La fatigue : Pour gérer sa charge bioénergétique
Une journée de travail est-elle assimilable à un effort sportif ?
Dans la vie courante, on emploie souvent le terme de compétition pour le milieu professionnel ou le monde des affaires, de la même manière que l’on parle de compétition en matière de sport.
Sur le plan de la fatigue, on peut dire que la journée du citadin est assimilable à un effort sportif de bas niveau et de longue durée, avec sa part de fatigue physique et de stress compétitif.
« Gérer sa charge bioénergétique » revient alors à gérer une course de moyenne ou longue durée, un cross par exemple, avec ses contraintes physiques et sa tactique à déterminer pour pouvoir passer les obstacles, doubler les concurrents et, sinon terminer en tête, du moins passer la ligne d’arrivée..
Vous retrouverez donc souvent dans ce chapitre des comparaisons avec il sport qui vous permettront, pratiquant ou non, de bien mettre en place vos idées : les sportifs apprennent et savent gérer leur charge bioénergétique, ce qui leur vaut d’être appréciés dans le monde des affaires lors de leur reconversion ; pourquoi ne pas profiter de leur expérience?
Comment définir un objectif clair et réaliste ?
Choisir son objectif, c’est déterminer son créneau : si vous avez une morphologie de sprinter, ne cherchez pas à courir le 10 000 m, et ne tentez pas davantage la vitesse si vous êtes bâti pour le fond. Dans la vie courante, de la même manière, entraînez-vous progressivement : vous ne pourrez pas faire le meilleur temps et/ou la meilleure distance immédiatement.
Si vous « courez » après un objectif ou un plan irréalisable en soi ou inadapté à votre personnalité, vous créez une chimère ou un monstre : la chimère c’est la réalisation de votre projet, le monstre c’est vous ; donc :
- sur le plan qualitatif, l’objectif doit correspondre à vos capacités réelles et aboutir à votre épanouissement. N’essayez pas un métier physique ou manuel si vous êtes intellectuel… ou alors n’en faites qu’un hobby. Ne vous lancez pas dans des études de comptabilité si vous êtes littéraire, et inversement. Chacun a son type d’intelligence, ne pas tenir compte de cette évidence c’est courir à la fatigue et à la chute ;
sur le plan quantitatif, aussi bien en matière de travail fourni qu’en matière de temps (les délais impartis), fixez-vous des objectifs plutôt en dessous de vos possibilités. Si vous allez au-delà, tout ce qui sera fait en plus sera du bonus. Par contre, si vous mettez la barre trop haut, vous courez droit à la frustration.
Dernier conseil : une fois votre objectif déterminé, n’essayez pas tout de suite de faire quelque chose de définitif ou de « parfait » ; envisagez plutôt une première esquisse ou une première approche que vous pourrez améliorer par la suite. Psychologiquement, cela facilite le franchissement du premier pas ; il faut savoir assumer son imperfection pour pouvoir progresser.
Comment aller à l’essentiel ?
Sur le plan sportif, c’est étudier son terrain ou son parcours : repérer les passages les plus faciles et ceux qui vont poser problème. Bref, établir une tactique de course, puisque l’on parle d’un cross.
C’est aussi adopter le principe de l’ergonomie : le moins d’efforts possible pour le meilleur résultat. Pas trop de dépenses énergétiques pour les portions faciles, en garder plus pour les portions plus délicates : voilà comment gérer l’effort sur la durée, en trouvant le raccourci ou le trajet le plus court (dans les limites du parcours imposé), l’endroit où l’obstacle est le plus facile à franchir.
Aller à l’essentiel, c’est aussi faire ressortir cet essentiel, savoir jouer le coup important, le coup gagnant. J’ai connu des étudiants qui travaillaient quinze heures par jour et qui rataient les examens parce qu’ils ne savaient pas faire ressortir l’essentiel de ce qu’il leur fallait retenir. Savoir, dans un texte, faire ressortir les mots ou les phrases importantes fait gagner beaucoup de temps et d’énergie.
Devant une somme de travail donné, faites le tri, essayez d’abord de faire ressortir les points sur lesquels votre effort doit se porter avec le plus de rentabilité. Pour le reste : reportez ou déléguez !
