dois bien savoir que les premiers rapports sexuels sont très importants. Il ne faut pas en avoir pour imiter ses camarades; en revanche, si cela arrive, ne culpabilise pas mortellement.
On doit connaître la valeur de l’acte et, la première fois, l’accomplir avec un minimum de tendresse, d’amour, de précaution, de préférence sans violence, avec accord réciproque. Ce sera d’autant mieux que la jeune fille sait qu’elle peut être à l’abri, bien réfléchir auparavant et prendre toutes les précautions pour que cette première fois reste une grande et belle chose, dans des conditions idéales. Mais être bousculée, à moitié violée, et avec le risque d’être enceinte, c’est dramatique. Même s’il ne s’agit pas de son futur mari, que ce soit au moins avec un homme qui lui plaise.
Il existe aussi l’exemple inverse (j’ai vu plus de cinquante cas) de filles qui décident que tel soir, à telle surboum, elles franchiront le pas. Si elles ont une âme « moderne», une âme cynique, on ne peut pas changer ce qui a toujours eu lieu; c’est un peu plus précoce, un peu plus facile aujourd’hui, c’est tout.
Dans tous les cas, il faut « sortir couverts », car atten- lion au sida, savoir se protéger, le préservatif étant actuellement, hélas, le seul moyen préventif efficace connu à ce jour. En ce qui concerne la contraception pour les couples fidèles, la pilule représente le moyen le plus sûr.
En résumé, au point de vue de la santé, les pilules ne sont pas toujours très bonnes mais se rapprochent tout de même de la physiologie. Bien choisies, bien adaptées, bien compensées, c’est une bonne solution.
Cela n’exclut en rien le préservatif, seule garantie antisida en cas de nouveau partenaire, lequel, aussi bien soit-il, peut toujours être porteur de la maladie, parfois même à son insu (ce qui est souvent le cas). Bien sûr, l’idéal est la femme qui sait se garder pour l’homme qu’elle aimera vraiment.
Quant au partenaire, il se comporte souvent selon la taille. On ne fait pas l’amour de la même façon à deux filles différentes qui ont des réactions différentes. Si elle-même est intelligente, si elle se respecte, si elle est douce, tendre, si elle demande de la tendresse, on lui offrira ce dont elle a besoin. Si elle est un peu sotte, réticente – les grands « non, non », c’est mauvais pour tout le monde. c’est vaut mieux le « non, peut-être», glissant vers le « peut-être », et qu’avec le « peut-être » elle accepte vraiment en demandant que ce soit réussi pour la première fois.
Beaucoup ne disent pas au partenaire qu’elles sont vierges. Et tout se passe n’importe comment, parce que le partenaire croyait que c’était une fois parmi d’autres. Que cette première fois garde donc une grande importance, même si l’acte lui-même doit être démythifié quant à la culpabilisation.