La diminution des crises de sevrage
Lorsqu’un morphinomane désire arrêter le cercle vicieux dans lequel il est enfermé, il doit faire face au problème posé par la crise de sevrage.
Celle-ci a une composante somatique : des spasmes muscu- laires abdominaux et généralisés, un « mal-être » très pro- fond. A ces malaises physiques est associée beaucoup d’anxiété.
Si le problème fondamental du toxicomane est d’ordre affectif, il n’en est pas moins vrai que la crise de sevrage est extrêmement pénible. Elle est nettement plus pénible que celle qui suit un sevrage en tabac. Quand on voit comme il est difficile de se priver de tabac, on peut imaginer quel effort est nécessaire dans l’arrêt de la prise de morphiniques.
Aussi, une technique réduisant les symptômes de la crise de sevrage est la bienvenue.
Suite vraisemblablement aux découvertes de Nogier , Wen a pensé à stimuler certains points du pavillon de l’oreille afin de diminuer l’importance de la crise de sevrage.
Ses travaux ont été repris et confirmés par l’équipe de Vicky Clement-Jones qui a de plus abordé le problème du point de vue des endorphines.
Ces auteurs constatent que l’électro-acupuncture, quand elle réussit à diminuer la crise de sevrage, entraîne une augmentation du taux des met-enképhalines au niveau du liquide céphalo- rachidien. Il n’y a cependant pas de variations du taux des met-enképhalines au niveau sanguin (les met-enképhalines font partie du groupe des endorphines).
L’électro-acupuncture ne modifie pas non plus le taux des 13- endorphines.
Commentaires
Les mécanismes engendrant la toxicomanie aux opiacés (c’est- à-dire à la morphine et à l’héroïne) ne sont que peu compris. Certains ont suggéré que l’apport chronique de substances opiacées à l’organisme conduit à la suppression de la production propre de l’organisme en substances opiacées . Ainsi, les symptômes de sevrage des héroïnomanes seraient ceux causés par une chute brutale du taux des endorphines normalement sécrétées par le cerveau et indispensables à l’équilibre de l’organisme.
En relançant la sécrétion des endorphines, l’acupuncture permettrait au toxicomane sevré de retrouver rapidement un taux d’endorphines compatible avec le fonctionnement normal du corps.
Lorsqu’on traite les crises de sevrage des héroïnomanes, on stimule la production des met-enképhalines.
Ces constatations sont intéressantes car elles nous prouvent que l’acupuncture exerce un effet bien réel et chiffrable au niveau du cerveau lui-même.
Les travaux sur les endorphines sont déjà très nombreux et très sophistiqués. Leur complexité dépasse l’objet de ce livre.
Il semble bien que les nombreuses découvertes qui restent à faire nous éclaireront davantage sur le mode d’action de l’acupuncture.