Sachez aussi dire non à certaines contraintes inutiles et facultatives.
Comment marcher à l’économie ?
C’est adapter, ajuster l’effort à la dépense. Même si on a choisi le trajet le plus court et l’obstacle le plus simple, il y a un certain effort à fournir pour vaincre l’un et l’autre.
Prenons l’exemple d’un coureur de 110 m haies. Il part au pas de course pour, à chaque barrière, augmenter son effort en faisant une sorte de foulée géante ; puis, tout de suite après, il reprend le pas de course. Peut-on imaginer un tel coureur qui parcourrait les 110 m uniquement en foulées géantes ? Bien sûr que non, et pourtant c’est souvent ce que nous faisons : dans la journée, nous avons des périodes de surcharge de travail et des périodes de rythme normal. Or, la plupart du temps, notre rythme de dépense énergétique est celui de la surcharge de travail, parce qu’avant nous y pensons déjà, parce qu’après nous y pensons encore ou parce que nous pensons déjà à la surcharge suivante, en oubliant de revenir au rythme normal.
Nous devons en fait ne pas nous demander si nous pourrons ralentir entre deux surcharges de travail, mais nous demander à quel moment nous devrons temporairement accélérer le rythme normal de travail pour faire un effort particulier. Nous devons apprendre, comme les sportifs, à pratiquer le relâchement dans l’action ; chacun sait que, dans une course, il est plus facile d’accélérer temporairement que de décélérer pour revenir au rythme précédent. C’est l’état d’esprit que vous devez acquérir pour marcher à l’économie… et éviter la fatigue.
Faut-il varier le type d’effort ?
Cela revient à gérer la multiplicité des types d’effort sportif (endurance, résistance, puissance, bio-informatif) et les groupes musculaires concernés (membres supérieurs, membres inférieurs, tronc, totalité du corps). Les sportifs savent faire cela dans les épreuves combinées (triathlon, heptathlon, etc.) en alternant course de fond, nage, course cycliste, etc., pouvant aller de l’effort physique intense jusqu’à la concentration mentale maximale, dans le biathlon nordique par exemple (ski de fond et tir à la carabine).
Ce type d’épreuves permet de varier la dépense et de l’économiser en la diversifiant.
La plupart du temps, malheureusement, nous pratiquons un seul type d’activité jusqu’à épuisement pour ensuite essayer de passer difficilement à un autre type. On pourrait pourtant alterner la partie physique et la partie psychologique d’une activité ou bien la partie organisation puis création, avec des activités de rangements ou de mise à jour de notes par exemple.
En variant, on va plus loin, plus longtemps, avec moins de fatigue.
Peut-on définir un plan de récupération ?
Les sportifs savent bien se décontracter entre deux épreuves fractionnées ou deux phases de jeu et en profiter pour récupérer physiquement et psychologiquement.
Dans le même ordre d’idée, lors d’une épreuve de longue durée, ils préparent un plan d’hydratation : boire telle quantité à tel intervalle de temps écoulé ou de distance parcourue. Le fait de boire précède le fait d’avoir soif et évite ainsi la déshydratation.
L’organisation de sa santé, donc du repos et du travail, devrait être équilibrée. Malheureusement, le plus souvent, on fait un plan de travail et on omet son plan de récupération. Nous devrions préparer un plan quotidien de récupération, de manière que cette dernière précède la fatigue. Le sommeil ne viendrait alors que comme un complément de récupération, au lieu de continuer notre activité jusqu’à épuisement, avec un sommeil insuffisant en durée ou non récupérateur.
Peut-on se mettre à volonté »en veilleuse »?
Peut-on périodiquement et temporairement se mettre « en veilleuse » ou en « stand by » comme une télévision ou un ordinateur ? Certains en sont capables.
De la même manière qu’il existe pendant le sommeil des périodes de sommeil profond ou léger, il existe pendant la veille des périodes où le cerveau a tendance à se mettre en rythme de relaxation (ondes alpha).
Il suffit de mettre ces périodes à profit pour les transformer en périodes de recharge bioénergétique, véritables « siestes actives ».
En position de relaxation, ou simplement dans un fauteuil, il est possible avec un certain entraînement de se placer en marge des événements extérieurs, d’atteinte un stade de demi-sommeil ou de rêve éveillé peu différent du sommeil léger dit réparateur.
Dix à quinze minutes de cet état suffisent à rafraîchir l’esprit, le tonus de fin de journée étant alors peu différent de celui du début. Cette habitude n’est pas toujours facile à acquérir, mais pour peu qu’on puisse s’y essayer, le jeu en vaut largement la chandelle.
La recharge pranique des yogin est-elle utile?
Cette technique est surtout utile dans les cas de fatigue physique. Elle est dérivée des exercices respiratoires du yoga et se pratique donc sur un cycle respiratoire.
Là encore en position de relaxation optimale, vous devez imaginez que votre nez absorbe la bioénergie brute contenue dans l’air ambiant, sous forme d’une vapeur bleue par exemple.
Lors de la rétention inspiratoire, vous allez concentrer cette énergie dans une zone située entre l’estomac et le nombril et imaginer qu’elle devient verte. Lors de l’expiration, vous imaginez que vous envoyez cette énergie, qui devient jaune, dans toutes les parties de votre corps pour les régénérer.
Cette technique, comme celle de la « purification » du cerveau qui va suivre, se rapproche de la visualisation intérieure et agit par le biais du système circulatoire et neurovégétatif. Sa répétition sur plusieurs cycles respiratoires, plusieurs fois dans la journée, va compenser la perte de charge bioénergétique due à la fatigue.
Qu’est-ce que la « purification » du cerveau ?
Cette technique est surtout utile pour la fatigue psychologique. Elle dérive des exercices respiratoires de la médecine chinoise taoïste et est réglée sur un rythme respiratoire.
Assis confortablement dans un fauteuil et isolé du monde extérieur, lors d’une inspiration, vous allez imaginer que l’air que vous inspirez par le nez pénètre dans votre crâne sous la forme d’une vapeur qui va le remplir petit à petit ; pendant une courte pause respiratoire, vous imaginez cette vapeur nettoyant le cerveau de toutes ses pensées de stress ou négatives. Pendant l’expiration, vous imaginez cette vapeur ressortant par vos narines, entraînant vos soucis et mauvaises pensées et laissant place dans votre crâne à une couleur d’un beau ciel bleu. Vous pouvez répéter cette manœuvre pendant plusieurs cycles respiratoires. Pratiquée régulièrement, elle va vous aider à vous débarrasser plus facilement de votre anxiété, de votre stress ou de vos pensées négatives en pratiquant un « lavage de cerveau » au sens figuré.
Faut-il définir un nouvel art de vivre anti-fatigue ?
À l’aube du troisième millénaire, faut-il, à l’instar du docteur Pierre Vacher à la fin de son livre La Pensée qui guérit (Grasset), définir un nouvel art de vivre ? Lui n’hésite pas à le faire et l’appelle « l’Euphorisme », le définissant comme « un nouvel art de vivre, combinant l’hygiène du corps avec l’hygiène alimentaire et le sérum moral, pour le plein épanouissement de l’individu dans toute sa personnalité ».
Il y a fort à parier qu’une telle vision des choses puisse permettre de lutter efficacement contre les quatre types de fatigues :
- fatigue-signal, en pratiquant un équilibre raisonnable et en étant à l’écoute de son corps et de ses réactions ;
- fatigue d’environnement, en modifiant, comme nous l’avons vu, son mode de vie et son environnement ;
- fatigue de tempérament, en changeant sa manière de voir et en adoptant une philosophie de l’existence ;
- enfin, fatigue-maladie, puisqu’il est évident que l’adoption des trois principes précédents permettra de stimuler les défenses de l’organisme et d’éviter bon nombre d’ennuis de santé.
N’hésitez donc pas à adopter « l’Euphorisme » qui, comme le précise son créateur, n’est pas « la béate contemplation, ni la fuite devant les responsabilités. Il est, au contraire, action et décision. Le bonheur qu’il détient ne doit pas être attendu du ciel, comme la manne du désert, mais conquis par la lutte contre les mauvais instincts, le renoncement, la paresse, par la bataille à mener contre soi car nous sommes notre pire ennemi dans ce domaine ».